Valentin Belaud est un pentathlonien français champion du monde junior en 2012 et champion du monde senior de relais en 2013 et 2014. Son objectif ? Devenir le Roi à Rio !
Le pentathlon c’est quoi ?
Le pentathlon de l’Antiquité, qui consistait à courir la longueur d’un stade, sauter, lancer le javelot, le disque et lutter, a été introduit pour la première fois aux Jeux Olympiques en 708 avant J.C.. Le pentathlon avait une place unique dans les Jeux et était considéré comme le point d’orgue de l’événement, le vainqueur recevant le titre de «Victor Ludorum».
La polyvalence du pentathlète est d’ailleurs résumé par Aristote par cette formule : « le pentathlète est le plus parfait de tous parce qu’il a reçu de la nature la force, la vitesse, l’adresse et le courage ».
Le pentathlon est la discipline sportive la plus exigeante, mais aussi celle qui rapporte le moins d’honneur puisqu’un seul pentathlète, selon Pausanias, avait sa statue à Olympie lors de sa visite des lieux au deuxième siècle de notre ère.
Le pentathlon a eu les honneurs des Jeux modernes à 3 éditions : 1912, 1920, 1924. Les athlètes s’affrontaient alors en longueur, au javelot, au 200 mètres, au disque et au 1500 mètres. Le classement se faisait alors simplement en cumulant les places à chaque épreuve. Le 1er vainqueur a été l’Américain Jim Thorpe.
Le pentathlon sous sa forme moderne fut inventé par le baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes. Comme les épreuves de l’ancien pentathlon étaient choisies suivant les compétences du soldat idéal de cette époque, Coubertin créa l’épreuve pour imiter les épreuves d’un soldat de cavalerie du XIXème siècle derrière les lignes ennemies : il doit monter un cheval inconnu, combattre avec un pistolet et une épée, nager et courir.
Un conseil pour débuter le pentathlon ?
Être hyper actif, curieux et un peu fou !
Ton sport de prédilection est celui avec lequel tu as commencé ?
Je n’avais pas forcément de sport de prédilection.
À 9 ans quand j’ai découvert le pentathlon je faisais déjà du judo en parallèle, mais le pentathlon m’a très vite accroché. J’ai tout de suite aimé faire plusieurs épreuves. Faire qu’un seul sport m’ennuyait, je ne supportais pas de faire tout le temps la même chose. Le pentathlon était donc le sport rêvé !
Le temps d’entraînement est-il équitable entre ces 5 sports ?
Nous avons 35 heures d’entraînements par semaine.
Les deux disciplines que nous travaillons le plus sont la natation 9 heures et la course 8 heures en comptant l’épreuve de combiné.
Vient ensuite l’escrime avec 5 heures d’assaut collectifs et 2 heures de leçon individuelle avec un maître d’armes (entraîneur d’escrime).
A cela nous ajoutons 5 heures de tir, 3 heures d’équitation et 3 heures de préparation physique (musculation et exercices de course). Des bonnes semaines !!!
La performance dont tu es le plus fier ?
En fait il y en a plusieurs car chacune a son histoire…
Tout d’abord ma première victoire internationale!
Champion du monde junior en 2012, c’était l’année des Jeux de Londres mais pas dans la bonne catégorie… Je ne partais pas leader le matin, j’ai dû me battre tout au long de la journée. Avant la dernière épreuve je pointais à la 11ème place, très loin du titre. Au départ de la dernière épreuve, le combiné (4X800m avec un tir avant chaque course), je me suis dit que tout était possible! J’ai remonté mon retard sur la tête de la course pendant les 3 premiers 800m, mais sans voir les trois premiers qui était encore loin… À l’arrivée pour le dernier tir j’étais 6ème. Avec un bon tir j’ai pu repartir 3ème à 13 secondes des deux premiers, ce qui est énorme mais mes jambes étaient encore fraîches, donc j’ai tenté le tout pour le tout en attaquant dès la sortie du stand de tir… À 500m de l’arrivée j’ai réussi à rattraper les deux premiers… Je suis peut-être resté 10 secondes avec eux mais le rythme n’était pas assez fort… Il restait 400 mètres j’ai remis une accélération, ils se sont accrochés pendant quelques secondes puis j’ai commencé à les distancer… Tous les encouragements me relançaient de plus en plus… Dernier virage à droite, je m’assure de ne pas tomber… Je me retourne pour savoir où ils étaient… Plus personne… La banderole de la ligne d’arrivée était tendue elle m’attendait…
Après c’est juste de la magie ! Des sentiments énormes qui explosent tout ! J’en ai encore des frissons quand j’y pense…
La deuxième performance est une belle revanche !
Champion monde de relais mixte en 2013 avec Elodie Clouvel.
La veille du relais je finissais 10ème de l’épreuve individuelle à cause d’une chute en équitation… Pourtant la journée s’était déroulée à merveille… Je réalisais une très bonne escrime et mon meilleur chrono en natation mais par manque de lucidité au début de mon parcours d’équitation j’ai fait une grosse faute qui m’a fait chuter… Et me fait perdre toutes chances de médailles… Le soir j’étais extrêmement déçu ! Les entraîneurs m’ont convoqué avec Elodie le soir même… Ils nous ont demandé si l’on voulait participer au relais mixte… Une chance inouïe après nos deux finales ratées ! Elodie avait terminé 5ème, alors qu’elle était, elle aussi, en course pour le titre. Le matin du relais nous étions tous les deux surmotivés, nous voulions notre titre !!! Dès le début de l’escrime nos forces n’étaient dirigées que vers une chose : l’or !!! Quand l’un avait une baisse de régime l’autre répondait directement et gagnait son match. Toute l’équipe de France était derrière nous et nous boostait de plus en plus ! L’atmosphère était chargée en tension mais tellement de bonheur et d’excitation de pouvoir montrer ce que l’on valait réellement. Nous sommes restés dans les trois premiers relais toute la journée ! La pression était à son maximum pour l’épreuve d’équitation. Nous ne voulions pas revivre l’échec de nos finales respectives ! Mais la concentration a pris le dessus et nous avons effectué deux parcours sans fautes. Une libération après le dernier obstacle. Il ne manquait plus qu’à terminer le travail sur le combiné. Elodie devait rester parmi les trois premières concurrentes afin de me passer le relais dans les meilleures conditions pour que j’aille chercher le titre ! Ce qu’elle a fait facilement. Je suis arrivé en 2ème position sur le dernier tir, le Letton a craqué… Je suis sorti 1er du stand de tir. Les autres athlètes ne pouvaient plus me remonter… L’écart était trop grand !
Mon meilleur ami Valentin Prades m’attendait à 400 mètres de l’arrivée avec le drapeau tricolore. Il me l’a donné ! J’ai pu savourer la fin de la course avec nos couleurs sur les épaules… Elodie m’attendait derrière la ligne d’arrivée ! Nos regards se sont croisés, pas besoin de dire un mot nous avions réussi !
Prochain objectif Rio 2016 ?
C’est l’objectif numéro UN, le rêve !
Maintenant dans un premier temps il va falloir se qualifier, après je pourrai réellement me concentrer sur cette compétition.
Avoir une formation en comptabilité et en gestion, c’est pour te permettre de calculer plus vite que les autres ?
Ma formation en comptabilité me permet d’équilibrer ma vie avec le sport ! Et plus sérieusement de préparer mon avenir car je ne fais pas un sport qui me permettra de pouvoir vivre à la fin de ma carrière. Ce diplôme en comptabilité doit me permettre d’assurer mes arrières même si je ne compte pas travailler dans ce domaine plus tard. J’ai d’autres idées derrière la tête. En effet, grâce à mon statut de sportif de haut niveau je vais peut-être pouvoir rejoindre l’armée de Champion à la fin de l’année 2015.
Merci Valentin pour le temps que tu nous a accordé, le pentathlon un sport qui mérite à être connu. On te souhaite le meilleur pour Rio
Jack’s