Les hôpitaux font-ils tout ce qui est possible pour empêcher les infections à C. difficile ? Pas encore, du moins aux Etats-Unis, conclut cette étude de l’Université du Michigan menée auprès de près de 400 hôpitaux. Près de la moitié des établissements n’auraient pas encore mis en œuvre la mesure clé pour prévenir cette infection nosocomiale responsable de plus de 30.000 décès, là-bas, chaque année. Des enseignements aussi pour les établissements français, alors que C. difficile est à l’origine de 2 à 3% des infections nosocomiales sur le territoire.
Si la quasi-totalité des 398 hôpitaux de l’étude ont pris toute une série de mesures pour protéger leurs patients contre les infections à Clostridium difficile, 48% semblent ignorer les limites de prescription des antibiotiques, ce qui peut favoriser l’émergence des résistances bactériennes.
Parmi les mesures largement adoptées :
- les programmes de surveillance des infections,
- la fourniture d’équipements de protection en cas d’infection,
- l’isolement ou des chambres séparées pour les patients infectés,
- l’adoption de mesures d’hygiène et d’asepsie.
Grands absents, les programmes de bonne prescription des antimicrobiens et dans près de la moitié des hôpitaux, en dépit d’une bonne sensibilisation à la prévention des infections à C. difficile.
C’est aussi le cas, pour les protocoles écrits de tests de détection, lorsque les patients développent un symptôme de l’infection, pendant la prise d’antibiotiques ou dans les mois qui suivent l’hospitalisation. Ces protocoles n’existent pas dans près des trois quarts des établissements, en dépit des conséquences d’une éventuelle infection pour le patient (et les personnels de santé).
Le nerf de la guerre, les antibiotiques : L’étude révèle et rappelle donc la principale faille entre les preuves, bien connues et la pratique : soit la bonne gestion des antibiotiques.
- Ainsi, plus de 60% des patients hospitalisés reçoivent des antibiotiques dont, dans certains établissements, la moitié de manière inappropriée.
- Dans d’autres établissements, où la prescription a été réduite, les auteurs observent, a contrario, une régression du taux d’infection à C. difficile. Sans oublier la réduction du risque d’émergence de » supe bactéries » résistantes aux antibiotiques.
Aux Etats-Unis, l’objectif annoncé de la stratégie nationale est une réduction des infections à C. difficile de 50% d’ici 2020. L’effort devra être ciblé sur l’Hôpital à l’origine de la majorité des prescriptions. Il s’agira donc et de mettre en œuvre des programmes » d’intendance » dans les établissements mais aussi de sensibiliser encore les médecins.
Source: Infection Control & Hospital Epidemiology 21 April 2015 DOI: 10.1017/ice.2015.81 Clostridium Difficile Infection in the United States: A National Study Assessing Preventive Practices Used and Perceptions of Practice Evidence (Visuel CDC)
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