Cette étude de l’Université du Minnesota contribue à expliquer le caractère préventif et protecteur de l’aspirine contre de nombreux cancers, déjà documenté par de très nombreuses études. Les conclusions présentées dans la revue EBioMedicine décrivent son effet de normalisation de l’expression d’une protéine, EGFR, impliquée dans le développement des lésions précancéreuses gastro-intestinales.
S’il faut rappeler les effets secondaires possibles de l’aspirine, tels que les ulcères et les saignements de l’estomac, de très nombreuses études ont déjà documenté son caractère protecteur en prophylaxie sur le risque de cancer. Une récente étude internationale publiées dans les Annals of Oncology avait confirmé ce bénéfice et précisé la réduction du risque chez les personnes âgées de 50 à 65 ans, qui prennent de l’aspirine tous les jours depuis 10 ans, et sur un suivi de 15 ans soit,
· une diminution relative comprise entre 7% (femmes) et 9% (hommes) du risque de cancer, sur une période de 15 ans,
· une réduction relative de 4% du risque de décès sur une période de 20 ans.
· Cancer colorectal : réduction de 30% de l’incidence et de 35% du taux de décès,
· cancer de l’œsophage : réduction de 25% de l’incidence et de 45% du taux de décès,
· cancer de l’estomac : réduction de 25% de l’incidence et de 30% du taux de décès,
· cancer du poumon : pas de réduction de l’incidence mais réduction de 10% du taux de décès,
· cancer de la prostate : réduction de 5% de l’incidence et de 10% du taux de décès,
· cancer du sein : réduction de 5% de l’incidence mais aucune réduction de la mortalité.
Cette nouvelle étude décrypte le mécanisme sous-jacent à ce caractère préventif et protecteur.
L’étude montre que l’aspirine exercer son activité préventive contre le cancer colorectal, au moins partiellement, par la normalisation de l’expression EGFR, une protéine surexprimée dans environ 80% des cas de cancer colorectal. Sur des échantillons de tissus provenant de patients atteints de polypose adénomateuse familiale (PAF), une affection héréditaire caractérisée par le développement d’adénomes du rectum ou du côlon, utilisateurs réguliers ou non d’aspirine, les chercheurs décryptent le rôle associé d’EGFR et d’une enzyme, COX2, déjà associée à la douleur et à l’inflammation. Ce processus repose sur une association fonctionnelle jusque-là inconnue entre EGFR et COX-2, pendant la période de développement du cancer colorectal. Les chercheurs constatent que COX-2 conduit à la formation de tumeurs, ou du moins y participe, en cas de niveaux élevés de l’EGFR. Ils suggèrent ainsi que l’EGFR pourrait être une nouvelle cible pour la prévention du cancer colorectal.
L’auteur principal, le Dr Dong Zigang de l’Institut Hormel de l’Université du Minnesota résume : » Nous avons constaté que la surexpression de l’EGFR est un événement précoce dans la formation du cancer colorectal qui peut être considérablement réduit par la prise régulière d’aspirine « . L’équipe estime néanmoins que d’autres recherches restent nécessaires pour cerner complètement les effets de l’aspirine dans les différents types de cancers. Un commentaire (2), rédigé dans la même édition par d’autres experts rappelle cependant que l’accumulation de données d’essais cliniques randomisés incite aujourd’hui à examiner le rôle potentiel de l’utilisation quotidienne d’aspirine dans la prévention du cancer colorectal et éventuellement d’autres types de cancer.
Sources: EBioMedicine 28 March, 2015
(1) doi:10.1016/j.ebiom.2015.03.019 Aspirin Prevents Colorectal Cancer by Normalizing EGFR Expression
(2) doi:10.1016/j.ebiom.2015.04.013 COX-2 and EGFR: partners in crime split by aspirin
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