Niven John
416 pages
Éditions Sonatine (2015)
Los Angeles, 2013. Si Kennedy Marr possède de nombreux talents – pour l’écriture, pour l’ivresse, pour la pornographie –, il y a un domaine dans lequel il frôle le génie : celui d’ignorer tout ce qui le dérange. Son éditeur, par exemple, qui attend depuis des années son nouveau roman ; son redressement fiscal, qui porte sur près de 1 million de dollars ; ou encore sa mère, gravement malade en Europe. À force d’ignorer les réalités pour s’abandonner à ses seuls plaisirs, il est aujourd’hui dans l’impasse. Seul un miracle pourrait le sauver de la faillite financière et spirituelle. Et ce miracle a lieu.
Contre toute attente, Kennedy reçoit en effet un prix littéraire richement doté pour l’ensemble de son œuvre. Seule contrepartie : il doit s’engager à enseigner un semestre dans l’université anglaise où son ex-femme est professeur, et près de laquelle vit sa fille qu’il connaît à peine. Enfant terrible, enfant gâté, consommateur impénitent, Kennedy sera-t-il capable d’assumer les renoncements que la maturité exige ? Ou bien l’enfer restera-t-il jusqu’au bout plus séduisant ?
Extrait :
« Comment dire au Dr Brendle qu'il s'était rendu coupable de crimes mortels envers l'amour et qu'il savait que celui-ci l'attendrait au tournant, le jour du jugement dernier ? Que sa dette envers l'amour aurait explosé au moment où il aurait le plus besoin de ses services et qu'il n'aurait de toute façon, lui, plus rien à offrir ? D'autant que l'amour serait un créancier impitoyable. Conclusion : il ne lui restait plus qu'à ouvrir sa bouteille de whisky. »
Mon avis :
Alors qu'il se retrouve pris en étau entre un redressement fiscal qu'il n'a aucun espoir de payer et le règlement d'un divorce qui s'éternise, Kennedy se retrouve obligé d'accepter un prix littéraire, et l'argent qui en découle, contre une année d'enseignement dans une université anglaise où travaille son ex-femme. Ajouté à cela une mère qui dépérit, un frère qui le culpabilise et une fille qu'il ne voit presque jamais, Enfant terrible regroupe tous les ingrédients d'un roman haut en couleurs. Kennedy est l'exemple type de l'anti-héros : machiste, arrogant, vulgaire, dépensier, inconscient. Rien ne donne envie d'être ami avec ce personnage des plus antipathiques qui cumule les aventures. Écrivain à succès, il vogue sur sa notoriété pour se tourner vers la réécriture de manuscrits pour le cinéma pour lesquels son expertise est vivement demandée. Et il ne se donne pas la peine de répondre à son éditrice ou aux autres personnes chargées de sa carrière lorsqu'on lui demande l'avancée de son nouveau roman. Mais à part l'écriture, Kennedy ne prend rien au sérieux dans la vie. Pourtant, il y a des choses qui vont remettre en question son mode de vie. Kennedy va devoir faire face à sa vie, dans laquelle tout ce qu'il pensait acquis semble tomber en ruine. Mais aussi faire face à sa mortalité, à la précarité de l’existence face à la maladie. Des bouleversements dont il va sortir changé, grandit...Une histoire poignante, avec une note de dérision et d'humour qui n'a pourtant pas su complètement me convaincre : j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le récit, perturbée par la personnalité désagréable du héros et par la plume saccadée de l'auteur. J'ai plus de temps que je ne l'aurais souhaité pour appréhender sa façon d'être et apprécier le récit à sa juste valeur.
★★★☆☆