Si j’en parle, ce n’est pas pour le 1er mai et toute la symbolique que cette date est censée vénérer ! Il n’y a plus vraiment de raison d’y croire. Non, si je parle de cette femme politique belge, c’est parce qu’elle a été « attaquée » par dessous la ceinture et qu’elle a su remonter le débat.
L’émission flamande Terzake a révélé – ce que l’on savait déjà – que son grand-père Maurice Onkelinx aurait été, durant la seconde guerre mondiale, bourgmestre de sa commune de Jeuk avec l’aval des occupants allemands, qu’il aurait à la fin de la guerre été déchu de ses droits civiques pour être ensuite, assez rapidement, en 1950, réhabilité. Ça, c’est l’histoire. Elle est ce qu’elle est.
Pourquoi « révéler » cela ? Tout simplement parce que Laurette Onkelinx – devenue francophone de par les déplacements de son père Gaston – a été la première a dénoncé les connivences entre les hommes politiques N-VA Jan Jambon, Steven Vandeput, Theo Francken ou encore Siegfried Bracke et l’extrême-droite nationaliste, voire nazie, flamande. Ayant un ancêtre lui-même collaborateur, elle ne pourrait plus rien dire !
Elle a dit. Je cite. Intégralement, parce que tous les mots sont importants. « Les histoires de famille contiennent toutes leur lot de secrets. Une vie éteinte depuis des dizaines d'années révèle parfois de bonnes ou de mauvaises surprises. Je ne sais pas si ce qu'on raconte sur mon grand-père paternel est vrai ou pas. A-t-il collaboré avec l'occupant pendant la guerre ? En tout cas, mon père le dément avec fougue. Ce que je sais, quelle que soit la vérité, c'est que cela ne change en rien mes convictions et mes valeurs. La collaboration avec l'ennemi est inexcusable et j'ai une admiration sans bornes pour celles et ceux qui ont résisté. Et il y en a aussi dans ma famille qui ont eu ce courage. À toutes celles et ceux qui trouvent des excuses à la collaboration pour justifier les choix de leurs ascendants, je leur dis ceci : nous sommes bien sûr les héritiers d'une histoire, mais nous sommes surtout ce que nous décidons d'être. Nos valeurs, nos combats, sont ceux que nous choisissons. C'est ça aussi la liberté : choisir son camp en toute indépendance. Moi j'ai choisi le mien : celui de la démocratie, de la tolérance, de l'ouverture aux autres et de la justice sociale ».
« Nous sommes bien sûr les héritiers d'une histoire, mais nous sommes surtout ce que nous décidons d'être » ! Quelle vérité dans cette réponse ! Quelle force dans cette vérité ! Nous ne sommes pas redevables des errements qu’ont éventuellement faits nos ascendants. Nous sommes libres de décider ce que nous sommes et ce que nous sommes est ce que nous décidons d’être !
Dans les temps troubles que nous connaissons, cette vérité évidente est trop souvent ignorée ou niée. Par exemple, il est étonnant de voir la difficulté qu’ont les Turcs, qu’ils soient toujours au pays ou qu’ils soient immigrés ou issus de l’immigration, à accepter la réalité du génocide arménien. Nous en avons encore eu un exemple concret avec l’attitude d’un collègue de Laurette Onkelinx qui s’est débrouillé pour être absent lors de la minute de silence que les parlementaires fédéraux ont consacrée en hommage aux victimes de ce génocide. Il aurait pu, au contraire, être là et se distancer ainsi de l’horreur qu’ont commise ses ancêtres. En étant absent, au contraire, il manifestait de manière plus ou moins claire sa solidarité avec ceux qui ont commis l’innommable, pourtant nommé « génocide ».
Mais peu importe, aujourd’hui, je ne retiens que la parole forte de Laurette Onkelinx qui a su prendre ses responsabilités et dire clairement ce qu’elle veut être, ce qu’elle est : une démocrate, dusse-t-elle avoir un ancêtre proche collaborateur des pires exactions (ce qu’il n’était d’ailleurs peut-être pas).