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La mode de demain aura-t-elle un sexe ?

Par Aelezig

Article de Grazia - Avril 2015

Le 12 mars, le grand magasin londonien Selfridges ouvrait un espace baptisé "Agender". Un univers entièrement dédié aux vêtements asexués.

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Tout d'un coup, c'est comme si le monde entier devenait unisexe, androgyne ou en pleine transition. Tandis que Bruce Jenner, ancien athlète olympique également connu pour être le père de Kendall, est en train de changer de sexe, que la série Transparent diffusée sur Amazon Prime relate aussi la phase de transition d'un père de famille en femme, qu'il ne se passe quasiment plus une semaine sans qu'une marque de mode ou de beauté lance sa collection unisexe, Selfridges vient d'ouvrir trois étages de shopping mode Agender. Comprendre, sans genre. Mais concrètement, ça donne quoi ? Un espace neutre, au design minimal et austère, sans mannequin en vitrine, avec des marques unisexes, mais aussi des collections homme et femme. Le tout complètement mélangé sur les portants. Quel que soit son sexe, on peut aussi bien y acheter les créations de Rad Hourani, le seul designer qui présente une ligne unisexe pendant la couture, que celles du label homme parisien Pigalle ou encore celles féminino-régressives de Jacquemus. Du coup, la question des tailles et des coupes ne se pose pas puisqu'il y en a pour tout le monde et tous les corps. Chacun est libre d'aller piocher où il veut. "Une même pièce pourra être transformée en tunique ou en robe. Il n'y a pas de règle. Le but, c'est de pouvoir s'exprimer librement." explique Linda Hewson, directrice créative de Selfridges. Avec cette expérience, on va encore plus loin que le phénomène du cross dressing, on le transcende pour entrer dans une phase de multidressing. Cet avènement d'un placard pour tous signerait-il l'entrée dans une ère d'utopie fashion ?

La mutation du genre

L'interrogation sur le genre n'est pas nouvelle, mais elle est au coeur des préoccupations actuelles et se généralise depuis plusieurs saisons sur de nombreux catwalks. D'abord chez des créateurs pointus comme J.W. Anderson ou Hood By Air, mais désormais les grandes maisons aussi prennent la parole sur le sujet. Pas plus tard qu'il y a deux semaines lors de son show milanais, Gucci a fait défiler une femme androgyne et des hommes portant des vêtements de femmes, de la collection femme de l'hiver 2015. Bref, la frontière entre les deux est de plus en plus poreuse. Parallèlement à cette confusion, l'androgynie vestimentaire s'impose comme allure ultime. Pour Robin Schulié, acheteur pour le corner Maria Luisa du Printemps : "Ce qu'on achète, ce qu'on vend et ce qu'on voit dans les showrooms, ce sont de plus en plus des silhouettes en forme de boîtes ultrasimplifiées et quasiment unisexes car tout le monde porte la même chose." Du coup, l'idée de répercuter ce phénomène global dans un espace marchand prend tout son sens. Mais la solution pour vendre à tout le monde est-elle vraiment de nier le genre ? "Je ne suis pas  sûr. A trop flouter les sexes, j'ai peur qu'on rende le tout bien fade et qu'on obtienne l'effet inverse de celui recherché, soit l'expression de l'individualité." s'interroge Serge Carreira, responsable du cours mode et luxe à Sciences Po.

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Quoi qu'il en soit, si pour l'instant l'opération Selfridges n'est pas partie pour durer plus de cinq à sept semaines (selon l'engouement du public), elle a au moins le mérite de témoigner d'une préoccupation brûlante. Mais la vraie réflexion est peut-être moins de savoir si demain on fera les boutiques au pays des anges que d'accepter la mutation des contours du genre.


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