Barack Obama, premier président Internet
Barack Obama a été le premier président à accéder au pouvoir grâce à Internet. En gagnant la primaire démocrate, un boulevard lui était ouvert par rapport à la nécessaire alternance face aux Républicains. Pour gagner cette primaire, il s'est largement appuyé sur Internet qui lui a permis de bénéficier d'un puissant effet de levier : financement 2.0 avec une longue traîne des dons en ligne, wikis pour élaborer les programmes de façon mêlant top-down et bottom-up, contributeurs et militantisme sur les réseaux sociaux, méls, newsletters et SMS, partage de photos et de vidéos, bases de données réactualisées avec le porte à porte et les coups de fils vers les électeurs potentiels ou indécis, programmes de campagnes téléchargeables en PDF, avec le site MyBarackObama.com en vaisseau amiral de cette présence sur Internet.
Quelques considérations sur la présidentielle 2017
La chance qu'aurait l'actuel occupant de l'Elysée à se succéder à lui-même serait d'avoir une division de la droite et du centre conduisant à un second tour entre l'extrême droite et lui-même. A moins de dissoudre l'Assemblée nationale dans les prochains mois et d'espérer machiavéliquement une usure du pouvoir comme l'avait fait François Mitterrand au dépend de Jacques Chirac dès 1986.
Plus que jamais, le prochain président de la République devra avoir une stratégie complémentaire hors ligne et en ligne et être conseillé par un expert numérique de tout premier plan. Voici un tour d'horizon des forces et faiblesses des potentiels candidats à la primaire des Républicains [Les Républicains en France sont plus proches en moyenne des Démocrates américains]. Je présente les résultats de façon objective même si à titre personnel j'ai des préférences au sein de chaque camp du reste.
1. Sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter
Nicolas Sarkozy bénéficie de son statut d'ancien Président de la République et d'une confortable rampe de lancement en matière de fans sur Facebook. A noter que certains facebooknautes " aiment " une personnalité pour suivre son actualité et aimer ne signifie pas adhérer aux idées. Christian Estrosi suit devant Alain Juppé, NKM et François Fillon. Le fait qu'il soit facile d'acheter des fans sur Facebook pourrait fausser les classements. Il me paraît étonnant que Christian Estrosi occupe la 2e place. Une analyse plus complète serait à mener. A noter que l'on peut savoir qui parmi ses amis est fan de tel ou tel cador politique. Dans mon cas, et c'est aussi lié à mes activités ès numérique, NKM arrive largement en tête devant Nicolas Sarkozy.
S'agissant de Twitter, Nicolas Sarkozy a plus de 723 000 abonnés, suivie par NKM (390 000) qui a été Secrétaire d'Etat à l'économie numérique, François Fillon (230 000), Jean-François Copé (200 000) et Alain Juppé (178 000). Notons là aussi que Twitter peut influer sur le nombre d'abonnés du fait des conseils automatisés de comptes à suivre.
On constate un écart-type assez faible en matière de nombre de tweets postés (de 2 095 pour Laurent Wauquiez à 6 836 pour Christian Estrosi) avec une moyenne de 4 913 pour les possibles candidats. Dans la publication de photos et de vidéos sur Twitter, on constate en revanche des écarts plus notables avec Christian Estrosi qui en raffole (1 604) et un équilibre entre François Fillon, Alain Juppé, NKM et Nicolas Sarkozy.
Pour aller plus loin dans l'analyse, un paramètre important est le nombre de rewteets, de mentions que l'on peut facilement suivre avec des outils idoines de type Hootsuite ou Social mention. Ceci permet de mieux apprécier la portée moyenne des tweets des candidats et leur viralité.
2.. En matière de site web
Une revue des sites web des candidats est fait avec pour certains un site satellite plus récent correspondant à un mouvement créé. L'ex-UMP est riche de courants comme l'est le PS a contrario des partis qui vouent le culte de la personnalité d'un(e) " duce ".
Xavier Bertrand a un site perfectible et n'est pas responsive design. L'inscription à la newsletter ne permet pas de lutter contre les spams (pas de captcha, adresse mél de Xavier Bertrand en clair). Cliquer sur l'agenda renvoie une erreur " Events cannot currently be displayed, sorry! Please check back later ".
Le blog de Jean-François Copé est récent (créé le 12 janvier 2015 et hébergé par OVH). Il fait une large place à l'image et les caractères sont assez gros. A noter un billet publié le 10 avril qui parle d'un échange avec Henri Seydoux, Président-fondateur de Parrot avec qui j'ai eu l'occasion de dîner récemment dans la Silicon Valley et qui lui a ouvert les yeux sur les opportunités du numérique et de la robotique. Notons également un autre billet sur les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Sciences Cognitives). Une bonne prise de conscience en tout cas. Le jeune âge du blog constitue à la marge un handicap pour le référencement mais on constate que l'ancien président de l'UMP n'a pas renoncé à la primaire (2017 ou 2022).
Christian Estrosi a un site où le bleu prédomine. Il est pour l'heure très ancré sur son fief de Nice auquel il est attaché.
Le nom de domaine de François Fillon avec Over-blog ne fait pas très pro. Le lien vers ses vidéos sur Dailymotion est bien mis en valeur. Son site www.force-republicaine.fr est plus moderne, agréable à l'œil, et semble être responsive design.
Le blog notes d'Alain Juppé est un blog créé voici de nombreuses années. Il a su évoluer. Un lien permet d'aller sur le site www.agispourlafrance.fr qui, comme pour le site lié de François Fillon, est d'une conception plus dans l'ère du temps. Le logo Le Cap pour la France constitue déjà un élément de stratégie de campagne.
NKM a un site agréable un peu comme les sites liés de François Fillon et d'Alain Juppé. Elle est la plus complète en matière de présence sur les médias sociaux : comptes sur Flickr et Instagram pour les photos, YouTube et Dailymotion pour les vidéos, Google+ en complément de Facebook et Twitter. Elle poursuit également la vie du site www.nkmparis.fr. Le site http://lafrancedroite.fr présente une carte des départements français (de métropole) avec le calendrier des déplacements prévus. Très visuel, " NKM à votre rencontre dans votre région " reprend le crédo du " NKM près de chez vous " pour sa campagne pour Paris. Par ailleurs, la très belle campagne pour Paris avec une démographie peu favorable a été riche d'enseignement. Les comptes Twitter pour les arrondissements du type @NKMavecle18eme sont une bonne idée que les candidats pourraient reprendre pour les différentes régions voire départements dans le cadre de comités de soutien et d'ancrages en régions.
Le site de Bruno Le Maire est dans l'ère du temps avec des pictogrammes efficaces : Je m'engage, Je donne, Je m'informe. Outre ses présences pour les photos sur Instagram et Flickr, il a un compte sur Vine pour les vidéos courtes en boucle. Il rend bien sur smartphone ce qui est un élément important à prendre en compte étant donné la forte majorité de mobinautes en 2017. Son soutien de la député-maire Laure de la Raudière sera précieux pour les questions numériques.
Nicolas Sarkozy fait pour l'heure l'impasse sur le site mais ayant exercé pendant 5 années à la tête de l'Etat, il reste le favori. Notons le site www.nicolasreviens.fr.
Laurent Wauquiez a un site intéressant d'un point de vue contenu mais la surcharge et la présentation nuisent à sa lisibilité.
Pour les possibilités de dons en ligne ce sont François Fillon sur force-républicaine, Alain Juppé sur Agispourlafrance, NKM et Bruno Le Maire qui les présentent le mieux.
Il n'a pas été constaté de comptes Pinterest pour les candidats déclarés ou potentiels.
L'aspect construction collaborative du programme est soit pas développé soit encore embryonnaire.
3. En matière de présence pure sur Internet
Le nombre d'occurrences sur Google (sans dédoublement des homonymes éventuels) est résumé dans la figure qui suit ainsi que le nombre de recherches faites sur Wikipédia au cours du dernier mois.
L'exercice pourrait être fait avec Google Trends pour voir l'évolution des mentions des candidats au fil du temps. Toutefois, en cas de bad buzz (par exemple affaire DSK), on parle beaucoup de la personne mais pas forcément en bien... D'où la nécessité d'avoir un traitement associé pour connaître la tonalité des messages à propos des candidats (positive, négative, neutre).
Pour l'heure, rien n'est joué, même si certains candidats ont avancé des pions en matière de présence numérique. Le rendez-vous que la France s'est donnée avec elle-même est dans 2 ans. D'ici là, du chemin peut être parcouru. Les candidats qui feront une très bonne e-campagne pour la primaire au sein de leur camp pourront prétendre, à défait d'être désigné pour représenter la droite et le centre, à des gros postes ministériels voire à Matignon. En tout cas, plus que jamais pour gagner, il faudra être très bien placé pour la primaire sur et avec Internet - et innover en matière d'e-communication et d'e-participation.