On peux se féliciter sur l'exemplarité historique de la France patrie initiatrice des droits de l'homme mais en l'espèce évitons nous de fanfaronner et d'auto-satisfaire! Et l'exemple corse est édifiant tant par la nature qu'il développait constitutionnellement que par la suppression par la France de cette exemplarité. La Constitution corse de 1755 fit de la Corse la première république démocratique moderne d'Europe. Basée sur la séparation des pouvoirs et le suffrage universel, elle fut en vigueur de 1755 à 1769, année où la Corse devient française.
C'est en novembre 1755, que Pascal Paoli proclama la Corse nation souveraine et indépendante de la République de Gênes. Il rédige la Constitution corse qui reconnaît le droit de vote aux personnes de plus de 25 ans, dont les femmes (veuves ou célibataires), chargées d'élire, au niveau des Consultes communales, les délégués de la Diète.
La Corse est ainsi une des premières nations du monde (avec la Suède à partir de 1708) à considérer la femme comme citoyenne, pendant quatorze ans, avant que la Corse ne devienne française.
Le droit de vote en France fut dans un premier temps réservé aux propriétaires de sexe masculin. On estimait que la dépendance économique des femmes les empêchait d'exercer un choix libre. Ainsi, sous l'Ancien régime, seules les veuves dotées d'un fief et les mères abbesses pouvaient élire leurs représentants aux États généraux.
Quelle régression et surtout quel temps perdu jusqu'en 1945 malgré des Olympe de Gouges et des Louise Michel!
À la Révolution, les femmes étant considérées comme "citoyens passifs" et exclues du droit de vote. Exclusion maintenue par la Constitution de 1791. Le code civil de 1804 leur donnait certes des droits civils mais leur refusait la citoyenneté politique.
Dès lors, bien que la France ait été l'un des premiers pays à instaurer le suffrage universel masculin, il faudra un long processus pour que ce droit soit étendu aux femmes.
Ce sera fait dans l'ordonnance du 21 avril 1944 prise par le gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger qui stipulera enfin que "les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes", 189 ans après Pascal Paoli. !!! N'oublions donc pas dans cette effervescence la part anticipatrice et pionnière de la Corse.