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De retour dans la très grande salle de l’Opéra Bastille hier soir, nous avons eu l’occasion d’y entendre le dernier opéra composé par Mozart : La Flûte enchantée (Die Zauberflöte).
Tout ou presque a été dit sur cet opéra écrit en allemand à la fin du XVIIIème siècle et pourtant il reste l’objet de très nombreux fantasmes et interprétations. Composé pour un théâtre populaire de la banlieue de Vienne, La Flûte enchantée rencontre très vite son public et dépasse les 100 représentations en un an. Opéra maçonnique, conte lyrique, drame, comédie philosophique où se mèlent l’amour, la fraternité, la lutte entre le bien et le mal, le mensonge et la vérité, La Flûte enchantée possède de très nombreuses clés de lecture ce qui en fait un opéra attachant que l’on ne finit jamais de redécouvrir.
Pour faire court, l’histoire est celle du prince Tamino, parti délivrer Pamina dont il est amoureux, fille de la Reine de la Nuit, tenue prisonnière par le tyran Sarastro. Accompagné de Papageno il dispose pour sa quête d’une flûte magique. Arrivé dans le palais de Sarastro, Tamino découvre que ce n’est finalement pas le tyran décrit par la Reine de la Nuit. Il doit par contre pour pouvoir épouser Pamina, subir plusieurs épreuves à caractère initiatiques qu’il surmonte.
Dans la fosse, le jeune chef d’orchestre Constantin Trinks qui a démarré sa carrière musicale au piano et en chant, et qui mène depuis la fin des années 1990 une très belle carirère de chef lyrique. Dans le rôle de Tamino, Mauro Peter, ténor d’origine suisse mais qui a suivi sa formation et démarré sa carrière en Allemagne, et qui fait en ce moment ses débuts à l’Opéra national de Paris. Pamina prendra les traits de la soprano américaine Jacquelyn Wagner qui justifie déjà d’un très beau parcours dans les salles lyriques d’Europe. Beaucoup de personnages dans cet opéra alors on terminera la présentation de la distribution avec la Canadienne Jane Archibald qui aborde la Reine de la Nuit sans peur puisqu’elle connaît bien le rôle déjà affronté notamment à Vienne Toulouse et Francfort. On retrouvera la chanteuse cet été au Festival d’Aix-en-Provence. Enfin, terminons la présentation de cette production par le metteur en scène Robert Carsen, que nous aimons beaucoup pour son sens du rythme et ses riches idées pertinentes qui illumine les scènes des maisons d’opéra et que nous avions eu l’occasion d’apprécier dans Rigoletto, égalemment au Festival d’Aix-en-Provence.
Bon, et le résultat sur scène alors ?
Résumons la soirée de manière un peu pompeuse, en deux mots : un ravissement.
La direction de Constantin Trinks est juste, soutenue, vivante. La mise en scène de Robert Carsen, encore une fois nous plaît. Moderne et simple, favorisant les jeux et déplacements scéniques. On apprécie particulièrement les jeux de lumières, de projections et le choix de se concentrer sur les thèmes de la mort et de la nature avec justesse. Bravo aux prouesses techniques pour l’eau et les flammes présents sur le plateau.
Quant aux voix elles nous enchantent. Nos coups de cœur dans le désordre : Edwin Crossley-Mercer est un (très séduisant) Papageno plein d’énergie, sautillant et ludique, très applaudi. À juste titre. Les trois dames de compagnie (Andrea Store, Anna Pennisi et Katharina Magiera) offrent de très beaux moments au public de Bastille. Jane Archibald est une reine de la nuit belle et froide avec une assurance vocale impressionnante. Ante Jerkunica (Sarastro) eveloppe la salle du velours de sa voix, presque prophétique. Enfin, Jacquelyn Wagner dans le rôle de Pamina, nous donne l’impression d’être comme un poisson dans l’eau et nous a ému à plusieurs reprises de part sa subtilité. Difficile pour Mauro Peter (Tamino) d’exister au milieu de tous ces talents même s’il s’en sort très bien.
Il se dégage au moment des saluts une impression presque de troupe, un vrai ensemble. On ressort sous le charme.
Encore une soirée réussie à Bastille ! Et la fois d’avant ?