La Corse pionnière du droit de vote des femmes en 1755...

Publié le 04 mai 2015 par Micheltabanou
La question du Droit des femmes et de l'égalité ne sont pas issus essentiellement de revendications du XXeme siècle mais assurément d'une succession de prises de consciences sociales et philosophiques en des siècles où des obscurantismes sociaux et religieux régissaient les nations et les états. Je voudrais aujourd'hui mettre en lumière une avancée considérable qui sera vite étouffée mais qui dans l'histoire de notre humanité récente est sans aucun doute le fondement de cette notion de droit et d'égalité. Faisons travailler la machine à remonter le temps pour nous arrêter en 1755. En1755, la Constitution de l'Etat corse accordait le droit de vote aux femmes! Voyez vous si les femmes Françaises votent pour la première fois à l'occasion des élections municipales du 29 avril 1945, l'Histoire retient aussi que Pascal Paoli, lors de la rédaction de la Constitution corse, accordait déjà le droit à l'expression civique aux femmes corses, près de deux siècles auparavant.
On peux se féliciter sur l'exemplarité historique de la France patrie initiatrice des droits de l'homme mais en l'espèce évitons nous de fanfaronner et d'auto-satisfaire! Et l'exemple corse est édifiant tant par la nature qu'il développait constitutionnellement que par la suppression par la France de cette exemplarité. La Constitution corse de 1755 fit de la Corse la première république démocratique moderne d'Europe. Basée sur la séparation des pouvoirs et le suffrage universel, elle fut en vigueur de 1755 à 1769, année où la Corse devient française.
C'est en novembre 1755, que Pascal Paoli proclama la Corse nation souveraine et indépendante de la République de Gênes. Il rédige la Constitution corse qui reconnaît le droit de vote aux personnes de plus de 25 ans, dont les femmes (veuves ou célibataires), chargées d'élire, au niveau des Consultes communales, les délégués de la Diète.
La Corse est ainsi une des premières nations du monde (avec la Suède à partir de 1708) à considérer la femme comme citoyenne, pendant quatorze ans, avant que la Corse ne devienne française.
Le droit de vote en France fut dans un premier temps réservé aux propriétaires de sexe masculin. On estimait que la dépendance économique des femmes les empêchait d'exercer un choix libre. Ainsi, sous l'Ancien régime, seules les veuves dotées d'un fief et les mères abbesses pouvaient élire leurs représentants aux États généraux.
Quelle régression et surtout quel temps perdu jusqu'en 1945 malgré des Olympe de Gouges et des Louise Michel!
À la Révolution, les femmes étant considérées comme "citoyens passifs" et exclues du droit de vote. Exclusion maintenue par la Constitution de 1791. Le code civil de 1804 leur donnait certes des droits civils mais leur refusait la citoyenneté politique.
Dès lors, bien que la France ait été l'un des premiers pays à instaurer le suffrage universel masculin, il faudra un long processus pour que ce droit soit étendu aux femmes.
Ce sera fait dans l'ordonnance du 21 avril 1944 prise par le gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger qui stipulera enfin que "les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes", 189 ans après Pascal Paoli. !!! N'oublions donc pas dans cette effervescence la part anticipatrice et pionnière de la Corse.