Je vous en ai parlé dimanche dernier lors d'un de mes nombreux concours de ce week end, cette semaine qui arrive, parmi les nombreuses sorties du 6 mai, sort une petite perle du cinéma tchèque, "Zaneta".
Ce film a été présenté au dernier festival de Cannes dans la méconnue mais pourtant si talenteuse section ACID, cette association du cinéma indépendant pour sa diffusion, dont la sélection de l'an passé, entre "Spartacus & Cassandra" (voir notre chronique ici même), "Qui vive" (notre avis ) et d'autres excellents, films comme "Mercuriales" ou "La règle du jeu", nous a reservé pas mal de petits bijoux.
"Zaneta" qui vient grossir cette belle liste, est déjà un évènement en soi du fait qu'il est le premier long-métrage tchèque présenté sur la croisette depuis 1998, ce qui prouve que cette cinématographie là ( qui nous a quand même offert l'immense Milos Forman) a un peu de mal à s'imposer hors de ses frontières.
Esperons que Zaneta séduise les cinéphiles curieux qui veulent un peu avoir des nouvelles de la Tchécoslovaquie, car le filmest formidable aussi par ce qu'il donne comme informations sur ce pays qu'on connait assez mal vu de chez nous.
En sondant l'intimité d’une jeune mère rom qui refuse d’accepter un statut social désavantageux et qui tente de construire une vie meilleure pour elle-même et sa fille, le réalisateur nous parle par extension de la vie des Roms tchèques, mais par une approche sans la moindre concession ni la moindre exagération, montre que cette communauté si mal aimée- en Tchécoslovaquie comme dans les autres grands pays d'Europe-possèdent le même esprit, la même grandeur d'âme, les mêmes félures intimes et la même humanité que les autres individus.
Dans Zaneta, le réalisateur Petr Václav (un tchèque installé à Paris depuis plus de dix ans, donc qui connait aussi le regard que les français portent sur cette communauté), prend soin de ne jamais stigmatiser, voire systématiser ni cette communauté ni le regard que l'extérieur porte sur eux.
Et cette absence d'angélisme dans un film qui ne cherche à épargner personne apporte une vraie crédibilité et une vraie justesse de ton à ce récit implacable, qui rend ces anti héros admirables, et dans leurs faiblesses et dans leurs bravoures.
Sur un sujet qui aurait pu etre démonstratif ou manichéen, le cinéaste évite le plus souvent possible ces écueils en donnant toujours une chance à ses personnages et à leur insufflant la part d'humanité nécessaire... Résultat : ces personnages sont tous très attachants, y compris les personnages masculins ( le compagnon mais aussi le père, touchant dans son impuissance) ce qui n'est pas toujours le cas dans des films qui sont avant tout des portraits de femmes..
Petr Vaclav (qui avait déjà lors de son premier long métrage "Marion" abordé la question de la communauté rom en Tchécoslovauie) parvient à toujours éviter, de basculer dans l’apitoiement et la dénonciation, et s'attache à montrer la stricte réalité du quotidien des Roms, tout en s'appuyant richesse romanesque est indéniable.
Car "Zaneta" est notamment et peut-être avant tout une histoire d’amour, celle entre Zaneta et David, son compagnon dont la condition particulièrement précaire dans cette société tchèque lui pèse particulièrement. Pour incarner cette belle histoire d'amour, les acteurs sont criants de vérité , avec une mention certainement à l’actrice principale, Klaudia Dudová, una amatrice que le cinéaste a trouvé par hasard et qui offre à cette Zanetta sa rage et sa determination, envers et contre tout.
Une rage et une determination qui pourraient faire penser à une autre actrice à l'époque amatrice qui avait ébloui de toute sa grâce la caméra des frères Dardenne, je veux parler d'Emilie Dequenne.Car Zaneta, c'est un peu la petite soeur de Rosetta, tant en voyant le film on pense souvent au cinéma des frères Dardenne avec ce naturalisme et ce réalisme social qui n'empêche pas pour autant à la mise en scène d'insufler une vraie énergie et un vrai souffle .
Zaneta n'oublie jamais de rendre compte d’une douloureuse réalité, mais en la flimant avec une sincérité et une justesse salutaires, fait incontestablement partie de ces beaux films pétri d'humanité qu'il faut absolument aller voir si le film joue dans une salle près de chez vous.Bande-annonce : Zaneta - VO