Emotions / Emoticônes milanaises : la passion pour l'art africain

Comment "rater" une superbe exposition ?
En la rendant très très confidentielle accompagnée d'un zeste d'accueil glacial, d'une interdiction formelle de photographier, illustrée par un catalogue aux photos datées complétées de textes uniquement rédigés en italien malgré de grandes signatures internationales, le tout imprimé sur un papier sans qualité !
Je ne suis pas la seule à m'insurger contre ce type de "savoir exposer" passéiste (je ne parle pas de la scénographie magnifique, mais du fond. Lire l'intéressant article de Bruno Claessens : La puissance d'un Hachtag dont le titre est pertinemment choisi).
Le monde dans lequel nous vivons, qu'on l'accepte ou le déplore, est un monde de réseaux. Les images circulent. Facebook, Twitter, Pinterest, Instagram (ici d'une pauvreté absolue !)...sont autant d'outils pour réussir une belle promotion !
Par eux, nous touchons notamment un public jeune qui n'est pas spécialement au fait des actualités muséales, qui "consomme" de l'art d'une manière différente de ce que nous, "anciens", mettons sous le sacro-saint vocable d'"expérience esthétique" !
Il est bien vain de noircir des pages sur le syndrome de Stendhal si l'un des plaisirs simples du visiteur d'aujourd'hui ne le conduit qu'à s'intéresser à une sculpture dans le but de la photographier et de la partager avec ses "amis". Pourquoi l'exclure ? Pourquoi se priver de la chance de pouvoir lui inoculer la passion pour l'art africain ?... Passion qui pourrait devenir très vite contagieuse grâce à ses nombreux "partages" avec ses "amis" des réseaux sociaux.
Et si les réactions émotives esthétiques ne se traduisaient qu'à l'aune de smileys et d'émoticônes sur un écran, de quel droit jugerions-nous ?
Passé ce "coup de gueule", reconnaissons les mérites de cette exposition : Avoir réuni des chefs-d'oeuvre !


La scénographie ne mise que sur l'esthétique et, à cette fin, exposer les pièces "en bocal" est une réussite car les sculptures se donnent à contempler sur tous les côtés !
Et quelles pièces ! Provenance Tervuren, Branly, Lisbonne, Dresde, Zürich, Collection Horstmann...et autres... Il ne s'agit pas d'une exposition pour les 'Connoisseurs" mais pour le grand public : Milan mise certainement sur l'afflux massif de visiteurs que la prochaine exposition universelle va drainer le mois prochain !
Pas de fil rouge, les salles alternent des thématiques qui pourraient bien sûr regrouper de nombreuses oeuvres : Divination, ancêtres, mort, magie et art de vie avec les esprits - Pouvoir, prestige, importance de la tradition - Initiations, secrets, puissance des masques et fabrication de la danse définissent trois grandes salles après une introduction de "Masterpieces" et reliées entre elles par de petites salles qui présentent des oeuvres du royaume du Benin, des petits objets (appuis-nuque, poupées...) ou encore un autel vodun.

Ce sont quelques 250 oeuvres, pour la plupart "iconiques" dans les références muséales, qui sont rassemblées ici pour transmettre un seul message : Découvrez la richesse et la beauté des arts africains ! Enthousiasmez-vous mais surtout Émouvez-vous !

Photos de l'auteure, prises de la porte d'entrée de l'exposition !! Milan, avril 2015.