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J'étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.5)

Publié le 04 mai 2015 par Philostrate
J'étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.5)

Vainqueur du Tour de France cycliste 1909, le jovial François Faber était avant la Grande Guerre un champion populaire. Grandi en banlieue parisienne, le « Géant de Colombes », généreux et bon vivant, avait opté pour la nationalité luxembourgeoise de son père, mais était considéré par le public comme un enfant du pays. Quand la guerre éclate pendant l’été 1914, il s’engage dans la Légion étrangère pour défendre la France, qui avait fait « sa fortune ». Un siècle après sa disparition, c’est en hommage à son parcours et à celui de tous ses frères d’armes qu’il nous raconte à sa manière ses derniers jours.

« Aube du 4 mai 1915. Les alouettes s'en tapent des guerres des hommes. Cette nuit impossible de pioncer, nos artiflos ont marmité les Pruskos dans les grandes largeurs. On est tous nerveux comme des rosières. Alors depuis que le jour s'est levé et que le déluge s'est arrêté, je regarde les oiseaux tournoyer dans le ciel. Au-dessus de nos lignes. Au dessus des lignes des Fritz. Au-dessus de la route d'Arras à Béthune, planquée là-haut, derrière ces satanés Ouvrages Blancs. C'est drôle de se dire que c'est sur des routes comme celle-là, pas loin d'ici, que le brave docker que j'étais est devenu le "Grand Faber", comme m'ont appelé les baveux de L'Auto. Quand la poisse ne m'envoyait pas valdinguer dans le fossé, j'étais le taulier sur les étapes les plus dures du Tour de France, dans le Nord et dans l'Est, près de mon cher Luxembourg. Jamais aussi à l'aise que dans la tempête le "Géant de Colombes", avec le zéphyr en pleine poire et la drache qui vous rince jusqu'aux os. Les hallebardes sur les reins, j'avais connu ça quand je faisais le terrassier, été comme hiver, alors jouer à l'"hommes vapeur" sur ma fée d'acier, pensez donc… Je passais la ligne d'arrivée fait comme un un barbet, mais heureux comme un môme ! Et d'ces gueuletons après… Ici, les gueuletons, nib ! On bosse comme des Romains, on creuse, on consolide, on évacue la caillasse, en gardant un œil sur les gaspards qui nous filent entre les pattes et les Boches, qui rectifient en cinq sec la moindre bobine qui dépasse. Parlez d'une vie. Enfin, comme dirait Baugé, faut surtout pas laisser le cafard nous grignoter la cervelle. Allez, j'vais m'envoyer un caoua histoire de chasser les idées noires. A la revoyure !"


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