Un formulaire d'inscription à Pôle emploi I ©Fred Tanneau / AFP/Archives
Sur un an, le chômage croît de 4,9 %. C'est un nouveau record absolu dont se serait bien passé le gouvernement. Depuis le début de son mandat, le président n’a connu que quatre mois de baisse, et jamais deux consécutifs. Sur la période, le service public de l’emploi a vu affluer 571 200 chômeurs supplémentaires. "Je ne veux rien lâcher", a confié François Hollande lors de sa dernière interview télévisée sur Canal+. "Je me battrai pendant les deux années qui me restent pour atteindre l’objectif que j’ai fixé, la baisse du chômage". Le chômage atteint son plus haut historique en incluant l'Outre-mer, à 3,77 millions de demandeurs d’emplois sans aucune activité (catégorie A). La hausse est encore plus forte (+0,5%), si l'on compte les demandeurs ayant exercé une petite activité (catégorie B). En additionnant ces deux chiffres au atteint le seuil des 5,6 millions de chômeurs sur l'ensemble du territoire (5,59 millions). Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi en activité réduite (catégories B et C) s'établit à 1 780 700 en France métropolitaine fin mars 2015 : sur un mois, il diminue de 0,4 % pour l'activité réduite courte (catégorie B, +4,5 % sur un an) et augmente de 1,4 % pour l'activité réduite longue (catégorie C, +14,8 % sur un an). Mois après mois, deux catégories ne cessent d’augmenter, et février n’a pas fait exception : les seniors et les chômeurs de longue durée. Sur un an, leur nombre a grimpé respectivement de 9,1% et de 9,5%. Le plan senior, lancé en juin 2014, et celui contre le chômage de longue durée, détaillé début février, tardent à porter leurs fruits. En revanche, la situation des jeunes, "priorité" du mandat Hollande, connaît une légère embellie depuis deux mois. De nombreux dispositifs leur sont destinés: emplois d’avenir, contrats de génération, Garantie jeunes... Une partie des contrats aidés leur est réservée. C’est le cas du contrat "starter", lancé en avril dernier pour les jeunes de moins de 30 ans. Le gouvernement espère en signer 13 000 d’ici la fin de l’année, grâce à une aide à l’employeur de 45% du Smic.
L’exécutif l’admet, sans croissance (0,4% en 2013 et 2014), ces politiques seront vaines. Comme de nombreux économistes, Manuel Valls concède volontiers que le chômage ne baissera pas tant que la croissance ne montera pas "autour de 1,5%". Un seuil que le Premier ministre compte bien atteindre dès cette année. Même tonalité chez son ministre du Travail, François Rebsamen, qui voit venir "une stabilisation et, à la fin de l’année, un début de régression" du nombre d’inscrits à Pôle emploi. C’est dans cette optique que le ministre a présenté son projet de loi sur le dialogue social en entreprise la semaine dernière. En "simplifiant les règles dans les entreprises", le gouvernement espère "lever des verrous" à l’embauche. La loi Macron pour l’activité et la croissance poursuit le même objectif, notamment en élargissant l’ouverture des commerces le dimanche. L’examen de ce projet, en procédure accélérée, doit s’achever au Sénat le 7 mai. La réforme du dialogue social doit elle être adoptée définitivement durant l’été. Mais l’arme principale du gouvernement est le Pacte de responsabilité, qui octroie €40 milliards d’ici 2017 aux entreprises, pour les inciter à embaucher, former ou investir. En décembre, l’Insee tablait sur 80.000 emplois sauvés ou créés grâce au Pacte pour 2015. Insuffisant néanmoins pour faire baisser le taux de chômage, que l’Institut national de la statistique voit monter à 10,2% en métropole et 10,6% avec l’Outre-mer d’ici à mi-2015, des niveaux inégalés depuis 1997. Pour François Hollande, le compte à rebours est enclenché. Il a souvent répété qu’il ne briguerait pas de second mandat si le chômage ne reculait pas.FG