Les néonicotinoïdes
- Le nectar récolté et utilisé pour la consommation de la colonie
- Le pollen récolté et utilisé pour l’élevage du couvain
- L’eau issu de la guttation (sorte de transpiration végétale) des plantes, très utilisée par les abeilles
Une petite histoire des néo-nicotinoïdes
Jusqu’à l’apparition des néonicotinoïdes, en 1993 en France, les pesticides ne posaient pas de problème majeur pour l’apiculture, ou du moins, les effets étaient assez indolores à court terme. Mais dés l’apparition du Gaucho de Bayer en 1993, les apiculteurs voient s’effondrer la production de miel de tournesol, et les colonies sont en mauvaise santé. Les pouvoirs publics sont alertés, et réagissent en… 1999, en interdisant le Gaucho après de nombreuses (et couteuses) études et contre-études, alors qu’il suffisait de regarder la production de miel nationale pour se rendre compte du désastre. Le Gaucho est interdit sur le tournesol, mais pas sur le maïs, pour de sombres raisons…En 2002, l’industrie contre attaque avec la mise sur le marché du Régent par BASF (Rhone Poulenc à l’époque, vous savez, les publicités avec des belles vallées sauvages et le sponsor officiel de Nicolas Hulot et de son émission Ushuaïa)… Et les soucis continuent pour les apiculteurs… En 2004, il est interdit pour une histoire de paperasserie administrative, et en 2006, Béatrice Robrolle de France Terre d’Abeilles constate la nette amélioration :« Voilà deux ans que l’insecticide Régent est complètement interdit et que le Gaucho ne peut plus être utilisé sur le tournesol et le maïs, au nom du principe de précaution inscrit dans le code de l’environnement. En cette période de floraison des tournesols, les apiculteurs constatent une nette amélioration du comportement et de la santé des abeilles. C’est la preuve tangible du bien-fondé des mesures d’interdiction, aux yeux de l’association France terre d’abeilles qui demande maintenant au pouvoir politique d’aller plus loin en décrétant l’interdiction totale du Gaucho.«En 2005, l’industrie tente la mise sur le marché du Poncho, dérivé du Gaucho pourtant interdit 6 ans auparavant, mais une forte mobilisation des apiculteurs vient stopper la procédure.Jusqu’à l’arrivée en 2008 du Cruiser de Syngenta. Et c’est la rechute. Henri Clément, de l’UNAF, constate :
« Entre 2008 et 2012, le nombre de colonies d’abeilles à chuté à nouveau »En juin 2012, se basant sur une étude de l’INRA sur le sujet, le ministère de l’agriculture interdit le Cruiser sur le colza… Mais toujours pas sur le maïs…
La valse administrative des industriels
Les divers néo-nicotinoïdes changent de nom, passent les autorisations légales, et reviennent donc en permanence sur le marché. Surprenant quand on sait que selon le règlement européen sur la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, l’État a l’obligation d’exiger des fabricants des études de toxicité.Et à chaque fois, par exemple sur le Cruiser, la même chose se reproduit, inlassablement : L’étude de toxicité est incomplète, le Conseil d’État autorise malgré tout le produit au détriment de ses propres lois, l’UNAF attaque le Conseil d’État, et gagne à tous les coups, pour que l’État ré-autorise le produit dans la foulée… Les lois ne valent pas pour tout le monde, dans ce pays.Et à ce jour, ces produits « demi-interdits » sont encore en circulation : le Gaucho en enrobage de semence sur le blé et les betteraves, le Cruiser est toujours autorisé sur le tournesol et le maïs, le Proteus de Bayer est utilisé en pulvérisation, et deux nouveaux ont même débarqués en 2012 : le Cheyenne et le Santana, de Philagro, entreprise française.Mais alors, pourquoi ne pas les interdire, tout simplement?
Quelles données pour juger?
La polémique fait rage, les lobbys dépensent énormément en communication pour nous convaincre qu’il n’y a pas de problèmes avec leurs produits. Mais des études existent, alors regardons.Depuis plus de dix ans, les études se multiplient et démontrent qu’une variété d’effets toxiques peuvent être attribués aux néonicotinoïdes : désorientation des insectes, perte des fonctions cognitives, longévité des reines en baisse, synergie avec des pathogènes existants… La liste n’est pas exhaustive. Certains de ces effets se manifestent malgré des expositions minimes de l’ordre d’une fraction de milliardième de gramme. Et c’est sans compter les « effets cocktail » puisque les abeilles sont exposées en permanence à des produits multiples.- Toxicité subchronique de l’Imidaclopride et de ses métabolites chez l’abeille domestique Apis mellifera (G. Séverine Suchail, Luc P. Belzunces et Bernard E. Vaissière - L’abeille de France)
- Risk of environmental contamination by the active ingredient imidacloprid used for corn seed dressing (Greatti M., Sabatini A. G., Barbattini R., Rossi S., Stravisi A)
- A survey of pesticide residues in pollen loads collected by honey bees in France. (Chauzat MP, Faucon JP, Martel AC, Lachaize J, Cougoule N, Aubert M. J Econ – 2006)
- Characteristics of imidacloprid toxicity in two Apis mellifera subspecies (Suchail S., Guez D. and Belzunces L.P. – 2000)
- What’s Killing American Honey Bees ? (Oldroyd BP – 2007 – PLoS Biol)
- Hazards of imidacloprid seed coating to Bombus terrestris (Hymenoptera : Apidea) when applied to sunflower (Tasei JN, Ripault G, Rivault E. - Unité de Recherche de Zoologie, INRA, Lusignan, France – 2001)
- Discrepancy between toxicity induced by low and high doses of imidacloprid in Apis mellifera (Suchail S., Guez D. and Belzunces L.P. -2001)
- Toxicity and nicotinic acetylcholine receptor interaction of imidacloprid and its metabolites in Apis mellifera (Nauen R, Ebbinghaus-Kintscher U, Schmuck R. – 2001)
- Effects of imidacloprid administered in sub-lethal doses on honey bee behavior (Medrzycki P., Montanari R., Bortolotti L., Sabatini A. G., Porrini C.)
- Influence of pesticide residues on honey bee colony health in France (Chauzat MP, Carpentier P, Martel AC, Bougeard S, Cougoule N, Porta P, Lachaize J, Madec F, Aubert M, Faucon JP. Environ Entomol. 2009)
- Exposure to Sublethal Doses of Fipronil and Thiacloprid Highly Increases Mortality of Honeybees Previously Infected by Nosema ceranae (Vidau C, Diogon M, Aufauvre J, Fontbonne R, Vigue`s B, et al. – 2011 -PLoS ONE)
- The potential impacts of insecticides on the life history traits of bees and the consequences for pollination (Brittain C., and Potts S.G. – 2011-Basic and applied ecology)