Il était une fois une petite fille qui avait grandi dans une famille nombreuse. Tout était négociations, accords honorés au coin d’un repas, chantage affectif un matin avec le chocolat chaud devant le Club Dorothée. Je te prête, tu me rends, je te donne, on échange, je te couvre, tu m’aides, je débarque dans ton lit quand je fais un cauchemar et tu chopes 4 chocolats au lieu de 2 lorsqu’on verra Tata Mahboula. La confiance règne. La vie était régie sous certaines règles implicites et explicites : manger dans le même plat commun, mais la répartition des vivres se faisait selon la loi CQMLPV : Celui Qui Mange Le Plus Vite.
Puis, dans la vraie vie, tout se monnaie, tout s’achète, se rembourse ou pas. Mais d’autres pas. Les enfants par exemple. Les parents, les frères et sœurs, eux, sont livrés sans ticket. Mais pour le reste, il y’a Mastercard.
Comme dans une pub connue, elle réalisa qu’elle pouvait passer via le même système parallèle que lors des négociations sous-marines avec ses jeunes congénères. Être sans le sou, ça rend créatif.
Elle ne peut pas payer de taxi, elle partage la course avec un particulier, pendant qu’il arrondit ses fins de mois.
Elle ne peut pas payer d’hôtel et elle vivante ne rentrerais pas dans un Etap hotel (même morte, s’il vous plait), je prends un Air BnB.
Elle ne pouvait pas payer de babysitter seule, elle partagerait la garde de ses fauves avec un autre parent du quartier.
Elle ne pouvait pas payer toutes les courses, mais du temps, elle en donnerait à ranger les rayons en échange de quelques vivres.
T’as pas de thunes pour faire de la ta pub ? coiffe moi tes cheveux et j’alimenterais ton FB.
Tu veux apprendre le français ? Récure mon parquet et je t’expliquerais pourquoi aujourd’hui s’écrit comme un ket (parce que le mec qui a inventé l’orthographe avait pris des substances illicites).
T’y connais rien en compta ? fais mes PR et je te fais tes tableaux excel.
Puis vint le beau jour où les sous pleuvent par milliers de billets (c’est une fable, n’oubliez pas, je dis ce que je veux).
Mais elle réalisa que c’était quand même plus chouette de causer avec des gens parfois de tout, d’autres de rien lorsqu’elle traversait London ou les tunnels de Bruxelles à 18h (c’est là qu’elle était bénie d’être bavarde).
C’était quand même plus rigolo de dormir chez l’habitant au Maroc et avoir le vrai goût de la tajine plutôt que de se farcir les G.G, gentils gogoles et manger comme chez soi.
Tu me donnes ton hospitalité, je te donne mon sourire. Tu me donnes ta bonne humeur, je te donne mon expérience. Tu me conduis, je te fais sourire. Tu me nourris, je t’amène un bout de chez moi