Les cocus dans l'histoire, ou bien des histoires de cocus

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

Si tu reviens j'annule tout !

SOURCE gallica

Seigneur, la femme que vous m'avez offert pour compagne m'a donné du bois.

Paroles tirées de La Genèse, chapitre 3

Il n'est pas de personnage plus important dans l'histoire que le cocu (notez, qu'il n'existe pas de terme féminin pour qualifier ce personnage )

Supprimez le, il ne reste plus rien du vaudeville, au théâtre de boulevard. Tous les plus grands écrivains ont traité la chose, Plutarque* Boccace, Rabelais, Montaigne, Molière, Balzac, Diderot, La Fontaine, Alexandre Dumas(père) Ninon de Lenclos etc.... De nombreux savants ont également écrit sur ce sujet, Pétigny, Richelet, j'alais oublier Voltaire, Bonaventure des Perrier, Marguerite de Navarre à Rémy de Gourmont, sans oublier le romancier le plus lu au XIX° aujourd'hui oublié Charles Paul de Kock dont la première syllabe en évoque l"état.

Vous connaissez certainement une chanson qui n'a qu'une seule strophe répétée à l'infini :" Il est cocu le chef de gare".

Des fabliaux du moyen-âge : " Le Dit de Béranger", " Les Quinze joies du mariage" traitent du cocuage de différentes façons, toutes originales, qui serviront de modèles par la suite.

Plus près de nous, Georges Brassens nous a donné deux des textes de chansons les plus comiques. Si vous voyez Raimu, vous pensez aussitôt à " la Pomponette", je ne veux surtout pas parler de cet homme politique dont la pomponette est partie et revenue, mais pour repartir définitivement.

Le coffre à surpises conjugales.

Le cornard est tantôt comique, tantôt émouvant on le ridiculise ou on le plaint. Molière qui a fait de Sganarelle un cocu imaginaire, fut à son tour cornardé par sa femme Armande Béjart. Ernest Feydeau, porta lui-même les plus belles ramures que lui fit pousser au sommet du crâne sa traîtresse de bonne femme Léocadie, la paternité de leur fils Georges est le plus souvent attribuée au duc de Morny. Le sujet de "Fanny" roman d' Ernest Feydeau est original; ce n'est pas le mari qui est trompé par l'amant, mais c'est l'amant qui l'est par le mari (Brassens en fit une chanson)

Balzac qui a longuement glosé sur le sujet dans "La Physiologie du mariage" et dans bon nombre de ses romans, sur les maris qui à raison de leurs fonctions lui paraissaient plus particulièrement voués que le commun des mortels à certaines mésaventures conjugales. Honoré fut lui-même si l'on en croit Octave Mirbeau, une victime, par son épouse, moins de cent jours après son mariage par le peintre Jean Gigoux.

Comme le dit Diderot : L'infidélité de la femme comme l'incrédulité du prêtre est la pire des forfaitures.

Le rôle de cocu étant essentiellement masculin, il arrive que certains passent directement de l'état de cocufieur à celui de cocufié. Que dire de Georges Clemenceau qui, après avoir mené grande vie à Paris, tenant sa femme recluse en Vendée, la tête ornée d'une ramure cocualique, se vit lui-même sentir pousser des excroissance sur son front. En conséquence de quoi notre tigre à cornes fit jeter son épouse dans les basses-fosses de la prison Saint-Lazare, puis il la réexpédia dans son pays d'origine (les Etats-Unis) , avec l'interdiction de revoir ses enfants.

Le grand Victor en personne se fit planter des bois par un homme réputé très laid ( Sainte-Beuve), mais qui avait la particularité d'être pourvu d'un organe anormalement biaisé.

Le chanoine de Tours Béroalde de Vierville nous livre cette justification : Souventes fois les femmes trompent leurs maris par amour, ce dont il faut les louer, voulant ménager leurs époux; de peur de les user trop vite, elles vont à d'autres.

En Italie, le cocu se nomme bécco, cuckold est le terme anglais et en Espagne, c'est le cornudo qui porte la livrée jaune, cette couleur étant l'apanage de cet état qui selon certains est une preuve de fainéantise... un autre se chargeant de la besogne délaissée par le mari.

Chez les Romains, la femme infidèle était cousue dans un sac en compagnie d'un singe ou bien d'un serpent, puis jetée à la mer ! Cette peine était sévère surtout à l'égard d'animaux n'ayant pris aucune part à cette vilenie. Justinien, dans sa grande bonté maintint la peine de mort contre le mari infidèle, et condamna la femme à la fustigation ou bien à l'incarcération pendant 2 ans au terme desquels elle était rasée, et enfermée pour le reste de ses jours si le mari ne la reprenait pas. Les ottomans beaucoup plus doux, enterraient les femmes peu vertueuse à mi-corps et les lapidaient tendrement jusqu'à ce que mort s'ensuive. En Angleterre, on savait s'amuser en ce temps là, on habillaient le femme à la légère après lui avoir coupé les cheveux. Ensuite, armés d'un bon fouet ils lançaient la bougresse dans les rues de la ville et lui couraient après en la fouettant la poursuivant de carrefour en carrefour. Si la bienheuse n'était pas morte à la première épreuve, on la transportait dans une autre ville. L'éducation Anglaise, il n'y a que ça de vrai.

* N'est-il pas reprochable, à un homme qui se trouvait sur l'âge et ayant une jeune femme, s'il voyait un beau jeune homme qui lui agréât et semblât de gentille nature, le mener coucher avec sa femme, pour la faire emplir de bonne semence et puis avouer le fruit qui en naissait comme s'il eut engendré lui-même" PLutarque, Vie de Lycurge.

Mise à jour le 27 avril 2015 La rue Quincampoix avoit été baptisée rue des Cocus après la faillite retentissante.

Le sujet étant inépuisable, je vous dis :

A suivre