Avouons-le : certains films viennent titiller furieusement vos préjugés. Un titre qui joue sur le vulgaire, faisant craindre un humour gras et bas de gamme calqué sur les comédies américaines « trash » et graveleuses, un synopsis maigrichon plutôt quelconque, et une énième adaptation d’une série TV… Connasse, princesse des coeurs avait tous les défauts requis pour me faire lever les yeux au plafond et soupirer d’ennui avant même le début du film.
En à peine deux minutes, Camille Cottin a déboulé telle une tornade sur grand écran avec un aplomb ravageur, un sens de l’auto-dérision irrésistible, un bagou surprenant, réduisant à néant mes stupides a priori.
Pendant 1h20, le spectateur assiste à une succession de situations rocambolesques, ahurissantes de drôlerie, au ressort comique d’autant plus efficace que le film est tourné en caméra cachée, exigeant un rouage extrêmement précis.
Jouer au chauffeur de taxi pour touristes qui déblatère avec une franchise désarmante, alpaguer avec outrecuidance le « Duc de Bern » pour lui demander conseils, escalader les grilles de Kensington Palace en talons aiguilles, improviser un défilé de mode avec la garde royale tête haute, sans sourciller… Camilla ose, brave et défie, ne s’embarrasse d’aucune limite, débite ses répliques savoureuses avec la même précision que s’il s’agissait de sa carte Gold, pense tout haut ce que les autres disent tout bas, se moque des autres presque autant que d’elle-même, le tout en conservant une certaine élégance et en ne versant jamais dans la vulgarité.
Eloïse Lang et Noémie Saglio signent une comédie endiablée, déjantée et rondement menée, et ont trouvé en Camille Cottin une remarquable interprète (dé)culottée qui parvient contre toute attente à s’attirer notre sympathie.
« Il ne faut jamais avoir de préjugés, ni juger les gens sans les connaître » écrivait Oscar Wilde. Une citation que nous tâcherons désormais de garder en tête!
Sortie le 29 avril 2015.