Magazine Culture

Le Chœur des femmes de Martin Winckler

Publié le 29 avril 2015 par Caroline @Lounapil

Le Chœur des femmes de Martin Winckler

Le Chœur des femmes de Martin Winckler,

   Publié aux éditions Folio,

   2011, 688 pages.

Je m’appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de  » Médecine de La Femme « , dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste! S’il s’imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu’est-ce qu’il croit? Qu’il va m’enseigner mon métier? J’ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur coeur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu’elles pourraient m’apprendre.

Le Chœur des femmes est un roman fort et poignant que toute femme devrait lire. Il met en scène Jean Atwood, jeune interne en chirurgie gynécologique, catapulté dans l’unité 77 de la maternité de Tourmens pour effectuer son stage obligatoire de 6 mois. Cette unité, Jean n’en veut pas. L’interne aux dents longues n’est pas passionné par les problèmes de règles, de pilules oubliées par les femmes. Dès son arrivée dans le service, le jeune interne le fait bien sentir au docteur Karma qui supervise l’unité. Les deux médecins font un pacte: l’interne Atwood doit rester une semaine dans l’unité. A la fin de cette semaine, il aura le droit de claquer la porte et de faire autre chose.

Dès le départ, on déteste Jean Atwood. Cet interne en chirurgie est arrogant, méprisant envers les femmes. Seule la chirurgie l’intéresse. On déteste encore plus cet interne quand on découvre que Jean est en fait une femme! L’auteur mène bien son lecteur en bateau puisque c’est seulement au bout d’une trentaine de pages qu’on découvre le pot aux roses! En effet, Jean se prononce « Djinn ». Jean apparaît alors comme une femme odieuse, hautaine et cruelle. Elle semble détester les autres femmes toutes sentimentales et fragiles à ses yeux.

Il faut dire que le parcours de Jean est assez compliqué. C’est une interne très douée et vraiment brillante. Elle a su faire sa place dans un monde d’hommes et elle n’entend pas la laisser à quelqu’un d’autre. Elle est donc exigeante avec elle-même mais surtout avec les autres. Sa confrontation avec le docteur Karma est explosive. Elle ne comprend pas cet homme qui passe des heures en consultation avec des patientes pour seulement, parfois, les écouter, sans même les ausculter.

Au départ, le lecteur déteste cette jeune arriviste et puis au fil des pages, l’auteur parvient à changer la donne. Au contact des patientes, Jean s’adoucit et on suit l’évolution de ce jeune médecin tout au long de la semaine qu’elle va passer avec le docteur Karma. Ce dernier remet en cause l’enseignement qu’a reçu Jean. Elle a ingéré des quantités de cours, d’informations. Elle a été formatée par ses cours de fac au détriment d’un enseignement basé sur l’humanité et l’écoute de l’autre. Quand une patiente se présente, la seule chose qui compte c’est de trouver un remède à ses symptômes sous forme de prescriptions. Or Karma va enseigner à Jean une toute autre manière de soigner: l’écoute, la compréhension de l’autre et surtout le non jugement.

Le roman de Martin Winckler est émaillé de références médicales et de vraies réflexions sur ce qu’est le métier de médecin aujourd’hui. Non, un médecin n’est pas Dieu. J’ai beaucoup appris dans ce roman. Le docteur Karma remet en cause bon nombre de clichés sur la contraception, l’IVG, l’examen gynécologique. Il montre que la femme est offerte au médecin qui fait d’elle et de son corps ce qu’il souhaite. Karma est un médecin qui prône d’autres alternatives plus douces et surtout plus humaines.

Le roman suit l’évolution de Jean tout au long de cette semaine dans l’unité 77. Confrontée à des destins de femmes mal dans leur peau, violées, battues ou tout simplement lassées de leur vie de femme, on souffre, on est émue à ses côtés.

Seule la fin du roman m’a un peu déçue. L’auteur a souhaité donner à son roman un tour sentimental avec une intrigue familiale qui apparaît superflue à mes yeux. Le parcours de Jean dans l’unité 77 suffisait largement.

Le Chœur des femmes est en tout cas un roman empli d’humanité, fort et intense qui permet d’en apprendre plus sur la condition des femmes. Certaines vérités sont effrayantes et méritent d’être connues et dénoncées, chose que parvient parfaitement à faire l’auteur de l’ouvrage. Chaque femme et chaque médecin devrait prendre connaissance de ce roman qui remet en cause bien des idées reçues….


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Caroline 2329 partages Voir son blog

Dossiers Paperblog

Magazines