Martin - 1977 (Le descendant de Nosferatu)

Publié le 24 avril 2015 par Olivier Walmacq

genre: horreur, épouvante, gore (interdit aux - 16 ans)
année: 1977
durée: 1h35

l'histoire: Martin, un jeune homme de dix-sept ans est obsédé par le sang : il viole et tue des femmes et des hommes dont il boit le sang en leur entaillant les membres au rasoir. Son oncle Cuda qui l'héberge est persuadé qu'il est un vampire, descendant de Nosferatu. Martin est-il un véritable vampire, ou bien seulement un marginal en proie à la folie ? 

La critique :

On connaît surtout George A. Romero pour ses films de zombies. En effet, on ne présente plus Dawn of the Dead (aka Zombie), La Nuit des Morts Vivants (1969), Le Jour des Morts Vivants ou encore Le Territoire des Morts, pour ne citer que ceux-là. En revanche, on le connaît moins dans le regsitre vampirique. D'ailleurs, à ce jour, Martin, sorti en 1977, reste le seul film de "vampires" de George A. Romero. Il n'en réalisera plus par la suite.
Ce qui est assez regrettable tant sa filmographie ira en déclinant dans les années 2000. En l'occurrence, Martin est un long-métrage plutôt confidentiel dans la filmo du cinéaste. En dehors de ses films de zombies, les fans du réalisateur citent plus facilement Creepshow.

En soi, Martin est moins évident, en tout cas, moins connu dans la filmographie de Romero. Le cinéaste fait appel à Tom Savini (qu'il connaît bien) pour les maquillages et les effets spéciaux du film. Au niveau de la distribution, Martin ne réunit pas des acteurs très connus. John Amplas, Lincoln Maazel, Christine Forrest et Elyane Nadeau complètent le casting.
Tom Savini apparaît lui aussi dans un petit rôle. Même remarque concernant George A. Romero, qui apparaît dans le rôle du Père Howard. Réalisé avec un petit budget, soit 80 000 dollars, Martin gagnerait à être davantage connu.

Après La Nuit des Morts Vivants, Zombie et Creepshow, c'est probablement le meilleur film du cinéaste. Attention, SPOILERS ! Martin est un jeune homme de 17 ans. Recueilli par son oncle Cuda à Braddock en Pennsylvanie, il est rapidement mis en garde par son tuteur : Martin est un Nosferatu, un vampire âgé de 84 ans, et Cuda doit sauver son âme avant de détruire son enveloppe terrestre.
Des meurtres perpétrés par Martin semblent donner raison à son oncle, meurtres au cours desquels Martin boit le sang de ses victimes mais où aucun pouvoir fantastique ne transparaît. Alors Martin : vampire moderne ? Fantasme d’une communauté intégriste ? Tueur en série ?

Premier constat: George A. Romero est un fan de Nosferatu le Vampire, de Friedrich Wilhelm Murnau. Il décide de transposer sa version très personnelle de Dracula sur grand écran en posant le doute sur la véritable identité de son héros. Martin est-il un adolescent psychotique aux pulsions morbides ? Ou alors est-il réellement le descendant de Nosferatu ?
A ces questions, Romero n'apporte pas vraiment de réponse. En vérité, Martin s'apparente davantage à un film violent sur l'adolescence. En effet, le réalisateur nous présente un personnage en proie aux diverses frustrations de la société.

Ces frustrations sont à la fois sexuelles et sociales. Le film nous présente un adolescent tancé et vitupéré par ses pairs. Pour Romero, peu importe que Martin soit le descendant de Nosferatu. Ce qui importe, c'est qu'il tue avec une rare sauvagerie et barbarie. Ce qui importe, c'est qu'il est soupçonné par une communauté américaine repliée sur elle-même et engluée dans une certaine morale bien-pensante et religieuse. George A. Romero en profite également pour égratigner la mythologie du vampire.
Ici point d'ail, de vampires qui meurent au soleil ou encore de crucifix pour lutter contre le mal. Finalement, en dehors des soupçons de vampirisme qui pèsent sur l'adolescent, le film n'a pas grand-chose à voir avec le registre du fantastique.

Dans Martin, l'horreur se glisse naturellement dans la vie quotidienne. Ce qui explique pourquoi Romero choisit de montrer les meurtres de façon incisive et brutale comme une part inhérente de la nature humaine. Dans Martin, il n'y a aucun personnage sympathique, et finalement, aucun héros digne de nom. Le personnage principal reflète tout simplement les bas fonds de notre âme et de notre conscience en proie à de nombreuses pulsions. Pour opacifier son propos, Romero choisit de rentrer dans l'esprit malade de son adolescent via des séquences en noir et blanc.
Par moments, le réalisateur se permet carrément une odyssée fantasmatique et même fantasmagorique dans la psyché de son "héros". Dommage que Romero n'ait pas creusé davantage cet aspect. Mais ne soyons pas trop sévères. Avec de telles thématiques, Romero réalise l'un de ses meilleurs films, probablement le plus nihiliste, juste après La Nuit des Morts Vivants, dans un tout autre genre.

Note: 17/20

 Alice In Oliver