les touristes se pressaient dans la pénombre.
Une voûte s’ouvrait sur une voûte, et aucune vue d’ensemble.
La flamme de quelques cierges tremblotait ça et là.
Un ange sans visage m’enlaça
et me murmura par tout le corps :
« N’aie pas honte d’être homme, sois-en fier !
Car en toi, une voûte s’ouvre sur une voûte, jusqu’à l’infini.
Jamais tu ne seras parfait, et c’est très bien ainsi. »
Aveuglé par mes larmes,
je fus poussé sur la piazza qui bouillait de lumière
en même temps que Mr et Mrs Jones, Monsieur Tanaka et la Signora Sabatini
et en eux, une voûte s’ouvrait sur une voûte, jusqu’à l’infini.
*
Inside the huge romanesque church the tourists jostled in the half darkness.
Vault gaped behind vault, no complete view.
A few candle-flames flickered.
An angel with no face embraced me
and whispered through my whole body:
“Don’t be ashamed of being human, be proud!
Inside you vault opens behind vault endlessly.
You will never be complete, that’s how it’s meant to be.”
Blind with tears
I was pushed out on the sun-seething piazza
together with Mr. and Mrs. Jones, Herr Tanaka and Signora Sabatini
and inside them all vault opened behind vault endlessly.
***
Tomas Tranströmer (Stockholm, Suède 1931-2015) – Pour les vivants et les morts (För levande och döda, 1989) – Traduit du suédois par Jacques Outin – « Romanesque Arches » translated by Robert Fulton