À défaut d’avoir pu évaluer les quelques nouveautés apportées au millésime 2015, qui n’était malheureusement pas encore disponible au moment de notre essai, nous avons pris le volant de la version la plus puissante du Forester dans sa configuration 2014. Avec 241 ch sous le capot et des performances dignes d’une bombinette, le Forester XT est un oiseau rare qui ne démérite pas.
Légère mise à jour
Initialement lancé en 1997, le Forester a commencé sa carrière sous forme de break surélevé au look baroudeur, avant de se transformer petit à petit en SUV compact (4,60 m de longueur tout de même), tel que nous le connaissons aujourd’hui. Sa quatrième génération, commercialisée début 2013, s’offre quelques évolutions en cette année 2015, à commencer par un habitacle mieux fini, une insonorisation du compartiment moteur optimisée, un nouveau système d’infodivertissement à écran tactile de 7 pouces et surtout, l’association inédite du 2.0 l diesel de 148 ch avec la boîte automatique à variation continue CVT. Un groupe motopropulseur qui s’est fait désirer, et qui devrait stimuler les ventes du modèle le plus vendu de la marque. Extérieurement, le modèle 2015 demeure inchangé ou presque, puisque l’unique élément qui évolue n’est autre que l’antenne radio.
Quoi ma gueule ?
Parlons-en, justement, de sa gueule. Si le modèle de base souffre d’une allure insipide, pour ne pas dire coréenne, la version XT convainc davantage, notamment grâce à une face avant plus travaillée, avec deux prises d’air en forme de boomerang de part et d’autre du pare-chocs. On apprécie aussi les jantes 18 pouces et la double sortie d’échappement, qui accentuent le dynamisme de l’ensemble. J’en conviens, le Forester XT n’est toujours pas présentable à un concours de beauté, mais il s’en sort tout de même avec les honneurs. À l’intérieur, le constat est semblable, avec une planche de bord banale, mais fonctionnelle, des matériaux de qualité moyenne, bien que plutôt agréables à l’œil, et une qualité d’assemblage douteuse à quelques endroits, notamment au niveau des montants du pare-brise et du bas des portières. Un peu contrariant pour une version haut de gamme débutant à 38 995 €. Cela dit en passant, le modèle 2015 devrait, du moins en partie, remédier à ce problème. Inutile donc de s’éterniser sur la question.
Spacieuse et confortable
Si son intérieur est un peu tristounet, le Forester se rattrape largement niveau habitabilité. À commencer par une très bonne visibilité périphérique, qui est due à l’importante surface vitrée du véhicule. L’espace est généreux, à l’avant comme à l’arrière, avec des sièges avant moelleux, mais qui manquent de maintien aux lombaires, une banquette arrière confortable et une cinquième place tout à fait utilisable grâce à un tunnel de transmission étonnamment discret. Petit détail intéressant, le bas des portières se prolonge jusqu’au niveau des bas de caisse, afin d’éviter de salir son pantalon en s’installant à bord. Bien pratique à la campagne. Côté équipement, le XT ne fait pas dans la demi-mesure, puisqu’il limite ses options à peu de choses près au radar de stationnement à l’avant (399 €) et à la garantie 5 ans ou 150 000 km (1 039 €). Les sièges électriques (uniquement le siège conducteur) et chauffants, le grand toit ouvrant panoramique et le système de navigation sont de série, à l’instar des phares au xénon, des vitres teintées, du hayon à commande électrique et de la banquette arrière rabattable en 2 parties (60/40). En revanche, pas d’équipement technologique dernier cri en vue. Avertisseur de sortie de voie, détecteur d’angle mort, freinage automatique d’urgence, tous manquent à l’appel. Quant au coffre de 505 l, il n’est pas transcendant, mais reste dans la moyenne de sa catégorie. Une fois les sièges rabattus, sa capacité atteint les 1 592 l, avec un plancher qui n’est pas tout à fait plat. Dernier détail, les passagers bénéficient de 3 prises 12V, deux dans l’habitacle et une dans le coffre.
Performances et comportement vigoureux
Avec son 2,0 l turbo essence de 241 ch (à 5 600 tr/min) et 350 Nm de couple (de 2 400 à 3 600 tr/min), le Forester n’a aucune peine à déplacer ses 1 607 kg (à vide) avec vigueur, et à tracter des charges de 2 tonnes. Le 0 à 100 km/h annoncé en 7,5 sec en témoigne, tout comme la vitesse de pointe qui atteint 221 km/h. À titre de comparaison, le BRZ ne fait guère mieux. À l’usage, le bloc a du répondant, pour autant qu’on le maintienne au-delà des 2 000 tr/min. Très bien insonorisé en conduite normale, le quatre pattes Boxer fait joyeusement siffler son turbo lorsqu’on le sollicite franchement, ce qui contribue à l’agrément de conduite. Un agrément qui est cependant limité en ville, principalement en raison de l’accélérateur trop sensible, qui a tendance à rendre les démarrages assez brusques. La boîte de vitesses à variation continue CVT se montre pour sa part douce et réactive, gommant cette désagréable impression de patinage permanent habituellement propre à ce type de transmission. Trois modes de gestion sont proposés (I, S et #S), avec la possibilité de changer soi-même les rapports à l’aide des palettes au volant. Un mode manuel fort appréciable, qui a l’intelligence de ne pas passer les rapports automatiquement à l’abord de la zone rouge. La consommation navigue aux alentours des 10/12 l, sauf en ville, où il lui faut au bas mot 2 bons litres en plus au 100 km.
Niveau comportement, les quatre roues motrices permanentes assurent une motricité irréprochable et une tenue de route sécurisante, à défaut d’être excitante. Le centre de gravité reste haut perché et la direction manque un peu de précision. En définitive, malgré un faible roulis et une certaine agilité, il est davantage question de dynamisme que de sportivité, même si l’expérience de conduite est globalement satisfaisante. Plus ferme que sur les autres modèles, l’amortissement assure toujours un confort acceptable, même sur routes dégradées.
Pour les clients désireux de s’aventurer hors des sentiers battus, le Forester promet d’ambitieuses capacités de franchissement, notamment grâce au X-Mode qui gère la transmission intégrale de manière à optimiser la motricité du véhicule sur les surfaces glissantes, pour autant qu’on se limite à 40 km/h. Aussi, il offre une fonction de freinage automatique dans les pentes ardues, pour éviter que les roues ne se bloquent inopinément. Précisons qu’avec sa garde au sol de 22 cm, il affiche un angle d’attaque, de franchissement et de fuite de respectivement 25, 22 et 25 degrés.
Un oiseau rare
Comparé à la concurrence, en matière de ventes, le Forester ne fait pas le poids, du moins en Europe. Avec 13 889 unités vendues en 2014 sur le vieux continent, il est bien loin du leader du segment, le Nissan Qashqai, qui s’est écoulé à plus de 202 000 unités. Peu importe, le Forester reste avant tout un véhicule de connaisseurs, grâce à sa transmission intégrale permanente, une habitabilité accueillante et de réelles capacités tout chemin, ce qui est loin d’être la norme dans sa catégorie. Bénéficiant désormais d’une meilleure finition (à confirmer) et d’une motorisation diesel accouplée à la boîte CVT, le Forester devrait sereinement continuer à ravir ses inconditionnels. Quant à sa motorisation la plus musclée, si elle lui apporte une vigueur inattendue, elle pêche logiquement par une consommation excessive.
Les +
Les -
Habitabilité généreuse
Gênes de baroudeuse
Performances étonnantes (version XT)
Design intérieurPeu d’équipement technologique
Consommation excessive (version XT)
Adrian Jehin pour E-TV
Crédits photos : Nathan Fougnies