Mercredi 22 avril, une vingtaine de lecteurs Babelio a eu la chance de rencontrer Alain Gillot, l’auteur de La surface de réparation, paru pour la rentrée littéraire 2015. Réunis dans les locaux des éditions Flammarion, ils ont pu échanger avec cet ancien scénariste charmé par l’univers littéraire.
La surface de réparation est l’histoire d’une rencontre. Vincent a rompu depuis longtemps avec sa famille lorsque sa soeur lui confie Léonard, son fils de treize ans. Entraîneur de jeunes footballeurs, il n’a qu’un goût modéré pour les enfants et ne sait comment s’y prendre avec ce neveu qui fuit tout contact. Cette rencontre à première vue impossible entre l’oncle solitaire et cet enfant dont il découvre progressivement qu’il est atteint du syndrome d’asperger, changera leur vie à jamais.
Vivre avant d’écrire
La séance s’ouvre sur des questions concernant la naissance du roman et l’état d’esprit de l’adulte qui décide de prendre la plume. “Je suis un vieux-jeune romancier” répond très vite Alain Gillot. Journaliste puis scénariste, l’écriture a toujours fait partie de sa vie. Il explique cependant qu’avant de penser à écrire un roman, il faut avoir vécu. A vingt-trois ans, lorsque son premier employeur lui dit qu’il possède l’âme d’un romancier, Alain Gillot nie. Pourtant, des années plus tard, à force de rencontres et de voyages, il sent que sa plume l’attend et l’ envie vient toute seule, “comme un déclic”.
Faire accepter la différence
Les lecteurs interrogent ensuite Alain Gillot sur le syndrome d’asperger et sa motivation à en faire un roman. L’auteur livre que c’est suite à une rencontre avec un jeune enfant atteint du syndrome que son intérêt pour la maladie est né : “ ce garçon, un peu plus jeune que le personnage du roman, dégageait quelque chose de très fort”. Fasciné, il a exploré le web afin de récolter un maximum de témoignages et d’informations sur la maladie. A ce titre, il conseille les récits de Temple Grandin, une asperger dont le témoignage l’a particulièrement touché. Ébloui devant les facultés de ces personnes, Alain Gillot éprouve l’envie de faire comprendre au grand public que les asperger sont des humains comme les autres. Il résume “le vrai déclenchement du roman, c’est de vouloir faire accepter la différence”. Il précise d’ailleurs que Léonard est en réalité un prétexte pour traiter le thème de la famille. Ainsi, il explique que son roman est davantage l’histoire d’un enfant et de sa différence que celle de la relation frontale entre un asperger et son entraîneur de football.
Refuser l’apitoiement
Vient ensuite la traditionnelle question de la similitude entre Alain Gillot et ses personnages. “En tant qu’auteur, nous sommes dans tous les personnages. Si je ne suis pas l’un d’entre eux, je l’élimine.” Il explique ensuite que le côté solitaire du personnage de Vincent, l’oncle de Léonard, ne lui correspond pas du tout et que c’est plutôt le pragmatisme qu’ils ont en commun. Il évoque ensuite sa démarche d’écrivain, qui a su piocher dans sa propre expérience pour ensuite la romancer. Finalement, sa qualité personnelle qui transparaîtrait majoritairement dans l’ouvrage serait le refus de l’apitoiement “J’aurais pu faire un roman plus social mais sur ce sujet je souhaitais écrire un roman sur le modèle d’un conte . Je sais que la réalité peut être dure mais je ne voulais pas insister sur cet aspect.”
La grâce du milieu littéraire
En tant qu’ancien scénariste, Alain Gillot est ensuite interrogé sur les différences entre l’exercice scénaristique et celui de l’écriture romanesque. L’auteur évoque dans un premier temps le travail de structuration de son roman. Si ce dernier a été écrit seulement en quinze jours, des mois de réflexion ont été nécessaires afin de penser la trame dans son intégralité. Ce qu’il apprécie le plus dans l’écriture, c’est le sentiment de pouvoir construire son oeuvre comme bon lui semble, ce qui selon lui n’est absolument pas possible dans le monde du cinéma, où les jeux de pouvoir l’emportent sur la nature des oeuvres. Exalté par son nouveau mode de vie, Alain Gillot compare cette expérience à un rêve “beau et fascinant.”
Du texte à l’image
Naturellement, la discussion s’oriente ensuite vers l’adaptation cinématographique en cours du roman d’Alain Gillot qui avoue n’en être qu’aux balbutiements de l’exercice. En revanche, il partage son expérience de scénariste et évoque les difficultés de l’adaptation d’un texte écrit en film : “Il est difficile de s’affranchir d’un texte, tout ne peut pas se traduire directement en images, ne serait-ce que les discours intérieurs.” Pour combler le manque d’informations disponibles à ce sujet, il dévoile en avant première ses projets à venir dont un et peut-être même deux autres romans, dans lesquels il traiterait des sujets plus proches de sa propre vie.
Comme à l’accoutumée, la séance se clôture par une séance de dédicaces, pendant laquelle les lecteurs ont pu échanger individuellement avec l’auteur.
Découvrez La surface de réparation d’Alain Gillot aux éditions Flammarion.