"Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible [...]. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière [...]. Elle pousserait la porte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : "C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie.""
Un roman autobiographique centré sur la relation de l'auteur avec sa grand-mère d'origine française.
Le questionnement sur l'identité, l'appartenance à une culture. A quoi cela tient-il exactement et comment cela influence-t-il l'interaction avec autrui?
Le début est lent. On est bercé par ces veillées sibériennes pendant lesquels l'enfant et sa soeur s'abreuvent de littérature et d'histoire françaises et où l'imagination vagabonde et se crée un monde autre que celui dans lequel ils vivent au quotidien.
La personnalité de la grand-mère est tout à fait fascinante dans sa dignité indéfectible même dans les pires situations de souffrance.
Nous survolons l'adolescence et les premiers émois de la puberté avant de passer à l'âge adulte avec son lot de révélations bouleversantes.
Le portrait que Makine peint de son pays est très (trop?) réaliste. Certains passages sont durs mais l'on sent beaucoup de sincérité dans l'énergie de cette plume.
Makine vit son roman et le fait vivre à son lecteur. La fin quant à elle est très touchante.
A noter que l'auteur a reçu le prix Goncourt et le prix Médicis pour ce livre publié en 1995.
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