Simon Rigot.
The Abelians donnait mercredi 29 avril un concert à l'occasion de la sortie de leur premier EP au centre culturel Jacques Franck. Une magnifique salle ou l'acoustique, la lumière et le son sont en tout point adaptés à ce style musical rock progressif à tendance Jazz qui se rapprocherait du " Style de Canterbury " popularisé dans les années 70 par Soft Machine , Caravan , Hatfield and the North , ou Gentle Giant. Il ne s'agit pas de s'éclater en bougeant la tête dans un pogo d'enfer mais de profiter calmement installé dans son fauteuil de la performance scénique, comme on le ferait pour une pièce de théâtre , un récital de chanson français , un concert de Jazz ou une comédie musicale. On n'est pas dans le registre Rock'n'roll avec tous ses excès de décibels , de pause et de clichés.
Mais revenons au début. The Abelians a écumé il y a quelques années les cafés et bars de la capitale où nous les avons vus souvent égrener leur répertoire délicat, parfois devant des auditoires parfois clairsemés, pas toujours très attentifs et dans des conditions techniques qui rendaient rarement justice à la qualité des compositions de Nath G. Car The Abelians c'est avant tout le projet de ce guitariste qui manie sa Stratocaster dans la lignée d'un David Gilmour plus que d'un Ritchie Blackmore . Non seulement il compose les paroles et les musiques, mais en plus il élabore chaque morceau comme un artisan peaufinant son œuvre. De l'époque où nous les avons vus ne reste avec Nath que Jonathan , fidèle derrière son orgue-clavier et sa nouvelle cabine Leslie , ce qui augure d'un son plus plein . Daphné à la batterie les a rejoints il y a deux ans et nous l'avions déjà vue au Rock Classic. Rita la chanteuse est arrivée l'année dernière, et Romeo à la basse est arrivé plus récemment. C'est donc le premier concert dans cette formation. Et disons-le tout net, l'ensemble fait plus que tenir la route. Durant une heure vingt ils délivrent un set impeccable, revisitant des morceaux que j'avais déjà entendus avec les anciens membres, dont certain existaient déjà sur une démo de 2011. Autant le bassiste Romeo suit les traces laissées par son prédécesseur Alberto (qui a encore enregistré la basse du nouveau EP) , autant Daphné à la batterie a pris une direction résolument plus douce , plus Jazz , et plus régulière avec un beat plus constant qui donne à l'ensemble une vrai cohérence rythmique. Et puis que dire de Rita , la chanteuse portugaise qui vient du monde du chant lyrique. Dans les médiums elle évoque Annie Haslam , la chanteuse de Renaissance, dans sa jeunesse mais dès qu'elle monte dans les aigus, sa formation de chanteuse lyrique fait merveille. Souvent le résultat est plus qu'harmonieux, royal même, mais très épisodiquement l'oreille aurait besoin d'un peu de repos et/ou la musique se prêterait plus à un registre médium. Les chansons ont en général une structure en trois parties, le début et la fin chantée, le milieu instrumental où tour à tour les musiciens étalent leurs qualités musicales dans une heureuse cohésion. A cette occasion l'oreille peut se reposer un peu avant le retour de la chanteuse. Initiant le concert avec les trois titres du EP (Evil Talk - Hidden Rainbow - Two Shadows) le groupe continue avec des morceaux pas encore édités (You Say - Bathroom tale - Noemy's sky - From a single tear - Born on a windy night) mais qui sont matière à un album entier, pour terminer avec deux morceaux qu'on connaissait de la première démo dans une nouvelle interprétation (Without a word-Red Tiger) adaptée (comme Two Shadows déjà présent sur la démo) à la voix de Rita.
La cohésion est totale, le répertoire n'a pas changé depuis que je les connais mais il a bonifié en cohésion avec les nouveaux musiciens et cela reste un vrai plaisir de les voir et de les entendre. Avec ce répertoire The Abelians peut conquérir le cœur de nombreux fans de ce style de musique (dont je suis). Reste à voir si l'apport de ces nouveaux musiciens permettra au groupe également de se renouveler, passé le cap du premier album que nous attendons avec impatience.