Chacun s’est déjà posé la question: le sport fait-il maigrir ? Un récent rapport de l’Academy of Medical Royal Colleges (1) décrit les 30 minutes quotidiennes (ou presque) d’exercice modéré comme le remède miracle pour la prévention des maladies chroniques. Certes, une activité physique régulière, même d’intensité modérée permet de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, de diabète de type 2, de certains cancers et de démence même, mais elle ne contribue pas forcément à la perte de poids, répondent d’autres chercheurs dans le British Journal of Sports Medicine (2). L’objectif avoué de ces auteurs ? Casser définitivement le mythe de » l’inactivité et de l’obésité » en démontrant que l’exercice physique ne suffit pas à éliminer les effets de la malbouffe ou de l’excès de boissons sucrées.
Le premier responsable de l’obésité, une mauvaise alimentation : Cet éditorial de 3 experts de l’Academy of Medical Royal Colleges, de l’University of Cape Town (Afrique du Sud) et de l’Université de Californie Davis, rappellent, en préambule que si ces 30 dernières années l’obésité a explosé, les niveaux d’activité physique sont restés stables en population générale. Cette constatation suffit à accuser, sans détour, le type et/ou la quantité de calories consommées. Une accusation qui vaut pour l’obésité mais aussi pour toutes ses comorbidités. Selon le Lancet, les conséquences de l’obésité –et donc d’une mauvaise alimentation- pèsent plus lourd que l’inactivité physique, l’alcool et le tabagisme pris ensemble.
Le calcul apport/dépense énergétique ne suffit pas : Chercher à maintenir un « poids de santé » en faisant le compte des calories consommées, et pratiquer suffisamment d’exercice pour dépenser ces calories, sont 2 mesures nécessaires et contribuant à un mode de vie sain, mais pas suffisantes. Les auteurs donnent l’exemple de marques de boissons gazeuses qui communiquent en associant leurs produits avec le sport. » Ce qui est crucial est d’où viennent les calories que nous consommons « . C’est la source des calories qui compte: sucres, graisses ou protéines n’auront pas les mêmes effets.
Les calories issues du sucre vont favoriser le stockage des graisses et la faim, les calories des acides gras induiront plutôt la sensation de satiété.
Les auteurs rappellent les conclusions d’une analyse qui révèlent qu’à chaque excédent de 150 calories de sucre (ce que contient une canette de soda), est associée une prévalence du diabète multipliée par 11 vs les mêmes 150 calories mais apportées par des matières grasses ou des protéines. Ce résultat est indépendant du niveau de poids et l’activité physique (3).
Une autre étude (4) montre que la restriction d’hydrate de carbone est l’intervention la plus efficace pour réduire le risque de syndrome métabolique et devrait être la première approche dans la gestion du diabète, même sans perte de poids.
Prendre des glucides ? Inutile avant l’exercice ! Les auteurs fournissent les preuves que l’idée d’une surcharge en sucres pour se préparer à un effort plus intense est une fausse bonne idée. Un régime chronique riche en graisses mais faible en glucides induit des taux très élevés d’oxydation des graisses pendant l’exercice, et sans besoin de glucides.
Sources:
1. Academy of Medical Royal Colleges Report “Exercise—the miracle cure”.
2. Br J Sports Med 22 April 2015 doi:10.1136/bjsports-2015-094911 It is time to bust the myth of physical inactivity and obesity: you cannot outrun a bad diet
3. PLoS ONE 2013 The relationship of sugar to population-level diabetes prevalence: an econometric analysis of repeated cross-sectional data
4. Nutrition 28 June 2014 DOI:10.1016/j.nut.2014.06.011 Dietary carbohydrate restriction as the first approach in diabetes
5. management: Critical review and evidence base
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