Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a indiqué à l'AFP que des groupes rebelles, des islamistes et des jihadistes d'al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, ont affronté Jaich al-Jihad, un groupe qui a fait allégeance à l'EI, dans la localité d'Al-Qahtaniyé, non loin de la partie du Golan occupée par Israël.
"Ce sont des batailles importantes car l'EI est maintenant présent dans le sud de la Syrie et se trouve près de la ligne de cessez-le-feu (avec Israël) sur le Golan" a-t-il dit. Il a précisé que 12 rebelles et membres du Front al-Nosra avaient été tués de même que sept combattants du camp adverse. Quinze membres de Jaich al-Jihad ont été faits prisonniers, selon lui.
Durant les combats, Israël a annoncé que deux obus de mortier tirés du Golan s'étaient abattus sur le secteur qu'il occupe sans faire de victime. La partie du Golan occupée par Israël est régulièrement frappée par des projectiles venus de Syrie où la guerre fait rage depuis plus de quatre ans.
Jaich al-Jihad est une formation récente qui a des liens avec l'EI, selon l'expert français du jihadisme, Romain Caillet. Ce dernier a indiqué que deux commandants de nationalité saoudienne du Front al-Nosra ont été tués lundi soir dans les combats.
Pour sa part, Issam al-Rayes, porte-parole de la coalition du "Front sud" de la rébellion, a précisé à l'AFP que Jaich al-Jihad était présent dans et autour de Qahtaniyé. Parlant à partir de la Jordanie où il se trouve, il a précisé que les tensions s'étaient avivées après que Jaich al-Jihad a prêté allégeance à l'EI.
Les combats ont commencé lundi après que les combattants de Jaich al-Jihad ont tendu un piège à un convoi de rebelles du "Front sud" tuant six d'entre eux, a-t-il ajouté. "Le Front al-Nosra a rejoint la bataille car Daech (un acronyme de l'EI en arabe) est notre ennemi commun".
Selon M. Rayes, les rebelles du "Front sud" préparaient une offensive de grande envergure contre les positions du régime au nord de Qahtaniyé mais les combats l'ont retardée.
"Agression directe"
Par ailleurs, la Syrie a accusé mardi la Turquie d'avoir fourni un soutien direct aux "groupes terroristes" qui ont attaqué les villes d'Idleb et de Jisr al-Choughour.
"Les attaques de groupes terroristes contre la ville d'Idleb et celle de Jisr al-Choughour (...) ont été menées avec le soutien logistique et un +appui feu+ de l'armée turque", affirme la télévision publique syrienne citant le ministère des Affaires étrangères. "Il s'agit d'une agression directe turque contre la Syrie", ajoute-t-elle.
Les rebelles syriens ont pris samedi dernier le contrôle de Jisr al-Choughour, dans le nord-ouest de la Syrie. Ces insurgés appartiennent à une alliance de groupes armés islamistes, parmi lesquels le Front al-Nosra.
Jisr al-Choughour, une ville de 50.000 habitants, est située au sud-ouest d'Idleb, sur la route qui relie Alep, la deuxième ville du pays, à la ville côtière de Lattaquié, dans le fief du président Bachar el-Assad.
Les forces de Damas contrôlaient la ville depuis juin 2011, date à laquelle elles étaient intervenues militairement pour mettre fin à de grandes manifestations contre le régime d'Assad en imputant à des "bandes armées" la mort de plus de 120 membres des forces de sécurité.
Le mois dernier, les insurgés islamistes sunnites du Front al-Nosra, du mouvement Ahrar al-Cham et de Jund al-Aksa ont fait alliance et conquis la ville d'Idleb, capitale de la province du même nom.
Source : Lorientlejour