Selon l’American Academy of Sleep Medicine, les troubles liés au travail posté, associés aux horaires de travail irréguliers ou qui chevauchent la période habituelle du sommeil touchent plus ‘un travailleur sur 3. D’où une réduction du temps de sommeil, des plaintes d’insomnie ou de somnolence excessive. Le résultat est une baisse de vigilance chronique qui peut représenter un danger pour la sécurité au travail.
Les chercheurs du Meadowlands Hospital (New Jersey) montrent ici que les travailleurs de nuit diagnostiqués comme insomniaques sont ceux qui accusent la diminution la plus sévère de fonction cognitive et de productivité au travail. Leur étude a porté sur 34 travailleurs de nuit dont 26 avaient été diagnostiqués avec un trouble lié au travail posté. Les participants ont été invités à rester éveillés pendant 25 heures dans une chambre privée faiblement éclairée, en laboratoire. Les participants portaient un casque EEG permettant de mesurer l’activité du cerveau associée à la mémoire et à l’attention alors qu’ils passaient des tests de capacité cognitive. Le niveau de somnolence a été évalué par test standard (multiple sleep latency test- MSLT), l’insomnie et la productivité du travail par questionnaire d’auto-évaluation. L’analyse montre que,
· le » décrochage cognitif » de nuit, est plus fortement corrélé à l’insomnie qu’à la somnolence,
· si certains insomniaques se comportent de manière plus alerte, ils rapportent alors plus de fatigue que » les insomniaques endormis au travail « ,
· les déficiences identifiées chez les participants insomniaques étaient de nature à entraîner des conséquences pratiques et graves pour leur santé et la sécurité au travail.
Le Dr Valentina Gumenyuk directeur du Centre de neuroimagerie de l’Hôpital rappelle que l’insomnie en cas de travail posté exige une surveillance clinique et que la majorité des traitements, axés uniquement sur la prise en charge de la somnolence, n’apporteront pas d’amélioration ni pour le patient, ni en termes de performance au travail. Les résultats soulignent ainsi l’importance de traiter sérieusement l’insomnie chez les travailleurs de nuit, ce qui peut améliorer la productivité et la sécurité au travail.
Source: Journal of Clinical Sleep Medicine April 2015 doi.org/10.5664/jcsm.4606 Insomnia in Shift Work Disorder Relates to Occupational and Neurophysiological Impairment