Gilles Le Guen : parcours d’un jihadiste nantais" border="0" title="MONDE > Gilles Le Guen : parcours d’un jihadiste nantais" />
Photo de Gilles Le Guen (Abdel Jelil) tirée d'une vidéo du site de l'agence mauritanienne Sahara Media I ©Sahara Media/AFP/Archives
Un idéaliste devenu militant de l’islam radical. Gilles Le Guen a été arrêté en avril 2013 par les forces françaises, qui l’accusent d’être proche des terroristes du Mali. L’histoire de Gilles Le Guen est-elle celle d’"un paumé devenu terroriste", ainsi que l’a résumé, en mai 2013, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian ? Ce Nantais était-il le "jihadiste français le plus recherché" comme n’hésitent pas à le dire certains médias qui rappellent qu’il avait diffusé, en octobre 2012, une vidéo anti-occidentale, aux accents jihadistes, dans laquelle il s’exprimait "en français avec un fort accent breton", selon l’Agence France-Presse? Quant aux militants islamistes avec lesquels il a collaboré à Tombouctou et Gao, ne l’ont-ils pas, eux, suspecté d’être un agent envoyé par la France pour infiltrer leurs rangs ? Gilles Le Guen, ou "rebaptisé" Abdel Jelil, est peut-être, plus simplement, un idéaliste et aventurier entraîné sur le chemin du jihad depuis sa conversion en 1985 ; Une reconversion radicalisée jusqu’à faire allégeance à Al-Qaïda. L’homme est né à Nantes le 21 février 1955. On ignore s’il y a passé toute sa jeunesse. Selon ses dires, il aurait travaillé jusqu’à l’âge de 30 ans dans la marine marchande. Ses voyages lui ont permis de découvrir l’islam. Divorcé au début des années 1980 puis séparé de sa compagne en 1999, il a ensuite épousé Nawal, une Marocaine très pratiquante. Le couple s’est installé au Maroc en 2008, puis en Mauritanie et au Mali en 2011.À Tombouctou où résidaient le couple et ses cinq enfants, Le Guen a rejoint les rangs des jihadistes qui se sont emparés de la ville en mars 2012 ; Au mois d’octobre dernier, l’homme a réalisé une vidéo, Kalachnikov à ses côtés, pour soutenir la lutte des militants d’Al-Qaïda. Un mois plus tard, il est brièvement arrêté et interrogé par des cadres d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) qui le soupçonnent d’être un espion français. Il ressort libre, réapparaît à Gao où il aurait été gardien de prison avant la reprise de la ville par les troupes françaises… et disparaît.
Repéré par les services de renseignement français en septembre 2012, Gilles Le Guen est en réalité toujours resté sous surveillance. Repéré au nord de Tombouctou quelques semaines après la libération de la ville, il est resté libre de ses mouvements parce qu’il était susceptible d’être en contact avec des chefs jihadistes. Finalement interpellé dans la nuit du 28 au 29 avril 2013, Gilles Le Guen a été remis aux autorités maliennes à Gao, "comme le veulent les règles internationales", selon Jean-Yves Le Drian. Le parquet antiterroriste a demandé son extradition et le jihadiste a été remis aux enquêteurs français. Il est jugé aujourd’hui et demain à Paris. "Il est très honnête, assure sa mère dans Paris-Match. Ne jamais mentir ni voler, ce sont les préceptes d’un islam normal. On ne peut pas penser que c’est un terroriste".FG