En marge du festival débutant officiellement le 9 mai, Les Nuits Botanique programment le roi du abstract hip hop, Steven Ellison, better known as Flying Lotus.
Le producer/dj de LA n'a pas attiré l'habituelle faune rock mais bien un public branché electronica/ deep house, une coterie, lisant Trax, plus habituée à la fréquentation de boîtes de nuit style The Wood qu'à celle des salles glauques, style le V K ou le Magasin 4.
Le timing est placardé sur les portes vitrées:
Kutmah : 19.00 - 20.00 - Shabazz Palaces : 20.00 - 20.40 - Kutmah : 20.40 - 21.30 - Flying Lotus : 21.30 - 23.00.
Kutmah, alias Justin Mc Nulty , un deejay de Brighton doit distraire les matinaux avec ses préparations truffées de champignons hallucinogènes.
Il a choisi de nous la jouer spatiale et/ou aquatique pour séduire les étoiles filantes et les étoiles de mer.
Un hors-d'oeuvre facile à ingérer qui ne te laissera pas d'aigreurs d'estomac, mais tu constates une nouvelle fois qu'un passeur de disques en live ne présente qu'un intérêt limité.
Acte 2: Shabazz Palaces
Un duo de Seattle, un MC Ishmael Butler, aka Palaceer Lazaro ( ex Digable Planets) et Tendai "Baba" Maraire aux percussions diverses et electronic devices multiples , ils sont passés à l'AB en octobre 2014.
Deux albums, le dernier 'Lese Majesty' date de 2014.
Shabazz Palaces fait exploser les carcans du hip hop, lit-on dans la presse spécialisée.
OK, si ils le disent, Shabazz Palaces est resté derrière les platines pendant 35', après 20 minutes l'ennui s'est installé et leur rap parfois hypnotique, lorgnant d'autre fois vers le mainstream t'as laissé de marbre.
L'ébauche ( sans doute 'Forerunner Foray') mordante, au chant trafiqué, éveille ton intérêt, ton esprit déterre Digable Planets, un rap-act plus que valable, ton corps a comme des envies de se trémousser aux rythmes saccadés proposés par les Ricains, cette démangeaison se poursuit pendant la suivante, 'Youlogy', au sein de laquelle tu reconnais un plan piqué au 'Cocaïne in my brain' de Dillinger.
Ils poursuivent, baignés dans une pénombre bleue ou rouge ( les photographes jurent), par un midtempo grésillant et répétitif, ni folichon, ni rébarbatif, assez anecdotique, en fait.
Pas de quoi fouetter Felix.
Tu as fini par décrocher, les mecs balancent leur mix sans annoncer quoi que ce soit, de temps en temps des beats plus lourds succèdent à des sonorités spacy, le chant narratif a réussi à endormir un gars assis devant toi. De tension, il est peu question jusqu'au titre 'Gunbeat Falls' dont les bang bang bang parviennent à faire sursauter la belle au bois dormant.
En Tom?
Slaapverwekkend, man!
L'atterrissage est proche, l'appareil réduit encore sa vitesse, la dernière proposition baigne dans un agglomérat gélatineux qui finalement aura caractérisé tout le set, c'était mou!
Second interlude ( 60') proposé par Kutmah, plus remuant que le premier.
Flying LotusFlyLo pour les intimes prend place dans le Layer³ (pronounced Layer Cubed), une cage futuriste permettant la projection de visuels en 3 D, designed to accompany the live musical performance, passant du psychédélisme désuet à l'animation naïve ou inquiétante , tel cet insecte géant semblant bouffer la silhouette du DJ dans son cube.
Visuellement et techniquement le spectacle est étourdissant, heureusement d'ailleurs car sans ces effets graphiques, la monotonie d'un set musical réglé jusque dans les plus détails peut finir par lasser.
Pas les fans en extase qui crient au génie, non les Suisses, les neutres!
Oh yeah, un rapide salut avant de disparaître dans sa prison.
Un rire gras annonce le début de la symphonie electro essentiellement basée sur l'album 'You're dead'.
Le sorcier sonique émaille sa première concoction d'une tapisserie free jazz, ce qui permet à ceux qui ont lu toute sa bio de citer Alice et John Coltrane.
Quelques clochettes annoncent qu'il vient d'amorcer une seconde plage, les visuels interpellent tous tes sens, c'est aussi magique qu'un feu d'artifices chinois, le fond sonore se rapproche de Mike Oldfield avec des pulsions plus intenses.
'You're dead' se lit sur l'écran, tu te pinces, c'est pas encore l'heure, du coup sans raison apparente tu te mets à fredonner " Sous quelle étoile suis-je né".
Les trippy hop beats succèdent aux couches plus sinueuses, des basses pesantes viennent agresser tes pavillons, il se remet à rire comme un satyre ( pas pour rien qu'un de ses titres s'intitule"and the world laughs with you") , puis sort de son refuge pour envoyer un old skool rap à moins d'un mètre des fans.
Captain Murphy est une de ses autres identités, il propose ' The killing joke' enregistré sous ce label.
Des champignons atomiques éclatent sur l'écran, le sorcier se retrouve entouré de flammes mais il continue à envoyer la purée, une séquence trip hop incluant, notamment, ' Coronus, the Terminator 'et ses jolies voix féminines.
FlyLo revient au thème de la mort avec 'Tesla' pendant lequel son chant se fait angoissé ...Hold up, hold up I have this bullet in my head..., puis il repasse frontstage pour invectiver le public qui s'agite, sa réaction: I don't give a shit!
On approche du terme, certains ont reconnu ' Never catch me', avec aux vocals Kendrick Lamar, la fin sera abrupte, il appuie sur power off et se tire.
Il reviendra pour une dernière salve finissant un set de 75' te laissant un goût mitigé dans la bouche.
L'expérience était surtout intéressante en tant que spectacle total, d'accord ce gars fait preuve d'imagination, ses talents d'enlumineur sont évidents, et pourtant ce show ne t'a pas entièrement convaincu.