La Nouvelle-Orléans est une légende parmi les villes américaines. C’est bien-sûr le berceau du jazz, la ville de Louis Amstrong et Sydney Bechet. C’est aussi une authentique ville du Sud avec son histoire esclavagiste. C’est enfin la ville qui a vécu le drame de l’ouragan Katrina en 2005, ce qui montré au monde les conditions de vie des plus pauvres de la ville. Une grande partie de la population noire vulnérable de la ville n’est pas revenue après Katrina!
Par le plus grand des hasards, c’est en plein festival de jazz -l’événement annuel !- que nous avons débarqué. Résultat : beaucoup de monde, les hôtels complets et très chers. Nous avons trouvé une chambre à la limite du French Quarter qui est le quartier vraiment sympa du centre ville.
Le french quarter
Dans ce quartier appelé aussi « Vieux Carré », toutes les rues ont un nom français mais l’architecture est plutôt espagnole. Tout est « french » de nom dans ce quartier mais de nom seulement! Si son histoire a été française, aujourd’hui, on est vraiment en Amérique mais une Amérique décontractée et musicale.
On entend de la musique partout, du jazz bien-sûr, mais pas seulement. De la musique dans les bars mais aussi des musiciens de rue. Tous les styles et des talents variables.
Se promener dans les rues du French Quarter, c’est un spectacle permanent. Les musiciens côtoient les diseuses de bonne aventure au look assez trash avec leur perruque et maquillage bien voyants, les personnes déguisées en quête de quelques dollars, une femme à moitié nue qui se fait payer pour une photo avec elle… On a même vu un jeune homme qui avait dressé son chien pour prendre une pose de « chien ivre ». Il a eu beaucoup de succès. Il comptait ses dollars récoltés avec un sourire incrédule.
Dans ce quartier, on rencontre beaucoup de touristes américains de tous les âges venus s’encanailler. L’alcool coule à flot dès le milieu d’après-midi. La ville serait plus permissive que le reste des États-Unis. Une des rues où se retrouvent tous les fêtards est « Bourbon Street », une rue piétonne qui rassemble le pire et le meilleur du quartier : des boites de jazz, des restaurants, des bars à bière avec du hard-rock, des boutiques de souvenirs mais aussi des clubs de strip-tease vraiment pas classe. Les filles censées aguicher le client devant la porte le soir ne respirent pas la bonne santé ( et je ne vous parle pas de leur beauté sûrement très intérieure!). Les fêtards sont parfois habillés de manière très originale : beaucoup de couleurs, des tatouages, des cheveux multicolores…. Cette rue n’est pas l’endroit où se promener avec des enfants mais c’est un échantillon de l’ambiance déjantée de la Nouvelle-Orléans.
Sur Bourbon Street, on a écouté du jazz dans un des clubs qui joue du jazz classique et qui a la réputation d’accueillir de bons groupes: la Maison Bourbon. C’est un petit club ouvert sur la rue où on a écouté 5 musiciens ( 3 papys et 2 jeunes). On n’est pas des spécialistes de cette musique mais on a apprécié le moment et ils semblaient maîtriser ! On était distraits par les bruits de la rue et la musique rock du bar d’en face qui avait d’ailleurs beaucoup plus de succès que le nôtre. Ce doit être difficile pour les vrais musiciens de jazz de constater que beaucoup préfèrent écouter du bruit en se soûlant à la bière plutôt que de les écouter !
Le Jazz Festival a lieu sur l’hippodrome chaque année fin avril début mai pendant les fins de semaine. La programmation n’est pas exclusivement jazz : cette année Elton John et Lady Gaga étaient à l’affiche !
On n’a pas assisté à des concerts du festival mais on a bien arpenté la ville à différents moments de la journée.
Le matin tôt, nos recherches vaines d’un petit déjeuner acceptable pour nos estomacs français, nous ont permis de découvrir des rues désertes et des maisons charmantes. Les balcons en fer forgé, particulièrement travaillé, ajoutent beaucoup de cachet aux édifices.
À la limite du French Quarter, dans le quartier de Marigny, se trouve la rue Frenchmen street qui accueille de bons clubs de jazz. Les ruelles alentours sont vraiment charmantes avec leurs maisons qui semblent endormies.
La ville a beaucoup des boutiques superbement décorées qui vendent des pralines, une spécialité locale. Dans un autre style, des magasins de souvenirs jouent à fond la carte du vaudou, avec plein de squelettes en vitrine…
Boutique de souvenirs
La fête du Mardi-Gras est un grand événement de l’année et il semble qu’ils cherchent à en faire un business. Beaucoup d’agences proposent des tours des maisons hantées et des fantômes. On est passés devant le musée de la mort… Même si le vaudou doit encore exister dans les campagnes, on n’en a vu que l’exploitation commerciale.
Alors que les espagnols ont occupé cette région pendant des décennies, il n’y est fait que très peu référence. On voit seulement quelques plaques de rues qui rappellent leur ancien nom espagnol. En revanche, l’empreinte française est omniprésente : le parc Lafayette et la statue commémorative, le parc de France et Jeanne d’Arc, le « french market », etc.
Statue de Jeanne d’Arc
On mange des « beignets » au « café du monde », des french toasts dans tous les cafés ( notre pain perdu!). En revanche, personne ne nous a dit un mot en français ! Où sont les cajuns censés perpétuer notre langue ??? En fait, le Français ne serait parlé aujourd’hui que par 1% à peine de la population de Louisiane.
Tout le centre ville est vraiment bien rénové, très propre. Il n’a pas été frappé par Katrina et il bénéficie visiblement de financements pour son entretien. Il y a quelques jolis parcs. S’y balader est vraiment agréable. Un vrai cœur de ville pour les piétons!
Les berges du Mississippi sont aménagées en promenade avec une belle vue sur le pont qui l’enjambe.
En dehors du French Quarter, se trouve le Superdome qui est le grand stade couvert de football américain qui a accueilli plusieurs Superbowls. Son dôme blanc est visible de très loin. Il a aussi hébergé les sinistrés de l’ouragan Katrina.
Le Superdome
Garden District
On a pris un très vieux tram qui parcourt l’avenue Saint-Charles. Ce tram circulait déjà dans son état actuel en 1893!
La longue avenue conduit dans le très beau quartier de Garden District : de magnifiques demeures coloniales dans une végétation luxuriante, des jardins bien entretenus. Calme et luxe. Par moments, on est descendus du tram pour marcher dans les allées ombragées et choisir la maison que l’on allait acheter ! ;-)
On a rejoint le quartier des universités Tulane et Loyola qui ne donne vraiment pas envie de travailler mais plutôt de buller tranquillement : de beaux bâtiments anciens, de grandes pelouses, des cafés, des pâtisseries à 3000 calories ! On s’est retrouvés en plein tournage de film!
Grâce aux bons conseils d’un passager du tram, on est allés jusqu’à Oak Street, une rue alors fermée à la circulation pour accueillir des concerts. Une ambiance assez déjantée, un public de tous les âges qui ondule aidé par des litres d’alcool. On était très loin de l’Amérique en costume cravate qui travaille ! Et c’est tant mieux !
Groupe sur Oak Street
Le retour en tram a été épique car notre vieille cabine ne pouvait pas accueillir tous ceux qui voulaient monter en direction du centre ! Beaucoup de touristes comme nous ! Aucun plan ni nom de station sur cette ligne de tram mais le charme de l’ancien. Observer le chauffeur manier sa manivelle était vraiment insolite à l’heure des trams ultra-modernes !
La cuisine de Louisiane
On nous a vanté la bonne cuisine cajun et créole et nous avons voulu goûter évidemment! Ils cuisinent beaucoup les écrevisses de plusieurs manières. Je les ai goûtées « à l’étouffée » , c’est à dire dans une sauce épicée et du riz. Assez bon mais bien « spicy ». D’ailleurs tout est spicy même quand ils disent le contraire ! Les huîtres sont aussi proposées dans des restaurants dont c’est la spécialité. Ils les mangent souvent frites ! Bizarre ! Benoît les a testées « on the half shell », c’est à dire froides et natures comme en France. Elles étaient moins salées, plus laiteuses et très grosses. Verdict : elles sont moins bonnes qu’en France mais les manger au bar face au patron, un authentique cajun très sympathique et plein d’énergie a été un bon moment. Personnellement, je n’ai pas compris un traître mot de ce qu’il disait et ça n’avait pas l’air de le gêner!!! D’ailleurs le parler et l’accent de la Louisiane est vraiment incompréhensible pour moi! Je ne reconnais même pas les phrases simples! Benoit s’en sort mieux que moi et parfois fait aussi semblant de comprendre!
Benoit a testé courageusement un Po-Boy qui est un sandwich avec plein de trucs à l’intérieur, au choix. On peut même avoir des huîtres frites ! Le sandwich Jambalaya m’a rassasiée pour 3 jours : du riz, de la saucisse, de la viande, du poisson et d’autres trucs impossibles à identifier, avec de la sauce spicy! Une sorte de quesadilla mexicaine! Au départ, j’avais commandé une Muffaleta qui est un sandwich typique d’origine italienne mais quand le serveur m’a prévenu que c’était énorme, j’ai préféré changer d’avis. Quand un Américain te dit que c’est énorme, c’est que tu peux nourrir toute la salle de restaurant ! Mon sandwich devait être assez light mais j’ai dû mal comprendre les explications, visiblement…
Pour ce qui est de la cuisine de Louisiane, on n’a pas été impressionnés malgré sa bonne réputation! C’est vraiment lourd! Tout est très américain : grosses quantités et beaucoup de gras!
Hormis cette déception culinaire, on a beaucoup aimé la Nouvelle-Orléans. Il y a vraiment une ambiance décontractée et une architecture qui nous a beaucoup plu.
On a également fait deux excursions en dehors de la ville pour découvrir le bayou et une plantation. Je vous en parle dans le prochain billet!
À bientôt!