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[Critique série] BROADCHURCH – Saison 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] BROADCHURCH – Saison 2

Titre original : Broadchurch

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : Angleterre
Créateur : Chris Chibnall
Réalisateurs : James Strong, Jessica Hobbs, Jonathan Teplitzky, Mike Barker.
Distribution : David Tennant, Olivia Colman, Jodie Whittaker, Andrew Buchan, Adam Wilson, Charlotte Beaumont, Jonathan Bailey, Arthur Darvill, Matthew Gravelle, Pauline Quirke, Charlotte Rampling, James D’Arcy, Shaun Dooley…
Genre : Thriller/Policier/Drame
Diffusion en France : France 2
Nombre d’épisodes : 8

Le Pitch :
Joe Miller, l’assassin présumé du petit Danny Latimer, revient sur ses aveux alors que débute le procès qui décidera de son sort. Une nouvelle qui bouleverse les parents de la victime et leurs proches. Alec Hardy quant à lui, voit resurgir l’affaire Sandbrook, et le mystère encore entier de la disparition de deux jeunes filles. Persuadé qu’il peut enfin identifier le coupable, et mettre cette sombre histoire derrière lui, Hardy décide de demander de l’aide à Ellie Miller, alors qu’elle est elle-même en plein tourment par rapport au procès qui s’ouvre…

La Critique :
La série à succès de Chris Chibnall rempile pour une seconde saison. Alors que Gracepoint, sa déclinaison américaine (également avec David Tennant) vient d’essuyer un échec, et avant la mise à l’eau de la version française, Broadchurch revient avec une seconde saison attendue au tournant par ses nombreux fans. C’est un peu le soucis quand on arrive d’emblée à atteindre les sommets : renouveler l’exploit, maintenir l’intérêt, et prouver qu’on possède suffisamment de bonnes idées, pour ne pas faire du sur-place et proposer du neuf, sans dénaturer ce qui constitue l’essence même de l’œuvre. Très habilement, le deuxième acte choisit donc de rester focalisé sur les mêmes personnages en prenant pied très peu de temps après l’arrestation du tueur du jeune Danny Latimer. On retrouve les parents de la victime, leurs amis et finalement, tout le monde rempile pour orchestrer le procès d’un homme revenu sur ses aveux, tandis qu’en parallèle, la série se propose de plonger le personnage principal incarné par David Tennant, dans les méandres d’une ancienne affaire de disparition déjà évoquée dans la première saison. L’occasion de conserver un lien solide avec l’intrigue établie précédemment, mais aussi de partir dans une autre direction, avec de nouveaux intervenants. Le tout en gardant une belle cohérence et une fluidité relativement exemplaire, notamment quand il s’agit de passer du procès à la nouvelle enquête.
Ainsi, le scénario offre un bon prétexte pour que l’action se déroule toujours dans la ville de Broadchurch et permet à la série de conserver sa légitimité, quand bien même la première saison aurait pu se limiter à une seule salve d’épisodes.

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Tout naturellement, Broadchurch continue de raconter son histoire, en gardant à l’esprit ce refus si caractéristique de tout sensationnalisme facile, au mépris des conventions trop souvent en vigueur. Avec beaucoup de pudeur, la série illustre des sentiments violents et difficiles, et travaille toujours sur un réalisme probant, prétexte à une immersion renouvelée. L’ambiance est la même que précédemment. On renoue avec plaisir avec les personnages auxquels nous nous sommes attachés, alors que ces derniers voient à nouveau leur existence mise à mal par un procès qui ravive les sensations inhérentes à un traumatisme encore très récent. Centrée sur la tentative de reconstruction des personnes touchées de près ou de loin par la mort de Danny Latimer, avec en première ligne ses parents et Ellie Miller, l’épouse du meurtrier, cette seconde saison aborde de lourdes thématiques, sans se laisser démonter. Le deuil, la famille qui doit se réunifier, la renaissance, la rédemption, pour autant de questionnements au centre même de la condition humaine, exacerbés par des événements tragiques amenés à changer à tout jamais celles et ceux qui y sont confrontés. Broadchurch ne change pas son fusil d’épaule et c’est une bonne chose. En prolongeant son exploration de personnages passionnants, sans se départir d’une exigence, dans l’écriture et la mise en scène, la série fait mouche encore une fois.

D’une intensité dramatique décuplée, jouant fortement sur une empathie brillamment encouragée, cette deuxième saison introduit donc de nouveaux protagonistes, parmi lesquels cette avocate de renom sortie de sa retraite, incarnée avec une belle sobriété par Charlotte Rampling. James D’Arcy quant à lui, confère à son personnage une ambiguïté des plus troublantes, alors que les anciens, David Tennant et Olivia Colman en tête, vont encore plus loin dans la psyché de leurs rôles, la série tablant beaucoup sur les relations de ces deux inspecteurs. Une relation qui n’a rien d’opportuniste ou même de glamour, basée sur le respect, et amenée à se transformer en une forme complexe et pudique d’amitié.

Triste, passionnante, tendue, mélancolique et maligne, cette deuxième saison se focalise davantage sur l’aspect psychologique, peut-être au détriment d’une sous-intrigue policière de toute façon moins intéressante que celle de la première saison, mais indispensable à la consolidation d’enjeux relatifs à Alec Hardy. L’effet de surprise n’est donc plus de mise et même si Broadchurch conserve ce petit côté Twin Peak, dans sa façon d’explorer les relations et les secrets qui animent une petite communauté, c’est au centre d’une dynamique connue que nous débarquons. Le suspense est toujours là, mais le drame a pris le pas. Sans renier tout ce qui a fait de la première saison un modèle du genre, Broadchurch se renouvelle suffisamment pour justifier d’avoir voulu continuer. Et lorsque le huitième et dernier épisode s’achève, il est aisé d’imaginer tout ce qui pourrait pousser Chris Chibnall à nous inviter une troisième fois au cœur de cette petite ville côtière de Grande-Bretagne.

@ Gilles Rolland

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