Comment faire ressusciter un lieu qui semble condamné à disparaître par l’entremise d’un voyage musical spirituel et cinématographique? Le groupe Tambour avait la réponse à cette question hier soir.
Hier n’était pas une bonne journée pour moi, le genre de journée où les badlucks te pourchassent comme des rapaces, bref, le genre de journée où la seule option intelligente valable semble être de se cacher en dessous de ses couvertes.
Mais puisque le devoir appelait Feu à Volonté en cette journée morose et pluvieuse, l’option du lit n’était pas valable. Le groupe Tambour nous donnait donc rendez-vous à la Chapelle Saint-Louis sur la rue Drolet. L’auteur-compositeur Simon Piché Castonguay installé au piano était accompagné de sept autres musiciens* ; deux violons, un alto, un violoncelle, une clarinette, un basson, et enfin un multi-instrumentiste qui se chargeait de la guitare, du synthé et du Glockenspiel!
Photo: Eva-Maude TC
N’ayant pas l’habitude d’assister à des concerts de musique ambiante et encore moins d’être dans un lieu de culte, je me demandais si mon épopée merdique de ce mardi 22 avril 2015 allait se poursuivre durant la soirée.
La maison de Dieu me semble hostile, je suis assis au fond de la chapelle sur ce vieux banc de bois. À ma droite, une peinture. On y voit Jésus entouré de Romains. Le Christ me fixe d’un air accablé. En dessous, il est inscrit «Jésus dépouillé de ses vêtements», ça sent la grande noirceur à plein nez ici.
Enfin, les premières notes de piano de Simon Castonguay viennent couper mes angoisses religieuses, la musique enveloppe la petite chapelle, la douceur mélancolique des mélodies m’accroche aussitôt. Le voyage commence. Cloué à mon banc d’église, je décompresse peu à peu. Les cordes me résonnent en plein cœur, j’en ai la chair de poule. Tambour nous projette dans un film, notre propre film, mêlant souvenirs et rêveries, tristesse et espoir. Les sentiments se bousculent à l’intérieur de moi. C’est un déplacement introspectif et méditatif, j’oublie le reste, je rêvasse. Simon Castonguay avait vu juste, Tambour se fond parfaitement dans ce décor biblique, l’acoustique architecturale est superbe et l’ambiance fantastique.
Évidemment, Tambour peut rappeler Yann Tiersen ou Patrick Watson, mais il a ses couleurs bien à lui, c’est un voyage musical différent pour chacun, subjectif et cinématographique: «Je ne peux pas vraiment décrire ce que je fais, les gens se font leur propre scénario dans leur tête», me disait Simon Castonguay après le spectacle.
Qui l’aurait crû? J’étais en symbiose avec le lieu à la fin du spectacle. Mes tracas de la journée disparus, ce fut une vraie thérapie musicale. J’avais carrément envie de croire en la sainte-parole du Christ. Est-ce que j’ai vu la lumière? Peut-être pas finalement, mais reste que Tambour a livré une formidable prestation, le prochain EP promet!
Amen
* (Violon 1 : Rose Frappier, Violon 2 : Audrée Leduc, Alto : Mélanie Venditti, Violoncelle : Eugénie Lalonde, Glockenspiel-Synth-Guitare : Gregory John Wellings Burton, Clarinette : Elyze Venne-Deshaies, Basson : Antonin Mercier).