Tribune – Gabriel Lagrandcourt, Maurice Laouchez, Max Orville -
Même si les institutions ne sont que ce que les hommes en font, le changement qui interviendra en Guyane et à la Martinique en décembre 2015 marquera une inflexion majeure et positive dans le fonctionnement de la démocratie locale.
Arriver à mieux identifier les responsables de toutes les politiques globales ( développement économique, transports, logement, etc…) constitue un progrès majeur.
La question, cruciale, qui se pose aujourd’hui est simple: les électeurs martiniquais saisiront-ils l’occasion de cette organisation nouvelle pour renouveler le personnel dirigeant, ou décideront-ils de garder en place les partis politiques qui, depuis la décentralisation des années 1980, ont géré le pays?
Depuis le début de la décentralisation, en 1982, le Conseil Régional n’a été géré que par les partis politiques de gauche: PPM,PC, MIM.
Depuis 1989, le Conseil Général est géré par le PPM, le RDM et Bâtir le Pays Martinique.
Il en est de même à la tête des trois Communautés d’agglomération ( Espace Sud, Cacem, Cap Nord).
Les Communes, depuis de longues années, sont massivement « de gauche ».
Très logiquement, les 6 parlementaires, sont également « de gauche ».
Le résultat de toutes ces gestions peut-être regardé de deux manières.
Comparativement à nos voisins de la Caraibe, y compris francophones, la Martinique bénéficie d’un niveau d’équipements et de revenus supérieur à la moyenne. Conséquence automatique de la départementalisation et de l’appartenance à l’Europe.
Mais, et c’est le deuxième regard, son niveau de dépendance par rapport à l’extérieur est également supérieur à la moyenne. Cette dépendance s’accompagne d’un taux de chômage, de délinquance, de trafic de drogue, de pollution, etc… insupportables. La bureaucratie règne, clientélisme et népotisme progressent, la manipulation à l’école et dans les médias battent leur plein.
La Martinique reste l’une des régions du monde où le racisme reste le plus vivace, détruisant toute confiance en soi, chez les plus nombreux.
Les jeunes partent, les touristes désertent, les libertés reculent, le mépris des partenaires observateurs extérieurs s’affiche officiellement, l’île est l’une des régions les plus stressées de France.
Cette crise tient au fait que, depuis plus de trente ans, rien, ou presque rien, n’a été entrepris par nos responsables pour asseoir la dignité martiniquaise. Les discours, les postures, les indignations soigneusement sélectives, les proclamations n’ont pas manqué. Mais, quant au fond, les gauches autonomistes et indépendantistes ont clairement enfoncé la Martinique dans l’assistanat et la dépendance. On n’a cessé de cracher dans la soupe, tout en la buvant goulûment.
Ce peuple, à qui on continue à mentir sur son histoire et sur son présent, est un peuple perdu, déboussolé. Il ne sait où aller.
Or peu de peuples ont entre leurs mains autant d’atouts: une intelligence née de l’obligation de s’adapter à une histoire cruelle, un climat qui fait envie, une richesse botanique exceptionnelle, un positionnement-carrefour, un rattachement génétique aux plus grandes civilisations de la planète.
QUE FAIRE ?
L’approche de l’élection à la collectivité territoriale exige d’aller à l’essentiel, qui tient en six points basiques.
- Une révision profonde du contenu et des méthodes d’éducation dès la maternelle intégrant notre réalité.
- Un silence de 15 ans sur tout problème de statut, hors la participation aux débats nationaux sur l’indispensable décentralisation de la France.
- Une priorité budgétaire absolue à l’emploi par la réalisation d’équipements qui manquent scandaleusement au pays: transports, logements sociaux, urbanisme pour la vie quotidienne des Martiniquais.
- Pour l’emploi et la sécurité économique et psychologique des Martiniquais, un plan chiffré et daté de sécurité alimentaire, de sécurité énergétique, et d’attractivité touristique et économique, notamment grâce à une zone franche globale.
- Pour un meilleur fonctionnement de la démocratie, la transparence, sur internet, pour toutes les dépenses de la nouvelle collectivité.
- Pour une amélioration rapide de la qualité de vie et pour l’emploi, la semaine négociée de quatre jours pour tous les nouveaux recrutements et le développement négocié du temps partiel avec allègement des charges pour les salariés et pour les entreprises.
L’adhésion à un tel programme, pour ceux qui se revendiquent de la gauche comme de la droite, nous parait être l’une des meilleures bases de lancement de la Collectivité territoriale de Martinique.
Merci à Louis DESSOUT de nous avoir signaler cette réflexion sur la future CTM de nos voisins ! Le constat de la crise est très sévère : je cite
" On n’a cessé de cracher dans la soupe, tout en la buvant goulûment".
Le programme est ambitieux ! Il est basé sur un questionnement : je cite
" les électeurs martiniquais saisiront-ils l’occasion de cette organisation nouvelle pour renouveler le personnel dirigeant, ou décideront-ils de garder en place les partis politiques qui, depuis la décentralisation des années 1980, ont géré le pays ?
Attendons pour voir !