Pour cette première chronique cinéma sur Branchez-vous, je vous propose de célébrer les 20 ans d’un film culte : Hackers.
NDLR : À lire en écoutant le thème musical du film.
TITRE OFFICIEL
Hackers
TITRES ALTERNATIFS
Pirates du Cyberespace ou
OMG, c’est Angelina Jolie! Quel âge elle avait?
PAYS D’ORIGINE :
États-Unis
DATE DE SORTIE :
Quelque part en 1995
Synopsis
Dans le monde complètement contrôlé par les réseaux et les ordinateurs qu’était 1995, des pirates informatiques se promènent en rollerblade même à l’intérieur. À l’aide de puissants modems téléphoniques 28k, ils doivent contrecarrer les plans d’un méchant qui est tellement cool qu’il se déplace en rouli-roulant, même à l’intérieur.
Le patron de Branchez-vous, arrivant au bureau, comme à chaque matin.
L’a-t-on dit? Le film met en vedette Angelina Jolie, à une époque où l’on ne se posait pas encore la question «ce sont des effets spéciaux ou c’est vraiment ça son visage?» en la voyant à l’écran.
Les personnages
Les bons
Dade Murphy est un petit génie de l’informatique. Ne trouvant pas le nom de Dade assez ridicule, il adopte le surnom de «Zero Cool», puis celui de «Crash Override».
Même si on ne le voit pas écrire une seule ligne de code (on le voit taper frénétiquement au clavier, par contre) on sait que Dade est un hacker parce qu’il a les cheveux bleachés, peut battre tout le monde à n’importe quel jeu vidéo, est devant son ordi à 4h du matin et, surtout…
En plus d’être Angelina Jolie, Kate Libby est aussi un hackeuse qui a adopté le pseudo de «Acid Burn». On a parfois l’impression qu’elle est meilleure que Dade, le personnage principal, mais comment cela pourrait-il être possible? C’est une fille après tout.
Influencée par sa mère, une féministe radicale qui s’est mise riche en écrivant des livres de féminisme radical (ka-t$hing!), Kate semble avoir mis le feu à son tiroir de brassières.
Un chandail transparent pour un plan où le personnage regarde des notes dans un carnet. Stay classy, Hackers.
Ils sont accompagnés de Cereal Killer, de Phantom Phreak et de Joey. Oui, juste Joey. Un nom normal dans ce film, ça clashe comme quelque chose qui a de la classe dans la maison de Michèle Richard.
Les cinq comparses vont dans une école au code vestimentaire assez lousse merci, si on se fie au type dans la deuxième rangée. Ou à celui dans le coin en arrière, qui s’est dit que la salopette pas de chandail était un style aussi indémodable que le papier à imprimante avec des trous sur les côtés.
Leur école est la plus branchée au monde. Par conséquent, tout peut y être hacké, de l’inscription aux cours jusqu’au déclenchement des gicleurs d’incendie. Et dire que moi, en 2015, je dois encore signer et découper les feuilles en papier que m’envoie l’école pour autoriser ma fille à aller en classe-neige.
Quand ils ne sont pas à l’école, les hackers traînent dans un bar de hackers, parce que semblerait que ça existait en 1995. Se tient là lui aussi : le type avec un luminaire sur la tête.
Soudainement, le Bal en Blanc a l’air sobre et ennuyant.
Le méchant
S’il existait dans la réalité, Eugene Belford aurait inventé les fenêtres pop-up et les mises-à-jour d’iTunes. C’est un méchant.
D’ailleurs, il préfère qu’on l’appelle «La Peste», et son employeur ne trouve pas ça bizarre du tout. Rendu là, tu mérites pratiquement de te faire voler ton argent.
Aussi, La Peste ne croit pas trop à ça, les claviers avec de vraies touches.
Le plan de La Peste? Voler quelques sous sur chaque transaction de la compagnie qui l’engage grâce à un ver informatique, et mettre ça sur le dos de hackers, en faisant chavirer des pétroliers.
Expliqué comme ça, son plan n’a pas beaucoup de sens. Je sais, mais c’est difficile de suivre l’histoire quand La Peste est à l’écran. Le personnage a la subtilité et la nuance d’un Blue Screen of Death. Il est parfait.
Le film et la technologie
Hackers est un film écrit par quelqu’un qui connaît un peu les ordinateurs, mais réalisé par quelqu’un qui a «motdepasse» comme mot de passe pour son courriel Yahoo. Si le réalisateur a déjà vu un ordinateur, il a pensé que c’était une télévision avec une télécommande très détaillée.
Par conséquent, il y a un décalage terrible quand les personnages parlent de RAM et de système UNIX pendant que leur écran montre ce genre de truc :
Finalement, l’interface de Windows 7, ce n’est pas si pire.
Dans le monde de Hackers, les ordinateurs sont des séries de blocs 3D translucides sur lesquels s’affiche du texte bleu ou vert, alors qu’autour circulent de petites lumières qui font «fouiiiiish!» en passant. Ce qui donne au final l’écran le plus confus au monde.
«Je veux juste jouer à Démineur!!!»
Pirater, c’est faire afficher des graphiques cool sur un écran et écrire en l33t.
Le traducteur du film, qui ne parle clairement pas le l33t (quel n00b!), propose très sérieusement :
«Acid Burn exige que tu quittes B quatre ou tu es grillé.»
Aussi, quelqu’un sur le plateau semble avoir mélangé moniteur d’ordinateur et projecteur d’acétates comme à l’école primaire, parce que les personnages ont toujours le reflet de ce qui s’affiche à l’écran dans le visage.
Dans leur univers, tout peut être hacké, même à partir d’un téléphone public. On hacke les feux de circulation de la ville, on hacke la programmation d’une station de télé, on hacke même un journal, pour y placer une petite annonce. Ce qui aurait pu être fait… en appelant le journal pour placer une petite annonce.
Le film atteint son apothéose lors du combat final entre La Peste et les hackers. C’est une scène tellement extraordinaire qu’il est impossible de la décrire. Du cinéma comme ça, ça ne se décrit pas, ça se vit.
Mais malgré tous ses défauts, Hackers est quand même une œuvre visionnaire. Il prédit par exemple le sexisme dans le monde de la techno :
Et il nous rappelle que, même 20 ans plus tard et malgré le buzz autour de l’Occulus Rift, on a tous l’air plouc avec un casque de réalité virtuelle sur la tête :
Les meilleures répliques
- «Tu vois pas que je bigophone au Vénézuéla?»
- «J’ai besoin d’un pseudo, mec. Tu piges? J’ai pas d’identité tant que j’ai pas trouvé un pseudo.»
- Le hacking, «c’est pas cool», déclare un policier. «C’est une merde communiste», ajoute-t-il.
- «Quand on est pirate, il n’y a ni famille ni amis. On est chacun dans son camp. On est parfois alliés, ou ennemis.»
- «Moi, ça me coupe la chique.»
- «Toi et moi, on est des samurais. Des cowboys du clavier.»
- «T’es universellement débile.»
- «En clair, on nage dans le caca.»
- «Joey, c’est toi le plus proche du ver, alors tu vas balancer ton virus. C’est racine et puis slash, point, espace, slash, point, corbeille, point.»
Note finale : 3 vers informatiques sur 5
Un ver informatique, pour ceux qui ne le savent pas, ça ressemble à ceci :
Le réalisateur a décidé de faire de belles images, à défaut d’en faire des réalistes, parce que personne ne souhaite voir quelqu’un taper des lignes de codes pendant des heures. On se retrouve donc avec un film délicieusement daté.
Les acteurs ont du plaisir, même quand ils ne sont pas bons, et vous adorerez regarder le méchant être plus méchant que méchant.
Il est disponible sur Netflix, et à coup sûr, ça va être plus intéressant que quoi que ce soit que vous pourriez regarder sur Meerkat ou Periscope.