- que les faits sont les suivants. Dimanche matin dernier, Aurélie Châtelain, une jeune prof de fitness qui ne demandait rien à personne, a été assassinée de trois balles dans la tête à Villejuif. Horrifiant. On a su plus tard qu’elle a été tuée par un terroriste, toujours présumé avant condamnation, qui tentait de lui voler sa voiture pour assurer sa fuite ultérieure, véhicule auquel il a mis le feu. Immonde. C'est lors de cette furieuse agression que le tueur se serait blessé à la jambe, se tirant une balle dans le pied, et aurait ensuite été obligé d'appeler le Samu. Intrigués par son comportement, les secours ont alors sollicité la police qui a trouvé un véritable arsenal dans sa voiture, puis son domicile : plusieurs armes de guerre, d'armes de poing, de munitions, de gilets pare-balles et de matériel informatique et de téléphonie. La police a aussi découvert un projet d’attentats. Sid Ahmed Ghlam projetait de les perpétrer contre des églises de Villejuif. Ces derniers jours et ces dernières heures, le criminel a été interrogé et les enquêteurs tentent de déterminer s’il a bénéficié de complicités dans la préparation des attaques évitées et quels sont ces complices. Lorsque les faits sont posés, il faut voir ce qu’on en fait, ce qu’on en dit, ce qu’on en comprend.
- que les faits sont également ceux-ci. Le Ministre de l’Intérieur s’était exprimé mercredi pour affirmer, citons-le, que les autorités françaises avaient évité un attentat imminent contre une ou deux églises en arrêtant de manière fortuite un homme par ailleurs soupçonné d'être impliqué dans le meurtre encore mystérieux d'une jeune femme en banlieue parisienne. Heureusement qu’il avait, quand même, glissé l’adjectif fortuit. Les jours précédents, pourtant, avait été évoqué, par Messieurs Cazeneuve et Valls, un attentat, je cite encore, déjoué. La vérité révèle toutefois, donc, que l’arrestation a été faite dans des circonstances rocambolesques, et un peu beaucoup par hasard. Jeudi, le Premier Ministre s’est encore exprimé. Citons-le, lui aussi : jamais la menace n'a été aussi importante ; quatre autres attentats ont été mis en échec par les services de police et de renseignement ces derniers mois. Plus tard dans la journée, Matignon a précisé que c'étaient cinq tentatives, depuis l'été 2013. Heureusement qu’on n'a peur de rien, parce que sinon, on pourrait un peu trembloter. Ou alors, à moins qu’il ne s’agisse un peu de récupérations politiques. Non, non, non, c’est impossible, je m’égare. Lorsque les faits sont posés, il faut voir ce qu’on en fait, ce qu’on en dit, ce qu’on en comprend.
- que les faits sont aussi ceux-là. Selon le rapport 2014 de l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, 7,2 millions d'atteintes aux biens ont été déclarées par les ménages ou les personnes de 14 ans et plus en 2013 (logement, véhicule, biens personnels) ; le nombre de vols avec violence est passé de 270 000 en 2012 à 360 000 en 2013. On peut énumérer, beaucoup, ainsi. Une victime de viols toutes les 8 minutes en France. En 2013, 665 meurtres, 730 enfants morts battus sous les coups de leurs parents, 121 femmes décédées sous les coups de leur conjoint, 25 hommes sous les coups de leur conjointe, 20 000 morts dans le cadre d’accidents domestiques, 495 par noyade, 3268 dans les accidents de la route, 21 au cours d'avalanches. Et, aucune victime n’étant plus victime qu’une autre, moins morte, ou plus décédée, entre 1972 et 2015, 174 attentats ont tué en France 241 personnes. Aucun de ces chiffres ne doit être caché, aucun de ces centaines de décès ne devrait être mis de côté, mais aucun ne devrait être mis plus en avant qu’un autre, aucun ne devrait être négligé, aucun ne devrait bénéficier d'une plus grande implication des ressources policières ou judiciaires, aucun ne devrait plus attirer qu'un autre les intentions et communications gouvernementales. Et ce n'est, certainement, pas le cas, sinon, on le saurait. Lorsque les faits sont posés, il faut voir ce qu’on en fait, ce qu’on en dit, ce qu’on en comprend.
vendredi 24 avril 2015