genre: drame
année: 1981
durée: 1h31
l'histoire: Le soir du 31 décembre, Jérôme Martinaud, un notaire, est convoqué au commissariat afin de témoigner sur l'assassinat et le viol de deux petites filles. Les inspecteurs Gallien et Belmont, persuadés de la culpabilité du notable, le mettent en garde à vue. Gallien essaye à tout prix de le faire avouer mais malgré tout, l'affaire piétine. C'est alors que Madame Martinaud, la femme du suspect, fait un témoignage décisif pour l'enquête.
La critique :
A l'origine, Garde à Vue, réalisé par Claude Miller en 1981, est l'adaptation d'un roman, Brainwash (le titre français est "A table !"), de John Wainwright. Le pari de Claude Miller, à savoir réaliser un huis clos reposant presque uniquement sur la confrontation entre un flic et un notaire, était pour le moins osé. Pourtant, au moment de sa sortie, Garde à Vue connaîtra un succès inattendu.
En effet, le long-métrage, qui oscille entre le drame et le genre policier, totalisera un peu plus de deux millions d'entrées (2.1 milllions d'entrées pour être exact). Pour écrire les dialogues du film, Claude Miller fait appel à Michel Audiard.
Ce dernier est très intéressé par le roman original et en parle au producteur Georges Dancigers. A l'époque, Claude Miller ressort du cuisant échec de Dites-lui que je l'aime, son second film. Le cinéaste a donc une revanche à prendre et s'investit totalement dans ce troisième long-métrage. Il faut aussi préciser que Claude Miller est passé par l'école de la Nouvelle Vague.
Ses références se nomment, entre autres, François Truffaut, Jean-Luc Godard et Jacques Demy. Quant à Michel Audiard, il change radicalement de style. En résumé, ne vous attendez pas à voir un film comique dans la tonalité des Tontons Flingueurs.
Ici, le style est beaucoup plus sombre, clinique, limite chirurgical et d'une froideur absolue. Au niveau de la distribution, Garde à Vue réunit Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider, Guy Lemarchand, Jean-Claude Penchenat et Pierre Maguelon. Lors de la cérémonie des Césars en 1982, le film remportera plusieurs récompenses : le césar du meilleur scénario, le césar du meilleur acteur pour Michel Serrault, le césar du meilleur second rôle masculin pour Guy Marchand et le césar du meilleur montage pour Albert Jurgenson.
Attention, SPOILERS ! Le soir du 31 décembre, Jérôme Martinaud, un notaire, est convoqué au commissariat afin de témoigner sur l'assassinat et le viol de deux petites filles.
Les inspecteurs Gallien et Belmont, persuadés de la culpabilité du notable, le mettent en garde à vue. Gallien essaye à tout prix de le faire avouer mais malgré tout, l'affaire piétine. C'est alors que Madame Martinaud, la femme du suspect, fait un témoignage décisif pour l'enquête. Clairement, ce qui nous intéresse ici, ce n'est pas vraiment l'enquête menée par les inspecteurs de police, mais plutôt le portrait (acerbe) que brosse Claude Miller de la bourgeoisie provinciale.
En résumé, celle-ci en prend pour son grade. Michel Serrault est quasiment décrit comme un impuissant, incapable de satisfaire sa femme (Romy Schneider), et dont la petite vie misérable (pourtant, il baigne dans l'opulence) lui échappe totalement.
C'est bien tout le vide existentiel qui est raconté par Jérôme Martinaud (Michel Serrault) lui-même le soir de la Saint Sylvestre dans les bureaux de la police judiciaire. A partir de là, Claude Miller ne lache jamais sa proie et propose un huis clos tendu, oppressant et à couteaux tirés. Encore une fois, les dialogues de Michel Audiard font mouche. Tout concourt à accuser le pauvre Martinaud.
Au détour d'un interrogatoire, sa femme (Romy Shneider) l'accuse clairement de pédophilie. Paradoxalement, l'accusé ne fait rien pour se défendre et se disculper. Plus que jamais, il règne dans Garde à Vue une vraie mélancolie. En un sens, c'est presque un film aux tendances suicidaires, ce que viendra confirmer les dernières secondes de ce drame d'une noirceur absolue (Je n'en dis pas plus).
Enfin, Claude Miller peut s'appuyer sur d'excellents interprètes. La confrontation entre Lino Ventura et Michel Serrault tient toutes ses promesses. Quant à Romy Schneider, elle apparaît comme une femme vénale et en quête de revanche sur un mari (impuissant ?) qu'elle ne supporte plus depuis de nombreuses années. Bref, l'air de rien, Garde à Vue est un film plus complexe qu'il n'y paraît.
Dans son genre, c'est tout simplement un excellent film !
Note: 17/20
Alice In Oliver