France télévisions : Qui est Delphine Ernotte-Cunci, première femme présidente?" border="0" title="MÉDIAS > France télévisions : Qui est Delphine Ernotte-Cunci, première femme présidente?" />
Delphine Ernotte-Cunci, présidente de France Télévisions I Photo ©Olivier Ezratty
"Un bon manager est un manager respectueux de ses collaborateurs, de ses pairs, de ses propres managers. C'est fondamental. C'est simple à dire, mais il faut le redire", affirmait en 2014 sur le blog d'Orange la jeune femme brune de 48 ans, mariée à un comédien. Propulsée trois ans plus tôt par Stéphane Richard -devenu PDG- en qualité de directrice exécutive d'Orange France et de ses quelque 80000 salariés, Delphine Ernotte-Cunci avait affronté avec "sang froid" l'arrivée, en janvier 2012, de l'opérateur Free Mobile cassant les prix et rebattant les cartes du marché du mobile.
Difficile période des suicides. "Elle avait préparé une war room, tout le monde savait ce qu'il avait à faire", raconte un expert du secteur. Même détermination six mois plus tard lorsqu'il avait fallu gérer la panne logicielle de grande ampleur qui avait touché le réseau d'Orange. Solidité encore lorsqu'elle était apparue en première ligne après le suicide d'un salarié en 2011, le énième d'une terrible série qui avait endeuillé le groupe au cours des années précédentes. "Peut-on toujours détecter quelqu'un en période de fébrilité dans une entreprise de cent mille salariés. Peut-on être infaillible ? La preuve que non", avait alors affirmé la centralienne qui avait dit avoir vécu cette période "avec un mélange de profonde culpabilité et de déni".Reproches. Les reproches n'avaient pas manqué à l'égard de cette mère de deux enfants, au sortir de cette tempête sociale sans précédent chez l'opérateur historique. Ainsi la CGC médias rappelait-elle encore en mars que Delphine Ernotte-Cunci "officiait directement sous les ordres de Didier Lombard et Louis-Pierre Wenes", les deux ex-dirigeants du groupe mis en cause pour leurs méthodes managériales dans "la crise" des suicides, "alors même que de nombreux cadres dirigeants quittaient le navire pour protester".
Très intelligente. Des accusations qui relèvent "d'une manœuvre désespérée de ses concurrents pour lui mettre des bâtons dans les roues", estime un connaisseur du dossier qui vante la contribution de la dirigeante à "l'apaisement" du climat social. "C'est une femme très intelligente et déterminée, qui a une grande capacité à embrasser des problématiques complexes et à les résoudre. C'est une battante, une femme engagée, mais c'est quelqu'un qui sait être dans l'attention", dit d'elle l'actuel secrétaire général d'Orange, Pierre Louette.
Militante de l'égalité hommes-femmes. Autre facette de la personnalité de cette Bayonnaise, que l'on dit discrète et pragmatique, son engagement pour l'égalité professionnelle hommes-femmes. Elle a d'ailleurs créé Innov'Elles, un réseau interne de femmes chez Orange, et s'agace du "sexisme ordinaire" auquel elle est parfois confrontée dans une entreprise encore majoritairement masculine. Une anecdote raconte qu'elle consigne scrupuleusement sur un carnet de notes les remarques sexistes des membres du comité exécutif d'Orange, où elle siège: celles-ci valent à leurs auteurs une "amende" de base de €10, qu'elle s'applique à elle-même lorsqu'il lui arrive d'en faire. En fin d'année, le perdant régale le comité...
Femme de réseau. Mais la dirigeante, qui se destinait à l'archéologie, ne manque jamais une occasion de rappeler que c'est à des hommes qu'elle doit son parcours. Jean-Paul Cottet d'abord, lorsqu'il était directeur d'Orange, qui lui a donné sa chance dans l'opérationnel, puis Thierry Breton, alors PDG, qui lui a confié en 2004 une grosse direction régionale, Centre Val de Loire, alors qu'elle n'avait pas 40 ans. Femme de réseau, Delphine Ernotte-Cunci dispose d'un excellent carnet d'adresses. Un atout pour qui accède à la présidence de France Télévisions, poste à la fois très politique et très exposé. Elle dispose de "soutiens influents, mais doit déjà affronter les syndicats du groupe (audiovisuel), qui lui reprochent son passé de cost killer chez France Télécom", rapportait en mars dernier le site d'information Atlantico. Passionnée de théâtre, elle est aussi aguerrie dans le domaine de la communication (elle a occupé le poste de DirCom et Sponsoring France pendant deux ans) et de la vente (elle a été directrice de la branche distribution).FG