- Les trente glorieuses, phase technocratique, qui prétend protéger l'homme de la nature. Et, peut-être, faire du peuple un animal inoffensif.
- Les décennies suivantes, qui voient la destruction de ce système. On tond l'animal, désormais sans défense.
- Nos idées ont été façonnées par l'ancien système. En quelque sorte, ce qui peut nous arriver est inconcevable. Il faut se préparer à tout abandonner...
- Enantiodromie. Le fait d'avoir voulu s'isoler totalement du risque doit produire un retour de balancier violent. Du fait du point 1, les conséquences du dit retour sont difficiles à prévoir. La solution à ce problème est la "résilience", dont le principe est "l'union fait la force", autrement dit la solidarité. Ce qui est l'antithèse de l'attitude dominante.
En route vers l'inconnu
Il n'est pas impossible que la "révolution numérique" aille dans ce sens. Elle facilite le développement de réseaux humains, d'où capacité accrue d'absorption des chocs. Et aussi stockage d'informations (wikipedia, Moocs), qui permettent à tous de se former, sans avoir besoin de passer par une école que certains sont en train de s'approprier. (Encore faut-il qu'Internet soit robuste.)
Un tel système pourrait voir la fin de la grande entreprise. En effet, dans l'automobile comme ailleurs, elle est devenue une structure d'exploitation de l'homme par l'homme, sans valeur ajoutée. Dans ces conditions peut-être ne faut-il pas regretter la disparition des champions français ? Dorénavant la créativité est ailleurs ? Encore faut-il savoir conserver ou acquérir les connaissances nécessaires à la création. De même, la logique de la résilience étant celle de l'écosystème, elle procède de bas en haut, contrairement aux principes de la société actuelle. Il est donc possible que le monde se développe selon une logique régionale.
Le diable est dans le changement Comment va se passer la transition ? C'est cela la vraie question. Notre société protégeait le faible. C'est ce principe qui disparaît. Enfant, vieux, travailleur précaire, PME sous-traitante... sont en danger. Le geste qui sauve, dans ces conditions, est probablement "l'association", c'est à dire l'entraide. Et la formation d'écosystèmes de compétences complémentaires. Il faut, surtout, que ces écosystèmes parviennent à contrôler, au moins un peu, le "haut", de façon à ce qu'il ne puisse pas se retourner, avec toute sa puissance, contre la veuve et l'orphelin. D'où l'intérêt de "class actions", d'une presse indépendante... ?