Les Coréens, d’où qu’ils viennent, ont en commun leur langue, le coréen, et son alphabet spécifique, le hangul. Or comme chacun sait, la péninsule est séparée en deux depuis 1948. Il y a d’un côté la Corée du Sud, capitaliste, qui joue un rôle clé dans la mondialisation, et de l’autre celle du Nord, communiste, qui vit en totale autarcie, sans connexion avec le reste de la planète.
Une aberration géopolitique qui commence à avoir des conséquences linguistiques.
Ainsi, lorsqu’un Nord-Coréen parvient aujourd’hui à trouver refuge en Corée du Sud, il se trouve confronté à un problème qui le dépasse : il peine à comprendre le coréen « moderne », celui du Sud, avec son argot, ses anglicismes, ses références, son discours imagé, bref, tout ce dont il s’est nourri durant 67 ans.
A Séoul, un Nord-Coréen ne comprend pas un mot sur trois de sa propre langue
En Corée du Nord, dans un pays où la culture occidentale est proscrite, où l’accès à Internet est réservé à une élite, où la télévision est un outil de propagande, la langue coréenne n’a profité d’aucun brassage et s’est figée dans le temps.
Et le résultat est édifiant. A Séoul, un Nord-Coréen ne comprend pas un mot sur trois de sa propre langue, bien plus s’il s’agit d’un vocabulaire technique ou scientifique.
Ils sont près de 30 000 dans ce cas, pris en charge par les autorités sud-coréennes dans le cadre d’un stage d’intégration qui dure trois mois. Après, à eux de se débrouiller. Ils disposent depuis peu d’une appli gratuite pour smartphone, « Camarade écriture », qui leur permet de scanner des textes et d’obtenir une traduction appropriée, du coréen vers le coréen… Celui d’aujourd’hui, vers celui d’hier…