Connasse, princesse des coeurs // De Eloïse Lang et Noémie Saglio. Avec Camille Cottin.
Vous avez aimé la série de Canal +, vous adorerez Connasse le film. L’avantage c’est que le film ne dénature pas le procédé original, celui du film intégralement tourné en caméra cachée ce qui permet au spectateur d’en apprendre intégralité de façon assez intéressante. Je ne m’attendais pas du tout à ce que cela soit aussi efficace bien que Sacha Baron Cohen avait déjà testé le procédé avec son Borat (puis Brüno) avec Larry Charles derrière la caméra. Mais au delà du fait que le procédé est conservé, ce que j’apprécie également avec cette version cinéma de l’histoire de Connasse c’est que Camille Cottin arrive à porter le film à elle toute seule tout au long de l’heure et demie. On ne s’ennuie pas, rythmé par les répliques ciselées de l’actrice qui trouve toujours la bonne réplique au bon moment pour nous satisfaire pleinement. La vulgarité de notre connasse nationale est toujours aussi efficace, même chez les anglais. Le film se permet également de faire des références à la série (que cela soit lors d’une séance d’essayage) et c’est là aussi judicieux et permet de faire des clins d’oeil à ceux qui connaissent déjà l’univers de Connasse ailleurs qu’au cinéma. Camille Cottin n’a de cesse de nous surprendre tout au long du film, délivrant bien sauvent répliques sur répliques sans temps morts.
Camilla, 30 ans, Connasse née, se rend compte qu'elle n'a pas la vie qu'elle mérite et décide que le seul destin à sa hauteur est celui d'une altesse royale.
Par ailleurs, j’ai retrouvé un peu de Borat dans ce film dans le sens où il y a une enquête. Borat voulait rencontrer Pamela Anderson, Camilla veut rencontrer le Prince Harry. Il y a donc là dans quelque chose d’assez similaire. Mais au delà de cette similitude, ce que je trouve d’intéressant c’est que les deux films partagent aussi les péripéties qu’ils vont pouvoir suivre avant la rencontre et surtout avant la désillusion (car il y en a bien une). Le film ne fait pas attention à l’étiquette et se permet donc toutes les folies. Je trouve que c’est tout simplement drôle car le film n’a de cesse de se moquer du monde du Prince Harry, de là où il vit à ce qu’il peut faire (se permettre de se moquer de jeux paralympiques pour les blessés de guerre c’est tout de même quelque chose qu’il fallait oser par exemple). Le film ne sort pas des rangs et veut nous proposer sur grand écran quelque chose de fidèle à la série dont on a pu tomber amoureux sur le petit écran. C’est une excellente nouvelle que de voir le scénario rester cohérent dans ce sens là et surtout particulièrement délirant. Les gags s’enchaînent, on passe même par la case commissariat à plusieurs reprises histoire de donner dès le début du film un peu de consistance à ce que celui-ci veut bien nous raconter.
Connasse n’est pas un film de mise en scène (même si le procédé de la caméra cachée reste très bien utilisé et les angles souvent bien choisis même si l’on se demande parfois, quand on a un plan large, où est la caméra et pas seulement dans le sac de notre héroïne). Si le succès est au rendez-vous et que les scénaristes trouvent un moyen de nous proposer une histoire de Connasse autre qu’une histoire d’amour, alors je suis partant pour un second volet. Camille Cottin était déjà une révélation dans la série de Canal + et elle l’est encore plus dans Connasse princesse des coeurs. Porter un film d’une heure et demie n’est pas ce qu’il y a de plus facile et pourtant, elle relève le défit haut la main et je ne m’y attendais pas du tout, comme quoi… Le film s’impose aussi une certaine forme de rythme qui lui colle bien à la peau. Connasse ne veut pas trop en faire sur les gags non plus et nous propose donc aussi quelques moments à tête reposées où le film prend le temps de parler des projets de l’héroïne, de ses états d’âme et donc de créer une certaine forme d’émotion qui n’a rien de brillante mais qui est là pour équilibrer un film qui aurait probablement été trop lourd s’il avait donné l’impression d’enchaîner les pastilles de la série.
Note : 7.5/10. En bref, une bonne petite comédie française originale tant dans la forme que dans le fond. C’est irrévérencieux et Camille Cottin porte le tout sur ses épaules sans problèmes.