Demain, on se reposera pour fêter le travail. Et c’est bien nécessaire tant en avoir est devenu une véritable fête de tous les instants, une chance à laquelle beaucoup aspirent et que de moins en moins connaissent. Et c’est d’autant plus vrai que les derniers chiffres du chômage sont tombés, avec le bruit mat et lourd de ces statistiques qui marquent d’une pierre noire les gamelles les plus habituelles de la Socialie hollandesque.
Le constat est sans appel, l’inversion de la courbe du chômage, pourtant convoquée avec insistance par les danses tribales du clan socialiste, n’arrive toujours pas. Plus d’un an s’est écoulé depuis le premier rituel chamanique invoquant les esprits de Jaurès et Blum, sans succès : le chômage continue de monter, et pas qu’un peu puisqu’on vole de records en records.
Malgré ces chiffres particulièrement crassous en terme de bilan socialiste, deux paradoxes subsistent, obstinément.
Le premier, c’est l’optimisme assez spectaculaire des Français, en regard d’une conjoncture particulièrement défavorable. Il semble en effet que le moral des ménages, à 94, soit en augmentation d’un point en avril par rapport à mars. C’est donc de mieux en mieux même si cela reste reste néanmoins en dessous de sa moyenne depuis 1987 (100), d’après l’INSEE. Apparemment, ce plutôt bon moral tiendrait à une amélioration des finances personnelles des ménages et à des perspectives financières futures jugées bonnes. Un analyste, Diego Iscaro, économiste chez IHS economics, met cette bonne humeur sur le compte de la très faible inflation :
« Cette confiance en hausse laisse penser que les ménages ressentent le bénéfice d’une inflation très basse, qui compense l’impact négatif lié à un marché du travail toujours en difficulté. Nous estimons que la consommation privée sera le principal moteur de croissance en 2015. »
Bah, pourquoi pas…
On peut en tout cas se demander si cet optimisme, qu’on peut difficilement baser sur une hypothèse de reprise de la croissance tant cette dernière semble hardie, ne serait pas le résultat d’un décalage entre la réalité, assez morose pour friser l’euphémisme, et le discours léni(ni)fiant du gouvernement devant l’adversité.
Et justement, c’est le second paradoxe de ces chiffres entêtés dans la médiocrité : alors que le sort s’acharne sur l’exécutif français, un ministre au moins est décidé à voir la vie du bon côté, rejoignant en cela l’optimisme bizarre des ménages sondés et des patrons interrogés. Contre vents et marées, François Rebsamen entretient la flamme.
Et pour entretenir, il entretient, le François. C’en est même héroïque puisqu’il en vient à analyser la dérivée de la fameuse courbe (celle qui refuse de s’inverser) pour y trouver son bonheur :
Il y a une augmentation sur l’ensemble du trimestre de 9 000 demandeurs d’emploi, 3 000 par mois, c’est la plus faible augmentation depuis 2011. J’y vois un signe encourageant.
Youpi, ça augmente, mais juste un peu moins vite, et encore, à condition de travailler en moyenne et sur les trois derniers mois, et en se contentant de la seule catégorie A de chômeurs. Si la fantaisie vous prenait de prendre les catégories B et C et de regarder, brutalement, le mois de mars, vous constateriez que l’augmentation ne se ralentit pas, et qu’on a amplement dépassé les 5 millions de personnes inemployées. C’est catastrophique.
Le décalage entre la parole gouvernementale (qu’on devrait écrire maintenant gouvernementable, tellement tout ceci est lamentable) et la réalité est tel que le déni grotesque est commenté par tout ce que la presse compte encore comme quotidiens. Autrement dit, même les plus fervents supporters du gouvernement (subventions obligent) se retrouvent à devoir admettre le gouffre béant entre la réalité et le discours du ministre, du Figaro au Monde en passant par les organes plus ou moins officiels. Même Libération, épave journalistique que je me refuse à classer au même endroit que les autres journaux tant sa souffrance est apparente, est obligé d’admettre la déroute du bout du clavier.
Cependant, au contraire du précédent paradoxe qui ne trouvait pas vraiment d’explication satisfaisante, au moins le ministre du chômage fournit-il lui-même la raison pour laquelle il s’astreint à un tel optimisme, même devant des éléments déchaînés et des journalistes éberlués. Pour lui, c’est très simple, admettre un chômage en hausse, concéder à la réalité que la situation, sur le front de l’emploi, est franchement préoccupante et que la bataille engagée ressemble nettement plus à Waterloo qu’à Austerlitz, bref, remettre les pieds sur Terre serait … faire le lit de l’extrême-droite.
Vous avez bien lu, ou bien entendu si vous écoutiez l’interview politique de France Info dans laquelle il a donc sorti cette saillie mémorable :
« On peut toujours se complaire dans une sorte de défaitisme, de déclinisme, de pessimisme… Et faire ainsi – c’est le cas de ceux qui le font, souvent – le lit de l’extrême droite. »
En somme et pour résumer avec la même finesse que le ministre, « Si t’es chômeur, t’es pas Charlie » puisque tu fais preuve de pessimisme et fais ainsi le lit de l’extrême-droite.
Pas de doute : à l’instar d’un Sapin qui appelait de ses vœux un impôt ludique ou d’un Valls qui émettait récemment le souhait d’instaurer des cours d’improvisation dans l’enseignement français, Rebsamen balance deux ou trois conneries énormes histoire d’occuper la galerie tout en prenant presque ouvertement les Français pour des demeurés.
Quelque part, il a raison : son job, à lui, n’est guère menacé et s’il continue sur sa lancée sans trop faire de vagues, il pourrait tenir suffisamment longtemps pour obtenir ses droits à la retraite. Mieux encore, il n’est pas impensable qu’aussi stupides soient les réflexions du ministre, il ne lui ait pas échappé que la situation pourrait bien trouver un dénouement heureux, totalement fortuit et indépendant de sa volonté, mais heureux tout de même et au timing possiblement bien pratique.
En effet, dans les années à venir, la masse de retraités ne va pas arrêter de grossir, papy-boom oblige, et leurs départs en retraite se traduira par un besoin de 177.000 postes nets par an d’ici à 2022. Oh, bien sûr, on ne résorbera pas ainsi 5 millions de Pas-Charlies, mais le pouvoir socialiste table peut-être sur cette tendance ferme pour afficher enfin un reflux du chômage d’ici à 2017…
Comme Walter Mitty François Rebsamen, on peut rêver. Il n’en restera pas moins vrai que ces départs en retraite ne modifieront pas la donne en mieux du côté des comptes sociaux puisqu’aux chômeurs, payables un minimum, on substituera des retraités dont on pourra assez difficilement diminuer la pension sans déclencher le courroux, électoralement suicidaire. Bref, on peut tortiller les chiffres comme on veut, l’avenir n’apparaît rose que pour les politiciens haut placés, finalement.
A tout prendre, le déni est peut-être leur meilleure option.
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