Joyland ou comment gâcher son plaisir a cause d’une 4eme de couverture loupée

Publié le 28 avril 2015 par Amandine97430

De : Stephen King

Quatrième de couverture des éditions Hard Case Crime : Set in a small-town North Carolina amusement park in 1973, Joyland tells the story of the summer in which college student Devin Jones comes to work as a carny and confronts the legacy of a vicious murder, the fate of a dying child, and the ways both will change his life forever.

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Ce livre, je suis partie en croisade pour le trouver en librairie. A chaque fois que j’y allais, on me répondait :  » Madame, on en a plus désolé !  » . Après moult recherches, je l’ai enfin trouvé. Je suis donc rentrée chez moi le cœur battant à l’idée de commencer ce livre. Parce que c’est Stephen King, parce qu’on me promettait des clowns et de l’angoisse à gogo. Et alors?

Je l’ai attendu ce clown pour le voir apparaitre finalement à la page 228 (soit à 96 pages de la fin) pour être seulement mentionné. Rien à voir avec Grippe Sou rien à voir avec Ça. Quant aux angoissantes fêtes foraines, je cherche toujours également.

On en arrive donc au gros point noir de ce livre: la quatrième de couverture française. Il semble que celui qui l’ait écrite n’ait à aucun moment lu le livre de Stephen King. A vingt-cinq euros le livre, on est en droit d’espérer un résumé fidèle à l’esprit du livre. Aussi, si vous avez peur des clowns, des fêtes foraines, n’ayez aucun crainte, il n’en y a aucun ici. Le seul conseil ultime à retenir est de ne pas lire du tout cette quatrième de couverture.

Vous mènerez des vies intéressantes et enrichissantes, mes jeunes amis. Vous accomplirez beaucoup de bonnes choses et ferez beaucoup de remarquables expériences. Mais j’espère que vous jetterez toujours un regard en arrière sur votre passage à Joyland comme sur une époque très spéciale. Nous ne vendons pas de meubles. Nous ne vendons pas de voitures. Nous ne vendons ni terrains, ni maisons, ni fonds de pension. Nous n’avons pas de programme politique. Nous vendons du bonheur !

( Extraits de Joyland, Stephen King)

On nous dit également que ce roman est dans la lignée de Stand by me, je dirai oui et non. L’un comme l’autre, traite de la fin de l’innocence mais j’ai trouvé le ton et les enjeux différents d’autant que l’un est une nouvelle et l’autre non. Néanmoins, tout au long du récit, il m’a semblé qu’il y avait quelques allusions aux précédentes œuvres de l’auteur notamment L’affaire du Colorado Kid  .

La vérité ( vraie) c’est que Joyland ne ressemble pas à du Stephen King, en tout cas pas du SK dans toute sa splendeur, pas un SK au sommet de son art. Mon ressenti s’explique beaucoup par la déception liée à la quatrième de couverture, ce qui est grave dans un sens car Stephen King n’est pas responsable. Et pourtant, on pourrait l’accuser de vouloir faire du fric à gogo sur le dos de ses fans de la première heure. Autre risque c’est de perdre de nouveaux lecteurs. Car aussi incroyable que cela puisse paraitre  et moi la première étonnée, Joyland est pour certains le premier roman lu de l’auteur. Dans le cas, où cela se révèle une bonne expérience ok mais dans le cas contraire?

Mais allons, ne soyons pas négatifs. Il y a quand même sur cette couverture deux mots exacts: nostalgie et émotion. Je dirais même que ces deux là sont au cœur du roman quitte parfois à faire passer Stephen King pour le sentimentaliste qu’il n’est pas. Parce qu’au fond ce qui habite ses œuvres, ce n’est ni plus ni moins les interactions humaines. Les rencontres toujours synonyme d’apprentissage, de joie mais aussi de douleur. Et puis autour, il y a toujours un contexte social, économique et familial propice à tout cela ou pas. Qui aboutit presque à des conséquences, à une réaction en chaine aussi parfois.

Quand t’as vingt et un ans, la vie est nette comme une carte routière. C’est seulement quand t’arrives à vingt-cinq que tu commences à soupçonner que tu tenais la carte à l’envers… et à quarante que t’en as la certitude. Quand t’atteins les soixante, alors là, crois-moi, t’es définitivement largué.

( Extraits de Joyland, Stephen King)

Ici, le lecteur suit Devin Jones, jeune étudiant au cœur brisé; qui va à Joyland pendant l’été histoire de se faire un peu de fric. L’histoire nous est raconté par le héros lui-même et ce, plusieurs années après. Il jette un regard tantôt angoissé tantôt serein sur son passé. Il y a bien sûr des regrets, de l’amertume aussi et beaucoup de souvenirs. Les première fois, les instants et les gens qui ont vraiment compté. Ce sentiment de paix, d’insouciance, de promesses et de possibilités. Cette volonté farouche ou cette naïveté de croire que rien n’allait changer alors que  tout autour de nous ne cesse de bouger. La preuve en est avec les lettres qui sont remplacées par Facebook . Quant aux parcs obsolètes comme Joyland, ils sont remplacés par des complexes à la Disney. Par ailleurs, est-ce qu’aujourd’hui les premiers chagrins d’amour sont aussi dévastateurs que ceux d’antan tant tout est rapide, remplacé et passer aux oubliettes. Est-ce que finalement le progrès n’a pas t-il tout gâché, n’a pas t-il pas enlevé une part de magie dans nos vies? Une part de vraie aussi?

Stephen King explore un peu tous ces thèmes ici et c’est un peu fouillis comme par exemple l’histoire du meurtre. Au début, on entend parler d’elle puis elle est rangée au placard et puis, elle réapparait un peu comme par magie alors que le lecteur l’avait lui aussi mis de côté. A force d’aller dans tous les sens et d’explorer tout, l’écrivain perd le fil et le rythme de son récit. Mais, l’intérêt lui persiste. Car, chaque roman de SK est un voyage, un délicieux voyage. Cette fois-ci, j’étais à Heaven’s Bay : petite bourgade ( du moins dans mon esprit) avec le charme des petites villes, avec toujours son lot de curiosités humaines et de légendes urbaines. Je suis promenée en compagnie du narrateur et parfois même, j’étais lui. Notamment sur la plage en compagnie d’Annie et de Mike ou encore de Tom et Erin. Dans des moments plus critiques, j’étais dans une roue géante à plusieurs mètres du sol ruisselante de pluie et surtout, à la merci d’un orage et d’un frappadingue. Frappadingue que j’ai vu je ne sais pourquoi sous les traits de Ian Glen ( la faute à Downton Abbey sans doute!).

Joyland n’est pas un Stephen King qui me laissera sans doute un souvenir impérissable; et je ne peux pas vraiment vous dire pourquoi. Je reste juste sur une impression d’inachevé, de trop lisse et d’une quatrième de couverture complétement raté.

16 SUR 20

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