Le magazine allemand Der Spiegel a révélé un
nouveau scandale d’espionnage : il s’avère que de nombreuses entreprises
et personnalités politiques françaises ont été surveillées par le
renseignement allemand en coopération avec la NSA américaine.
Selon l’article publié le 23 avril par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel qui
cite des sources internes au sein des services de renseignement
extérieurs allemands (BND), les entreprises françaises EADS et
Eurocopter – qui font toutes deux partie de l’actuel Airbus Group – ont
été concernées, aussi bien que les «autorités françaises» et certains
«politiques» même si l’article ne donne pas d’autres précisions.
Les données récoltées et stockées par le BND étaient transmises «depuis
près de dix ans» à la NSA américaine en fonction de requêtes précises
que lui envoyait régulièrement cette dernière (numéros de téléphone,
adresses IP, données de géolocalisation, etc.). D’après les données de Zeit Online, il
s’agit de près de 800 000 requêtes par jour, dont 40 000 visaient
spécifiquement des intérêts allemands et européens. Plusieurs requêtes
ont été déposées dans le cadre de la surveillance de personnalités
politiques importantes.
Cette révélation de Der Spiegel a fait l’effet d’une bombe en Allemagne, entraînant
des appels à la démission du chef de BND et l’ouverture d’une enquête
pour «trahison» de la part des partis d’opposition au Bundestag. Suite à
la publication de cet article, le leader du parti Die Linke, Gregor
Gysi, a appelé à mettre fin au «conformisme avec l’administration
américaine», alors que son homologue du parti écologiste Konstantin von
Notz a déclaré au Leipziger Volkszeitung que «la limite a été dépassée» et que la chancelière doit «expliquer la situation».
Quelques heures après la publication de ses informations, la
Chancellerie a publié un communiqué reconnaissant des «déficits
techniques et organisationnels au sein du BND» et a également réclamé
qu’ils soient «corrigés sans retard». Elle n’a pas pour autant précisé
s’il s’agissait de la coopération avec la NSA. Toutefois, le document a
démenti un «espionnage massif des citoyens allemands et européens», une
formule qui n’exclut toutefois pas la possibilité d’un espionnage ciblé.
Les autorités allemandes ont également affirmé qu’elles
n’avaient pas eu connaissance de cette affaire avant mars 2015, après
avoir obtenu les résultats de l’enquête approfondie sur les activités
des services spéciaux qui avait été ordonnée après les révélations
d’Edward Snowden en 2013. Ce dernier avait, entre autres, révélé la mise
sur écoute du portable de la chancelière allemande Angela Merkel par
les services américains.
Le silence reste pourtant absolu pour le moment du côté français.
Airbus Group, qui a été visé par la NSA, a refusé de commenter des
«rumeurs» ; les ministères de l’Intérieur, comme de la Défense, n’ont
pas fait de commentaires concernant l’action, sur le sol français,
d’agents américains. L’Elysée n’a pas réagi officiellement non plus, du
moins pour le moment. Le «Big Brother» américain semble donc pouvoir
s’immiscer impunément dans la gestion des affaires quotidiennes des
principaux pays européens.
Source : RT