Aujourd’hui je vous raconte l’histoire d’un mec pas très sympa. En fait, il est ce que l’on appelle un serial killer. Henri Désiré Landru a été surnommé le « Barbe bleu de Gambais ». Qui est-il ? Qu’a t’il fait ? Pourquoi a t’il été guillotiné en 1922 à Versailles ? Bin parce qu’il est tueur en série on a dit. Voici son histoire.
Au début, tout va bien
Henri Désiré Landru a eu une enfance classique. Il est né en 1869 et vit dans une famille modeste dans le quartier de Belleville. C’est le fils d’un chauffeur et d’une blanchisseuse. Il ses démerde bien à l’école, et il va même faire des études. C’est pas un teubé quoi. Il devient commis d’architecte, alors qu’il hésitait à rentrer au séminaire pour devenir prêtre après de longues années en tant qu’enfant de chœur et de sous-diacre. Bref, tout se passe bien. Il est plutôt beau gosse, pas trop de cheveux mais une belle barbe de Hipster, alors il va épouser sa cousine… Bin ouais… Marie-Catherine Rémy en 1893, avec qui il va avoir quatre enfants. Ensuite, ça va être le début des emmerdes. La famille n’a pas d’argent et Henri va se révéler être un joyeux farceur. Enfin, un escroc quoi.
De l’escroc au séducteur
Tout commence dans les années 1900, et tout va aller très vite. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Landru va commettre des petits délits. Il va chouraver des trucs. Et puis, il va escroquer quelques personnes. Il annonce avoir créé une fabrique de bicyclettes, alors il lance une grande campagne de pub. Pour commander l’engin, il faut avancer 75% du prix. Il a eu de nombreuses commandes, mais il n’a jamais fabriqué quoi que ce soit. Pour ça, il va faire de la prison. Et puis, en sortant de prison, il vaut bien vivre, alors sous une fausse identité, il va acheter un garage et le revendre, sans l’avoir encore payé à l’ancien propriétaire. Et puis il disparaît. En tout il va faire plusieurs années de prison. En 1909, il va se fiancer avec une meuf, prendre sa dot, puis se barrer. Ça lui coûte 3 ans de plus en zonzon. Mais loin de le calmer, au contraire, Henri va mettre en place une stratégie pour draguer les gonzesses et se faire des thunes…
Le passage à l’acte
Henri Désiré Landru est très élégant, et en plus, il est malin. Dès le début de la Première Guerre mondiale, les femmes sont seules, ou mieux, elles sont déjà veuves. Alors en 1915, Riri va entreprendre de les séduire par un procédé très à la mode, les petites annonces matrimoniales « futur serial killer, barbe propre sans le sous recherche meuf bonne naïve et blindée de fric ». En fait, c’est plutôt « veuf, marchand de meubles, revenu confortable recherche femme pour mariage ». Faut dire que c’est plus élégant, mais bon… Il n’est ni veuf, ni marchand de meubles, et n’a pas vraiment une situation confortable. Enfin, il n’a pas l’intention de se marier.
Lorsqu’une femme répond à son annonce, il l’invite dans une maison qu’il loue à Vernouillet, puis à Gambais (trentaine de km de Paris).
Tout ne se fait pas en un rendez-vous, évidemment. Le but étant de se faire du fric, Henri est élégant, galant, il invite au restaurant et propose aux meufs d’adopter leurs enfants et de les aider à gérer leur budget. Bin oui tiens. Naïves comme des crevettes, les femmes acceptent, et alors, il faut les éliminer, elles et leurs enfants.
A Vernouillet, Landru va tuer Jeanne Cuchet et son fils de 17 ans. Ce sont ses premières victimes. Ainsi que trois autres femmes.
Pour se faire discret, il déménage donc à Gambais.
La cuisinière de Gambais
Henri déménage, mais ne change pas de technique. Après avoir eu procuration sur l’argent des meufs, il les tue. En revanche, Riri s’équipe bin oui. C’est pas facile de faire disparaître des corps. Surtout quand il y en a régulièrement, du coup, il achète une cuisinière en fonte. Il va cramer les cadavres. Et des victimes, il y en a six en deux ans dans cette nouvelle maison tout de même. Malheureusement, les voisins trouvent un peu louche cette fumée acre et malodorante qui s ’échappe de la maison de Landru. Le mère de Gambais va recevoir deux lettres, une de Me Pellat qui se plaint de la disparition de son amis Anna Collomb récemment installée à Gambais chez son fiancé M. Dupont. Dupont c’est le surnom de Landru, pour ceux qui ne suivent pas. La deuxième lettre est celle d’une jeune fille qui s’inquiète de la disparition de sa sœur, dans les mêmes circonstances, sauf que Landru se fait appeler monsieur Frémyer. Le village faisant moins de 1000 habitants, les mecs commencent rapidement à faire le lien entre les disparition et le mec qu’on croise tout le temps avec des meufs différentes.
Aussi,en 1919, le vent commence à tourner pour le serial killer… Alors il rentre à Paris, où il sera reconnu et arrêté le 12 avril 1919. A ce moment là, il se fait appeler Lucien Guillet. Il est d’abord accusé d’abus de confiance et d’escroquerie. Et après quelques recherches à Vernouillet et Gambais, il est accusé de meurtre. Bin oui, c’est bien la cuisinière mais ça ne fait pas disparaître les dents, pas complètement les os et encore moins les attaches des corsets… Ici, la cuisinière (ce n’est pas sale).
Pendant ce temps, sa femme et ses enfants le croient brocanteur, en vadrouille dans la région. Il rentre les voir régulièrement pour leur apporter de l’argent. Mais maintenant, c’est terminé.
Landru face à la justice
L’enquête va durer plus de deux ans, avec plus de 90 identités, c’est difficile pour les autorités d’accumuler les preuves. Jusqu’au jour où les flics vont tomber sur des petits carnets. Landru est un petit cinglé qui note tout. Sur ces pages on peut lire tous les noms des femmes qu’il a rencontrées, soit plus de 283 en 5 ans… Un vrai dossier le truc. Heureusement, il n’est pas arrivé à ses fins avec toutes. Il note aussi les frais ex : « Train pour Gambais un aller-retour 3,85 F. Un aller simple, 2,40 F ». Bin oui, le retour n’était pas nécessaire, elle a terminé la soirée dans la cuisinière… On retrouve aussi quelques achats de type : scies à métaux et à bois. Mais il n’a jamais été très bricoleur !
Landru va toujours tout nier. Non, ce n’est pas lui, il n’est pas au courant. Bien sûr que c’est un coureur de jupons, il aime les femmes, les séduit, mais c’est tout hein. Pourtant les noms des victimes figurent sur ses carnets : Jeanne-Marie Cuchet et son fils André, Marie-Thérèse Laborde-Line, Marie-Angélique Guillin, Berthe-Anna Héon, Anne Collomb, Andrée-Anne Babelay, Célestine Buisson, Louise-Joséphine Jaume, Anne-Marie Pascal et Marie-Thérèse Marchadier.
Le 7 novembre 1921, à Versailles, c’est le début du procès. Il se paie le meilleur des avocats, avec l’argent de ses victimes… Maitre Vincent de Moro-Giafferi. Pendant le procès, il s’écrit « Ces femmes dont vous dites qu’elles sont mortes, elles vont maintenant faire leur apparition ». Tout le monde est effaré et regarde les portes du tribunal, même les juges évidemment. Alors l’avocat ajoute « Vous avez regardé, vous n’êtes donc pas sur que ces femmes ont mortes ». Il est malin le mec, super malin, mais pas Landru. Landru n’a pas regardé, et le juge l’a vu. Alors le juge ajoute « Toutes les têtes se sont tournées, maitre, sauf celle de votre clienté.
C’est terminé pour Henri Désiré, il est reconnu coupable. En plus, Henri Désiri est considéré comme un planqué. Alors que tous les hommes du pays mourraient à la guerre, lui, draguait leurs meufs…
Le 25 février 1922, Landru est guillotiné à Versailles.
En moins de cinq années, le mec a réussi à se faire 35 000 francs de l’époque. C’pas mal ! Et le plus drôle dans cette histoire. Enfin drôle… j’m'entends quoi… C’est que celle qui allait être sa nouvelle victime, Fernande Segret, reste à ses coté tout le long du procès, refusant de croire à sa culpabilité. Parfois les meufs… j’te jure… Elle se suicidera le jour de la mort de Landru. Mais 50 ans plus tard.
Illustrations : Gallica