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Brésil : des chorégraphies à l'image de la vie, dans laquelle le mouvement adaptation est infini

Publié le 26 avril 2015 par Conte

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O PRINCÍPIO DA CASA DOS POMBOS D'ALICE RIPOLL / SOLO DE CAMILA MOURA

1ER, 2 ET 3 JUIN - LE COLOMBIER - BAGNOLET

Un corps jouant de son côté bancal, frôlant l’art du burlesque, cherche une place confortable sans jamais y parvenir totalement. Des contorsions acrobatiques à l’image de la vie, dans laquelle le mouvement d’adaptation est infini.

O princípio da casa dos pombos offre un mariage parfaitement réussi entre l'acrobatie et la danse contemporaine. Orchestré par la chorégraphe brésilienne Alice Ripoll avec pour interprète Camila Moura, acrobate qui danse ici son premier solo, cette pièce est construite comme une succession de tableaux, dans lesquels un être (il importe peu ici que celui-ci soit une femme) cherche une place confortable, sans jamais y parvenir totalement.

Au début, le corps a quelque chose de la bouderie enfantine, semblant se demander ce qu'il peut bien faire ici, à plat ventre sur le plateau. À moins qu'il ne s'agisse d'un insomniaque cherchant désespérément le sommeil et donc des biais, des jeux pour se distraire ou s'endormir, qui sont ici une série de contorsions à la fois impressionnantes et drôles car légèrement décalées de leur terrain d'origine – le cirque, jouant de leur côté bancal, frôlant avec l'art du clown.

Confronté à une série d'éléments du quotidien, qui n'ont l'air de rien – un aquarium que l'on peut prendre pour une table basse, une chaise poilue…il lui faut à chaque fois, déployer des trésors d'inventivité pour « faire avec », tomber et se relever.

Alice Ripoll compare ce personnage à un ruminant en processus constant de mastication et de digestion. Et c'est bien de cela qu'il s'agit : avec ses contorsions, son expressivité et un certain laisser faire burlesque et poétique, O princípio da casa dos pombos offre une image de la vie où le travail d'ajustement est infini, comme un mouvement constant d'adaptation et de recherche.

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CICATRIZ SOLO D'ALINE CORRÊA

© guto muniz

6, 7 JUIN - LA CHAUFFERIE - SAINT-DENIS

Un corps nu, couvert de lignes et de mots, se dessine dans l’obscurité : Aline Corrêa, en collaboration avec Paolo Azevedo, livre une bataille à corps perdu, intense et rageuse, comme si elle montrait l’envers de la danse de rue et les blessures sur lesquelles elle peut se construire.

Il y a quelque chose d'un rite sacré dans Cicatriz. Dans le noir, de dos, un corps nu, tête rasée, se dessine dans l'obscurité. Des lignes, des mots, couvrent sa peau comme un étrange langage surgi du fond des temps, cicatrices ou tatouages. Un piano égrène ses notes, celles de Für Alina d'Arvo Pärt, celles du compositeur et interprète allemand Nils Frahm – des notes toutes simples, aériennes, cristallines et qui font la part belle au silence. 

Aline Corrêa, qui vient du hip hop et fait ici ses premiers pas de chorégraphe, semble avec Cicatriz livrer une bataille à corps perdu, moins virtuose qu'intense et rageuse, écorchée, comme si elle montrait en quelque sorte l'envers de la danse de rue et les blessures sur lesquelles elle peut se construire – ici, lorsqu'elle tourne au sol, ses appuis paraissent des moignons.

Tour à tour, elle court, saute, tournoie, se tend, se projette sans ménagement sur le sol ou se laisse tomber, puis soudain s'apaise, dans une forme d'extrême douceur et de vulnérabilité, ramassant ses forces ou au contraire, pariant sur une paix possible, quand viendra le temps de panser les plaies et de proposer, littéralement, d'autres images.

Avec Cicatriz, Aline Corrêa semble se réapproprier un territoire. Le corps est ici comme un palimpseste, à l'image de ces anciens manuscrits écrits sur du parchemin déjà utilisé, qui en conservent toutes les traces. Conçue par destruction et reconstruction progressive, Cicatriz présente le corps comme le porteur d'une mémoire enfouie, souterraine, qui ressurgit, surface de projection multiple, poétique, mystérieuse.

Pour en savoir + : www.rencontreschoregraphiques.com


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