Il y a des jours, où voir grandir les jeunes enfants, les adoslescents, les jeunes en général apportent sont lot de belles questions. Pouquoi ? Comment, mais pourquoi ? Avec toute l'étendue du goufre entre les pensées complexes d'un adulte et les dualités binaires de l'enfance, après les sujets "tu es trop jeune pour savoir", "on t'expliquera un jour" mais surtout les définitions impossibles à des questions si pertinentes.
Voilà donc une jeune adolescente, comprenant son corps qui change, ses règles, son statut de femme, de potentielle mère et tant d'autres clichés ou réalités sur le maquillage, les chaussures, la mode, les garçons et les filles. Donc une jeune femme en pleine éclosion, tranquillement et mollement écroulée sur un canapé, entre deux lectures et quelques sms, papotant de tout et de rien, passant avec une réelle légèreté sur l'épilation, le menu de cantoche, les devoirs et les copines, à l'anniversaire de sa mère et de sa grand-mère. Quasi simultané et cette année, des chiffres ronds. Pour la première fois depuis leurs naissances, les enfants assimilent le temps, surtout en dormant longuement le matin, en traînant dans la salle de bains, en se mouvant de leur chambre-grotte vers le canapé ou plus simplement la table pour manger. De l'adolescent en pleine puissance. Fois trois pour moi ! Fois cinq ... enfin n'en rajoutons pas ;-)
"A quel âge, on devient vieux ?"
Et la malice est dans la question, car à leur âge, une décennie et une autre demie, ils ont des idées sur tout, des réponses potentielles voire définitives. Un bel esprit de contradiction, un univers réaliste quoique restrictif en repères.
Quelques secondes, un silence, des milli-secondes et donner une réponse.
Qu'est qu'être vieux aujourd'hui ? Déjà on dit senior pour le politiquement correct, car le troisième et quatrième âge enterraient les gens dans des catégories limitées et pesantes. De plus tout cela a changé, fortement changé. Pas uniquement du fait que nos aînées avaient peu de photos et uniquement en noir et blanc, vieilles et écornées, des souvenirs de cartes postales écrites avec un stylo, voire une plume et de l'encre. Dans les cadres, les générations du début du XXe siècle posaient longuement devant l'objectif en habits du dimanche, avec un sourire figé et absent. Bref on rigolait pas, jamais et puis les guerres, les souvenirs, les nostalgies d'un autre temps, et pourtant.
On a tous commencé à quatre pattes, vécu à deux pattes, et fini parfois sur trois pattes ou six avec le déambulateur. ;-) En regardant les albums photos, en reprenant l'arbre généalogique maintenant saisi sur l'ordinateur, illustré de chaque génération, de photos, des oncles, des tantes, des cousins, des mariages, divorces et remariages, on découvre nos ancêtres. Parfois les générations sont courtes, d'autres plus longues. Mes enfants ont connu leur arrière-arrière-grand-mère, morte à 107 ans. Ils ont vécu des souvenirs avec d'autres arrière-grands-parents, et vivent régulièrement dans leurs chambres chez leurs grands-parents, une seconde maison. Mais qui est vieux ? Eux, nous, les autres.
Car sur les photos, nos grands-mères du milieu du siècle dernier étaient peu fraîches (usées par le temps, la vie plus rude aussi et tant de facteurs, chez les pauvres comme les riches) dès 50 ans. Oui les habits un peu coincés aussi n'avantageaient peut-être pas, mais on voyait leur âge, leurs rides, leurs fatigues, le poids des années. Et pourtant les hommes vivent en moyenne chez nous plus de 85 ans, et les femmes près de 95 ans avec plusieurs centenaires. Mais recroquevillés, usés mais paradoxalement en assez bonne santé.
Alors maman est-elle vieille à 50 ans ? mamy à 70 ans est elle hors catégorie et grande mamy à 92 ans est-elle hors limites ? Car cette dernière avait encore de l'énergie bien réelle il y a encore deux ans, faisant des madeleines, des gâteaux pour eux, des repas complets de l'entrée au dessert. Maintenant cela dépend des jours et des médicaments. Et les deux premières, l'une travaille, bosse, s'acharne à faire du sport, à prendre soin d'elle, à garder un corps presque mince. La deuxième profite de sa retraite pour s'adonner à sa passion dans la peinture, reconnue pour ses toiles, ses dessins à la sanguiine, ses aquarelles parties aux quatre coins du monde. Elles vivent, bougent, se pouponnent, et plus simplement restent des femmes actives. Certes le temps a fatigué le corps, mais le charme des cheveux gris, des coupes adaptés, de l'énergie et de la mode omniprésente, des sourires et d'un positivisme réel même quand la maladie tape dans le dos, tout cela donne des femmes en forme.
Vieilles par le chiffre de leur âge, mais n'est-on pas vieux à 30 ans pour ceux qui en ont 20, à tout âge quand les autres partagent d'autres codes, d'autres repères d'une autre génération. On est vieux peut-être quand on se cantonne à croire à des limites, pire des frontières entre les générations. On ne comprend pas tout, c'est normal, mais on ne doit pas se couper des autres, en dessous, au-dessus. Il faut vivre et partager l'expérience des uns, le savoir des autres, l'énergie et l'enthousiasme de chacun, le mutualiser.
J'ai posé des mots simples, pour donner une réponse, on a ri en prenant certains exemples de personnes vieilles par leurs comportements et pas leur âge, de personnes dynamiques malgré le nombre de décennies. Rien n'est universel, juste un ressenti, une réalité physique, mais l'esprit reste le moteur de nos vies. Et il ne vieillit jamais.
Fantaisie et émotions, toujours, hier, aujourd'hui, demain, le vecteur de nos battements de coeur.
A toutes mes amies, à tous mes amis, virtuels et réels, merci !
Nylonement