Ces derniers jours, les médias, les humanitaires, tout le monde a interpellé l'Europe pour qu'elle mette sur les rails un plan efficace mettant fin à l'hécatombe qui défigure la Méditerranée, à cette tragédie de migrants, qui a déjà entraîné, depuis le début de l'année, plus de 1000 morts.
Mais cette triste problématique ne doit pas être l'affaire de ce seul continent. Elle a aussi une implication prodigieusement africaine : puisque l'essentiel des victimes sont originaires d'Afrique, et que c'est là que partent ces canots de la mort. D'où ces questions : que fait l'Union africaine à l'heure où tant de personnes en Europe crient, s'indignent, pleurent pour ses fils et filles qui meurent dans les eaux européennes ? Quel est aujourd'hui l'intérêt d'avoir une telle organisation malade d'impéritie et d'inefficacité, de " la globalisation de l'indifférence " pour parler comme le pape François ? Est-elle un gadget à la merci de quelques petits chefs bedonnés, costumés-cravatés dont la préoccupation première est de se remplir les poches ?
Si ces naufragés viennent en Europe, c'est d'abord parce qu'ils n'ont pas pu trouver chez les dirigeants africains, dans leur pays d'origine, en Afrique où paradoxalement la croissance se porte bien, les réponses à leurs raisons de vivre et d'espérer. Que leur horizon s'en est trouvé assombri par une réalité géopolitique périlleuse et impossible. Que leur liberté a été confisquée et muselée. On ne pourra éviter tous ces drames qui nous tenaillent qu'en créant sur place des conditions favorables à la démocratie, au développement, à l'accès au travail pour la jeunesse.
Sans quoi, il y aura toujours cette jeune foule africaine désespérée qui se lèvera et ira à l'assaut de la Méditerranée. De l'eldorado.
Guillaume Camara