Chronique : « Jardin de Minuit »
scénario et dessin de Edith, d’après Philippa Pearce,
Public conseillé : Tout public (à partir de 10 ans)
Style : récit intimiste et fantastique
Paru aux éditions Soleil, collection Noctambule, le 22 avril 2015, 96 pages, 17.95 euros
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L’Histoire
Début de vacances difficiles pour Tom. Comme son frère Peter a attrapé la rougeole, le voici parti en quarantaine chez son oncle Allan et sa tante Gwen, où il n’y a ni enfants, ni jardin pour jouer.
Le voilà donc enfermé dans un petit immeuble, où trône une étrange horloge au milieu de l’entrée, avec interdiction de faire de bruit pour ne pas déranger les voisins et la propriétaire, la vieille Mme Bartholomée.
Ainsi s’écoulent, avec beaucoup d’ennuis, les premières journées de “captivité”, entrecoupés par la bonhomie de tante Gwen la la « rigidité » d’oncle Allan.
En comptant les heures qui s’égrènent à la vielle pendule, Tom remarque que l’engin sonne un 13e coup…Curieux, l’enfant se lève et découvre un jardin magnifique, caché derrière une porte…
Dans ce jardin d’une autre époque, des enfants jouent, des personnes travaillent où s’y promènent.
Invisible aux yeux de ce petit monde, Tom tombe sur Hatty, une fillette qui l’aperçoit. Les deux enfants nouent alors une amitié naissante, en se retrouvant soir après soir dans le jardin, où le temps s’écoule d’une drôle de façon…
Le contexte
Edith, la dessinatrice appréciée et récompensée de “Basil et Victoria”, “Le trio Bonaventure”, et les “hauts de Hurlevents” s’attaque à un grand classique de la littérature anglaise, dans la très belle collection “Noctambule”, dédiée aux adaptations littéraires.
Elle fait suite à Riff Reb’s (et sa trilogie maritime), à Thierry Murat (“Le vieil homme et la mer”), au “Moby dick” d’Alary et Jouvray ou encore à Benjamin Lacombe et son “Léonard et Salaï”. Que du beau monde, donc.
Ce qu’en pense Nathalie
La première chose que j’ai remarqué chez cette bande dessinée c’est sa couverture. On ne peut pas passer à côté sans la prendre dans les mains et de finir par l’ouvrir…
Enfant, j’aurai adoré passer cette porte et me retrouver moi aussi à jouer dans ce grand jardin de l’époque Victorienne et de m’y faire des amis.
C’est une très belle histoire où se mêlent l’aventure, le fantastique et une belle histoire d’amitié. Cette BD m’a donné l’impression d’être au milieu de l’histoire avec les héros et de les accompagner tout au long de leur périple fantastique, triste, heureux ou angoissant.
Quand je suis arrivée à la fin, j’ai vécu avec Tom et Hatty toute la force de leur amitié à travers le temps. J’aurai aimé que l’histoire continue encore un moment…
Ce que j’en pense
“Tom et le Jardin de Minuit” fait partie de ces romans qui réveille son âme d’enfant. Véritable “Bâton de réglisse”, “madeleine” (ou tout autre sucrerie lié à ces moments perdus), cette adaptation m’a replongé avec force dans toutes ces émotions familières et lointaines à la fois.
L’extrême ennui qu’on éprouve tout seul, pendant les vacances… L’aventure au bout du jardin… Le merveilleux, le danger, le fantastique qu’on vit avec intensité…
Avec “Le jardin de Minuit”, je me suis fait embarquer dans une histoire touchante et simple qui fait appel à nos souvenirs et à nos sens. Edith y trouve un prolongement naturel de son travail sur l’enfance avec “Le trio Bonaventure” et “Basil et Victoria”.
Seule aux commandes, Edith compose un album simple et bouleversant à la fois. On y retrouve toute la finesse du texte d’origine, enrichit par sa sensibilité graphique. Le dessin, accessible à tous, accompagne sobrement (composition en 3 bandes, cadrage à vue) le récit.
Son trait tout simple, légèrement tremblant, presque enfantin, est porté par de belles couleurs aquarellées. Sous sa main, les trognes de Tom et d’Harriet semblent prendre vie.
Pour résumer, ne passez pas à coté de ce petit bijoux de la littérature anglaise, retranscrite avec délicatesse. L’occasion de se replonger, le temps d’une lecture, dans notre jeunesse, ça ne se refuse pas !
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », hébergé sur « Un Amour de BD » cette semaine.