Le jeune Yannis vit seul avec son père depuis la mort de sa mère. Ils vivent de la pêche que leur fournit la mer des îles grecques. Un jour où Yannis livre le capitaine d’un bateau, il découvre un étrange oisillon, sale et mal en point. Pris de pitié, Yannis veut sauver la bestiole, et l’échange contre la croix en or qu’il porte autour du cou, seul souvenir de sa mère. Caché dans la chambre du garçon, l’oiseau se remet, en cachette du père qui ne doit apprendre ni son existence, ni la disparition de la croix. Avec l’aide de l’érudition de Papa Kostas, le prêtre, Yannis découvre qu’il vient d’adopter un petit pélican… qui ne restera pas petit longtemps! Très bientôt, Nicostratos devient un superbe pélican géant et une tendre amitié se noue entre l’enfant et l’oiseau. Tous les jours, Yannis profite de l’absence de son père pour rejoindre Nicostratos. Mais dans les îles grecques, des pélicans, on n’en voit pas beaucoup, et Nicostratos commence à se faire remarquer.
Cette histoire m’a fait l’effet d’un voyage empreint de poésie. Ce qui est certain, c’est qu’il nous plonge dans une Grèce à la fois bien tangible et tout à fait pittoresque. Le soleil, la mer, les côtes et leur végétation luxuriante, j’ai eu le plaisir de découvrir un décor superbe, une véritable carte postale, qui appelle à l’évasion. Et pour le souligner, les personnages ne manquent pas une occasion de sublimer la nature qui les entoure: ils cultivent, ils pêchent, ils nagent et se dissimulent dans des grottes secrètes derrière des rideaux de fleurs. Alors qu’on devine aisément que Yannis et son père n’ont pas grand-chose, on a presque l’impression qu’ils vivent du grand air et du soleil, dans une grande simplicité. Nulle doute qu’Eric Boisset a cherché à rendre hommage à ces lieux paradisiaques et le défi est relevé haut la main: je m’y suis vue!
C’est aussi ce qui fait l’originalité du livre. Il faut dire que les histoires d’amitié entre un enfant et un animal sont légion dans la littérature jeunesse, un véritable cliché. Un pélican, par contre, ce n’est pas banal, et d’ailleurs, le roman en fait un pivot, un enjeu: comment justifier la présence de ce pélican dans cette famille, dans cette île même? Voilà comment contourner habilement le lieu commun et apprécier pleinement sa particularité.
Et derrière cette intrusion du pélican dans la vie familiale et dans la petite société de l’île, le roman dépeint une relation père-fils particulièrement touchante. A la communication tendue, voire rompue, entre eux, où la mort de la mère reste une donnée clé, s’oppose la véritable bouffée d’oxygène qu’apporte le pélican, une joie presque coupable. Loin de l’idéalisme ou du drame exacerbé que l’on pourrait attendre, on se laisse gagner ici par une tristesse sourde, presque résignée, qui m’a beaucoup marquée et qui s’installe au point que je me demandais s’il était possible que cette histoire finisse bien. Bien plus efficace.
La note de Mélu:
Une note méritée!
Un mot sur l’auteur: Eric Boisset (né en 1965) est un auteur français spécialisé dans la littérature de jeunesse. J’ai eu la chance de lui poser quelques questions ici! D’autres de ses livres sur Ma Bouquinerie: