Magazine Sport
Grégoire Burquier,un tennisman presque comme les autres
Publié le 04 mai 2015 par Playeur.co @playeurco
Grégoire a été dans le top 200 du tennis mondial, aujourd’hui il passe à autre chose après être passé proche de se faire un nom dans ce sport ou l’exigence est le quotidien.
Après avoir été 167ème mondial en 2011, tu es retombé au delà de la 500ème place aujourd’hui. Ou en es tu ? Tu mets le tennis de coté ?
En fait, j’ai arrêté de jouer sur le circuit ATP. J’ai commencé à ressentir une forme de lassitude en fin d’année dernière et j’ai eu énormément de mal à repartir cette année. J’adore ce sport, j’adore être sur un terrain mais le fait de partir toutes les semaines, de voyager seul, commençait à me peser de plus en plus. Du coup, je fais des tournois nationaux qui se jouent le week-end. Mes résultats comptent pour le classement français. C’est complètement différent, il y a moins de pression, moins d’attente. C’est plus détendu.
Quels sont tes nouveaux projets aujourd’hui ? Loin du tennis ?
Je compte passer une formation l’an prochain à Roland Garros pour être entraîneur de haut niveau. Elle est réservée aux anciens joueurs professionnels. J’ai déjà mon diplôme d’entraîneur (DE). Cette formation sera un plus. Après, je pense rester dans le milieu du tennis. Entraîner me plairait. Mais tout ça est encore un peu flou. Je me laisse du temps pour réfléchir.
On parle souvent des Monfils, Tsonga ou Gasquet mais c’est quoi la vie d’un 200ème mondial au tennis ?
C’est un peu différent de la leur! On n’a pas les mêmes prize money et ça change tout. On arrive à vivre de notre sport mais on n’est pas dans les meilleurs conditions pour être le plus performant possible. Le gros problème est le staff autour de nous. On a un entraîneur mais on ne peut pas le payer à plein temps, on ne peut pas se permettre de l’amener sur les tournois car tous les frais sont à notre charge. Il vient généralement sur les grands évenements (là où le prize money est le plus important) comme les grands chelems et sur les tournois proches de notre domicile. Donc la plupart du temps, on est seul en tournoi. Et quand tu es dans le dur pendant un match, au fin fond de la Roumanie, quelqu’un qui t’encourage au bord du terrain peut être d’une grande utilité!
Les gens ne se rendent pas compte et tu restes méconnu du grand public, mais être dans le top 200 c’est déjà atteindre un niveau incroyable. Qu’est qui t a manqué pour passer un cap ?
En général, un joueur qui a réussi à être top 200 a les moyens pour être top 100. Je dis pas qu’il peut gagner un grand Chelem mais être top 100 est largement dans ces cordes. Je pense que j’avais les moyens « tennistiques » pour pouvoir l’être un jour. C’est mentalement que j’ai un peu coincé. J’avais tendance à me dénigrer, à me rabaisser, à tout remettre en cause après une défaite. Or, la défaite est inévitable au tennis. Il y en a une nouvelle chaque semaine…Je pense que je n’ai pas assez cru en mes capacités. J’ai trop souvent douté de moi. J’ai quand même énormément progressé dans ce domaine mais ça n’a pas été suffisant. Paradoxalement, je croyais plus en moi à la fin de ma carrière que quand j’ai atteint mon meilleur classement. Quand j’ai été 167e, je me disais que ce n’était pas ma place, que j’allais redescendre au classementau lieu d’être plus ambitieux. L’an dernier, j’ai atteint la place de 168e et là, je voulais aller plus haut, j’y croyais, mais peut-être que j’aurais dû avoir cet état d’esprit plus tôt!
Malgré tout à 30 ans tu as visité les 4 coins du monde, tu dois avoir des souvenirs plein la tête ?
Oui, j’ai beaucoup voyagé, j’ai vu beaucoup de choses. Je n’ai pas pu visité tous les pays dans lesquels je suis allé mais j’ai vu beaucoup de cultures différentes. Et pour moi c’est plus important. Plus important que d’aller voir un monument. Par exemple, je suis allé un mois au Mexique, et je n’ai pas vu une plage! Alors oui, j’aurais adoré mais je n’ai pas pu. Par contre, j’étais dans des villes pas vraiment touristiques et j’ai vu comment vivaient les mexicains, c’est ce qui compte pour moi et c’est ce qui permet d’élargir son ouverture d’esprit.
Selon toi Gaël Monfils, qui est notre meilleur représentant sur terre et qui reste sur de bons résultats, peut il gagner Roland Garros cette année ? Avant la fin de sa carrière ?
Comme tous les joueurs de tennis français qui le connaissent, je pense que Gaël peut gagner à Roland Garros. Il a des qualités hors du commun, c’est impressionnant. Mais pour gagner, il faut qu’il soit au top pendant 2 semaines, pas que sur un match ou deux, c’Est-ce qui est difficile pour lui et c’est pour ça qu’il n’est pas dans le top 5. Je pense qu’il lui reste 2 ou 3 ans pour y arriver mais il doit tout mettre en œuvre pour pouvoir le faire.
Patrice Dominguez est parti il y a peu, figure emblématique du tennis, tu le connaissais ? Un mot sur lui ?
Je le connaissais un peu car il était directeur du tournoi de Montpellier et du future de St Gervais. C’était une personne très influente dans le milieu du tennis. Je souhaite beaucoup de courage à sa famillle.
Une anecdote marrante qui t’es arrivé sur un tournoi ?
Il y en a beaucoup, des galères aux moments de joie immenses. Voilà celle qui me vient à l’esprit: j’ai joué mes premièresqualifs de Grand Chelem en Australie à Melbourne en 2011. Pour avoir une son accréditation, il faut remplir tout un tas de papiers écrits en anglais, langue que je maîtrise difficilement. Donc, je commence à remplir le formulaire et arrive un autre joueur, je fais pas attention et continue d’essayer de déchiffrer le charabia sous mes yeux. Et là je vois que c’est Andy Murray, il me dit bonjour et s’assoit à côté de moi avec le formulaire dans ses mains. Je finis de remplir le mien quand il s’adresse à moi avec son terrible accent écossais. Bien sûr, je comprends rien, je suis en panique totale, car j’ai peur de passer pour un idiot, sachant que tous les joueurs parlent anglais couramment (sauf les français bien sûr). Je le fais répéter 2 fois mais impossible de savoir ce qu’il veut. Et là il me sort en français: « le stylo s’il vous plaît ». En fait il voulait juste le stylo que j’avais dans les mains et j’ai même pas été capable de comprendre. Je me suis ridiculisé devant le 4e mondial.
Quand on est 200ème mondial, on a besoin d’habiter en Suisse?
Non pas vraiment !
Un grand merci pour ces réponses Grégoire, Bonne chance dans ta nouvelle vie, au plaisir de te montrer mon coup droit dévastateur
Jack’s
Cet article Grégoire Burquier,un tennisman presque comme les autres est apparu en premier sur Blog Playeur.